Le Sevabe

Le Sevabe

Solanacées :

Borraginacées – Convolvulacées

Apocynacées – Asclépiadacées

10ème TYPE

Le SEVABE ou MORELLE AURICULÉE

Le Sevabe ou morelle auriculée, Solanum auriculatum = Solanum mauritianum (Solanaceae), est une espèce américaine qui fut introduite involontairement et assez récemment, sans doute vers la fin au XIX° Siècle :
– Elle se développe surtout dans les terres riches en humus, autour des villages du Centre, sur les tas de détritus où il n’est pas rare de l’y rencontrer.
– Mais c’est surtout après la destruction de la forêt primaire qu’elle s’installe sur les sols encore riches.
– Ses graines sont disséminées par les oiseaux et il est impossible aujourd’hui de traverser une clairière de la forêt de l’Est, aussi isolée soit-elle, sans rencontrer cette grande plante qui étouffe rapidement toutes les espèces indigènes.

Le sevabe doit son nom malgache à ce qu’il ressemble au seva (Buddleia de Madagascar) et fournit comme lui, des cendres riches en potasse, qu’on utilise comme succédané du savon. On le nomme encore parfois, angivy ou voangivy qui signifie (tabac mâle) et qui est à rapprocher de son nom réunionnais, bois de tabac marron :
– C’est un arbuste atteignant 3 à 4 mètres de haut, à bois mou, sans consistance.
– Il est couvert, sur les jeunes rameaux et les feuilles, d’une pubescence fine et blanche.
– Les feuilles ovales, aiguës, atteignent 20 centimètres de long. Elles sont pourvues à la base de leur pétiole, de deux stipules arrondies en forme d’oreille, d’où le nom de « morelle auriculée ».
– Ses fleurs comportent : un calice à 5 dents, couvert d’un duvet blanc très abondant. Une corolle bleue à pétales soudés, comportant 5 dents, avec une macule blanche, au centre de chaque dent. Les 5 étamines sont insérées à la gorge du tube de la corolle. Les anthères jaunes, nettement saillantes, sont dressées et entourent le style d’une sorte de manchon.
– L’ovaire est supère, formé de 2 loges renfermant des ovules nombreux. Il est pubescent, ainsi que le style. Le stigmate est petit, jaunâtre.
– Il n’est pas rare de trouver sur la même plante, à côté de ces fleurs normales, des fleurs construites sur le type 6.
– Le fruit est une baie de la grosseur d’une cerise, jaune à maturité et restant parsemé de poils glanduleux. La plante fleurit à peu près toute l’année et fournit des fruits extrêmement nombreux.
– Ses feuilles broyées peuvent remplacer les cristaux de carbonate de soude, pour laver les plancher et les instruments de cuisine. Elles dégagent toutefois une odeur forte.
– Les cendres de la plante peuvent constituer une excellente lessive, pour le blanchissage du linge.

Sebave

Les Plantes voisines

La morelle noire, Solanum nigrum (Solanaceae), généralement appelée anamafaitra ou anamamy (herbe douce) est encore connue sous le nom créole de brède morelle ou brède martin, en raison de l’usage qu’on en en fait, comme légume pour assaisonner le riz. La même plante passe en France pour avoir des propriétés toxiques et narcotiques, surtout par ses fruits.

La morelle de l’Inde, Solanum indicum et la morelle à gros fruits, Solanum macrocarpum (Solanaceae) ou grosse anguive, connues sous les noms malgaches d’angivy et angivibe, ont des baies amères qui servent cependant dans l’alimentation. Elles ont paraît-il des vertus stomachiques, sialagogues et apéritives. Leurs racines grillées sont appliquées sur les gencives, pour calmer les maux de dents.

L’aubergine, Solanum melongena = S. heteracanthum (Solanaceae), est aussi une morelle. Le nom créole, bringelle, que les Malgaches ont transposé en barangely, vient lui-même du portugais « belingela », dérivé de l’espagnol « alberenjena », de l’arabe « albudinjan » et du sanscrit « vatingana ». C’est là, un bel exemple des déformations successives, que l’euphonie de chaque langue impose à un même nom. Cette plante originaire de l’Inde est souvent cultivée pour son fruit violacé, comestible. Elle peut se ressemer d’elle-même aux environs des villages, dans les régions chaudes.

Enfin la pomme de terre ou morelle tubéreuse, Solanum tuberosum (Solanaceae), est fréquemment cultivée sous le nom de ovimbazaha qui indique une introduction assez récente par les Européens. Cette introduction est cependant antérieure à la conquête française. La variété à tubercules violacés et à yeux profondément enfoncés, était déjà cultivée abondamment dans l’Ankaratra, au moment de la création du Service de l’Agriculture. Cette culture s’est largement développée depuis, dans toute la région centrale. Elle est en outre intéressante dans l’alimentation de l’homme et des animaux et permet même une petite exportation. La pomme de terre pousse maintenant à l’état sauvage dans les montagnes de l’Ankaratra. Mais elle n’est pas à proprement parler, naturalisée, car elle ne se reproduit que par ses tubercules et non par ses graines.

La tomate, Lycopersicon esculentum = Solanum lycopersicum (Solanaceae), est largement cultivée dans toute l’île et se multiplie souvent d’elle-même, autour des villages. Mais elle donne alors de petits fruits, de la taille d’une cerise et lisses. Elle a du être introduite au début du XIXème siècle, de la Réunion, où sa culture était déjà ancienne. Les Malgaches lui donnent d’ailleurs souvent le curieux nom de voandamora qui est une déformation du nom créole, pomme d’amour, dans lequel ils ont remplacé le mot pomme, par le vocable malgache « voa » qui signifie fruit. Les Sakalaves la nomment plus couramment babonga ou voabongo, en particulier quand elle présente des côtes. Dans le Centre, c’est le nom de voababiha, à l’origine obscure qui a prévalu. Il veut peut-être dire « fruit honorifique » en raison de sa couleur rouge qui est l’emblème royal. angilo, angilobe (mern.)

Tomates

Les piments, Capsicum (Solanaceae), sont très en honneur dans les régions tropicales, en raison de leurs propriétés apéritives et sialagogues :
a) Le piment arborescent, appelé aussi piment enragé, Capsicum annuum, var. glabriusculum (Solanaceae), fut introduit très anciennement à Madagascar, probablement de Malaisie. Son nom malgache, sakay, est d’ailleurs resté très proche du nom malais « chabaï ». Flacourt signale qu’il était fort répandu, dès 1650. Aujourd’hui, il constitue des peuplements immenses sur les alluvions des grands fleuves de l’Ouest, (Betsiboka, Tsiribihina, Onilahy et leurs affluents). Il est toujours très commun aussi, autour des villages :
– Sa fleur à pétales blancs est organisée, comme celle des morelles.
Mais son fruit est une baie allongée, très peu charnue.
En dehors de la consommation locale, le piment fait aussi l’objet d’exportations assez considérables.
Il est aussi très utilisé en thérapeutique empirique :
– Ses fruits broyés constituent un vésicatoire énergique.
– La poudre des fruits secs est aussi fréquemment utilisée, pour combattre les effets de l’alcoolisme et même le delirium-tremens, « parce qu’un feu chasse l’autre » prétendent les empiriques.
– Il jouit de propriétés effectives pour protéger des insectes parasites, les denrées alimentaires telles que le riz, les haricots, etc., au cours d’une longue conservation.
b) Le piment annuel ou piment doux ou poivron, Capsicum annuum, (Solanaceae), est aussi cultivé dans le Centre de l’île. Son introduction est assez ancienne. Il était déjà répandu en Imerina, en 1777.

Ces deux espèces, bien qu’introduites des régions situées à l’Orient de Madagascar, sont d’origine américaine.

Le coqueret du Pérou, Physalis peruviana ou Physalis alkekengi (Solanaceae), appelé en créole, poc-poc, alkékenge, amour en cage, lanterne japonaise et en malgache voanatsindra, est originaire du Pérou :
– Il fournit un fruit à saveur acidulée et agréable, dont on fait d’excellentes compotes.
– Son introduction, en provenance de la Réunion, est récente et volontaire.
– La baie comestible est enfermée
à maturité à l’intérieur du calice soudé qui se développe beaucoup après la fécondation. On dit que ce calice est accrescent.
– Le calice verdâtre enferme la baie orangée qui peut-être consommée :
– crue et a une haute teneur en vitamine C,
– ou en confiture et est surtout utilisée en confiserie.
Il existe des variétés ornementales, Physalis franchetii, au calice d’un rouge identique à celui de la coccinelle.

Le tabac, Nicotiana tabacum (Solanaceae), est très anciennement connu à Madagascar. Il était déjà cultivé dans le Sud-est au XVIIème siècle. On le connaît généralement sous le nom de tambaky ou de paraky qui sont des déformations du nom français :
– Les Malgaches utilisent le tabac haché mélangé avec diverses cendres, comme masticatoire.
– On en fabrique aussi des cigares et des cigarettes.
– La culture du tabac a beaucoup augmenté depuis quelques années et donne lieu à des exportations assez importantes.
– La fleur du tabac est construite sur le type 5, comme celle des morelles.
– Le fruit est une capsule s’ouvrant en deux valves.
– Les graines très fines sont très nombreuses.

Le datura ou stramoine, Datura stramonium (Solanaceae), (Fig. 32), est une mauvaise herbe, très commune dans les terrains cultivés et sur les décombres de la Région centrale. Les Malgaches les nomment, maimbobe, en raison de l’odeur désagréable de leurs feuilles froissées ou encore ramiary :
– Ce sont de grandes herbes à fleurs blanches, plus ou moins lavées de violacé. Les étamines sont insérées sur le tube de la corolle et leurs anthères ne font pas saillie à l’extérieur.
– Le fruit, souvent appelé « pomme épineuse », est une capsule grosse comme une noix, ornée de piquants. Elle s’ouvre à maturité par quatre fentes.
– Les graines noires, assez grosses, sont nombreuses.
– Ces plantes et en particulier leurs graines ont des propriétés, toxiques et stupéfiantes, bien connues qui leur ont valu le nom créole de « feuilles du Diable » :
– Elles étaient autrefois très utilisées, mais à faible dose dans le traitement de l’asthme et les rhumatismes chroniques.
– Le début de l’intoxication se manifeste par une dilatation marquée de la pupille de l’œil.

Le datura_suave, Datura metel et le datura fastueux, Datura fastuosa (Solanaceae), sont des arbustes à grandes fleurs blanches, pendantes très décoratives et parfumées. Leur nom créole est trompette du jugement dernier. Elles fructifient rarement à Madagascar. Les formes cultivées sont d’ailleurs souvent à fleurs doubles, leurs étamines sont transformées en pièces pétaloïdes et elles sont stériles.

Toutes ces plantes entrent dans l’important famille des Solanacées.

Datura

FAMILLES VOISINES

Les Borraginacées :

a) Les Cynoglosses, Trichodesma zeylanicum (Borraginaceae), (nom formé de trichos = cheveu ou poil et desma = derme), (Fig. 33), ressemblent beaucoup aux myosotis de France. Les créoles les nomment, bourrache sauvage, herbe cypaye ou gingeli bâtard. Les Malgaches suivant les régions les appellent, lelanaomby en sakalava, lelosy, mandraitsirena, sarinatsipenala :
– Ce sont des herbes annuelles, communes dans toute l’île, poussant dans les terrains cultivés, sur les vieux murs et le bord des chemins.
– Leurs petites fleurs bleues, comportent : un calice à 5 sépales et une corolle à 5 pétales soudés, ainsi que 5 étamines insérées sur le tube de la corolle. Le périanthe et l’androcée sont donc presque analogues, à ceux des Solanacées.
– Mais l’ovaire est constitué de 4 carpelles, renfermant chacun, un seul ovule.
– Le fruit est caractéristique, il est constitué de 4 akènes soudés : c’est un tétra-akène. Il est pourvu de crochets adhésifs qui en facilitent la dissémination.

b) L’héliotrope des Indes, Heliotropium indicum, dont les noms vernaculaires sont : herbe papillon, en créole et adabondolo, anamboay, lelomboro, samake, en malgache :
– C’est lui aussi une mauvaise herbe commune dans les jardins, les champs et les rizières, des parties chaudes de l’île, surtout pendant la saison sèche.
– C’est une petite plante annuelle, à fleurs blanches, ayant une organisation voisine de celle des Cynoglosses et groupées en inflorescences caractéristiques : cymes scorpioïdes, dans lesquels toutes les fleurs sont disposées d’un côté de l’inflorescence, celle-ci étant enroulée sur elle-même, en forme de queue de scorpion.

Le Cynoglosse, en malgache lelosy

C’est une petit herbe commune, à fleurs bleues, dont le nom scientifique veut dire « langue de chien », tandis que le nom malgache signifie « langue de chèvre », curieuse coïncidence.

Noter l’ovaire formé de 4 carpelles.

Les Convolvulacées sont des lianes caractérisées par leurs fleurs dont la corolle est généralement en entonnoir, et à pétales si étroitement soudés qu’il est difficile d’en distinguer le nombre :

a) De nombreuses espèces d’ipomées, Ipomea et de volubilis ou liserons Convolvus (Convolvulaceae), sont utilisées pour la décoration des clôtures, des façades et des pergolas. (Volubilis signifie en latin : qui tourne aisément).

b) Mais cette famille renferme aussi une plante importante, au point de vue alimentaire : la patate ou patate douce, Ipomea batatas (Convolvulaceae). Cette plante semble avoir été introduite, vers le XVIIIème siècle à Madagascar et y donne lieu aujourd’hui, à une importante culture. Elle vient bien sous tous les climats, jusqu’à une altitude de 1.800 mètres environ, car elle est très sensible aux gelées :
– C’est une plante herbacée, lianoïde, produisant des tubercules de taille et de coloration très variable, suivant les variétés.
– Ses feuilles sont généralement en forme de cœur, glabres.
– Ses fleurs comportent : un calice à 5 sépales libres, une corolle en entonnoir, composée de 5 pétales soudés, 5 étamines soudées à la corolle et à anthères incluses.
– L’ovaire à deux loges ne comporte que des ovules mal constitués, aussi la patate ne donne-t-elle jamais de fruits. On la multiplie en bouturant des fragments de tige.
– Les tubercules ont une saveur sucrée agréable. On peut les utiliser comme légumes ou pour la préparation d’entremets. On peut en faire des confitures, dont le goût rappelle celui de la purée de châtaignes.
– Les Malgaches consomment aussi les feuilles de patate comme brèdes avec le riz.

Patate douce

Les Apocynacées comprennent des herbes, des arbustes, des lianes et même de grands arbres caractéristiques, par leurs fleurs régulières et construites sur le type 5, à pétales soudés :

a) Ces plantes sécrètent en général un latex blanc et visqueux, qui fut récolté jadis pour la préparation du caoutchouc, Landolphia. Ce grand genre pan-tropical comporte une centaine d’espèces, dont le Landolphia myrtifolia (Apocynaceae) ; 13 de ces espèces sont endémiques à Madagascar et les Malgaches les nomment voakina.

b) La plante, la plus connue de cette famille, dont la réputation redoutable était parvenue en Europe, dès le XVIIIème siècle est le tangena ou tanghin, Cerbera venenifera = Cerbera manghas, dont les graines appelées kebona étaient administrées, comme poison d’épreuve :
Les hovas lui attribuaient un pouvoir divin, lui permettant de discerner l’innocent du coupable : Lorsque deux personnes étaient accusées d’un crime et que ni l’une, ni l’autre, ne pouvait apporter de preuve convaincante de son innocence, on leur administrait le tanghin. La dose légale était de 2 graines râpées dans l’eau, soit environ 4 g. Celui qui survivait à cette épreuve, était considéré comme innocent, mais la plupart du temps les deux parties mouraient.
Pour pratiquer certaines professions et notamment, pour être admis à vendre des médicaments sur le marché, il fallait, d’après une ordonnance d’Andrianampoinimerina, avoir subi l’épreuve du tanghin.
De très nombreuses morts étaient ainsi à déplorer chaque année et cette pratique, jointe à celle d’exposer les enfants nés un jour fady, amenait une dépopulation très rapide. Radama 1er, vers 1820 et à la suite des remontrances que lui fit à ce sujet son ami Hastie, décida que l’épreuve du tanghin ne pourrait plus se faire sur les hommes, mais sur des chiens que chacun d’eux choisirait. Cette prescription ne fut jamais suivie à la lettre, même à Tananarive, et des morts par le tanghin étaient encore à déplorer assez fréquemment jusqu’à la fin du XIXème siècle.
– Le tanghin est un arbuste à rameaux, gros et un peu charnus, à feuilles alternes, groupées au sommet des rameaux, si bien qu’elles y semblent parfois plus ou moins verticillées.
– Dans la forêt de l’Analamazaotra où il est assez commun, il fleurit à la fin de la saison des pluies.
– Ses fleurs sont groupées en cymes au sommet des rameaux. Elles sont d’un blanc rosé et atteignent 2 à 3 centimètres. Elles comprennent : un calice en forme de tube étroit, surmonté de 5 dents étalées ou légèrement réfléchies. La corolle est constituée, elle aussi par un tube plus long que celui du calice, dilaté au sommet et poilu à l’intérieur, elle porte à sa gorge des appendices ovales qui l’obturent presque entièrement et se termine par 5 lobes ovales, aigus, étalés, légèrement tordus à droite. 5 étamines, alternant avec les pétales, sont fixées vers le sommet du tube. Elles sont entièrement dissimulées par les appendices de la gorge. Le pistil comprend 2 ovaires jumeaux, surmontés d’un style glabre qui s’épanouit au niveau de la gorge du tube, en un stigmate orné d’une couronne de poils.
– Des deux ovaires, un seul se développe généralement et donne naissance à une drupe peu charnue, à mésocarpe fibreux, renfermant de 2 à 4 graines.

c) Les Pachypodes, Pachypodium (Apocynaceae), (Fig. 34),
dont Pachypodium densiflorum (Apocynaceae), appelé en malgache songo-songo, comptent parmi les plantes les plus curieuses de cette famille :
– Ce sont des plantes vivaces, des arbustes ou des arbres. Mais ils comportent toujours une souche épaisse, parfois curieusement déformée pour embrasser la forme d’une crevasse de rocher.
– Sur cette grosse souche se dressent des rameaux peu nombreux, charnus, armés de nombreuses épines et sur lesquels se développent, pendant les mois pluvieux de l’année, des feuilles allongées, coriaces et vertes-foncées.
– Les fleurs apparaissent avant ou après les feuilles. Elles peuvent être suivant les espèces :
– jaunes, pour les espèces du centre,
– blanches, pour le Pachypode de Geay, Pachypodium geayi, en malgache, Voantaka (Sak.), (Fig. 35), commun dans le Sud-ouest
– ou d’un rouge très brillant, chez le superbe Pachypode de Windsor, Pachypodium baronii var. windsorii qui tire son nom de « Windsor-Castle » situé près de Diégo-Suarez.
– La forme, du calice et de la corolle, varie selon les espèces, mais l’androcée est toujours formée de 5 étamines, assemblées par leur sommet en un cône très net.
– L’ovaire comprend toujours deux carpelles jumeaux libres. Ici, les deux carpelles se développent en donnant naissance à un double follicule, dont l’ensemble rappelle un peu les cornes d’un bucrane.
Ce fruit double est caractéristique de la famille des Apocynacées et de celle des Asclépiadacées, d’où le nom malgache de tandrokosy :
1°) donné à plusieurs Cabucala, Cabucala ou Petchia (Apocynaceae) qui font partie des Apocynacées.
2°) ainsi qu’aux Pentopetia, Pentopetia (Asclepiadaceae) qui sont des Asclépiadacées.
-Les Pachypodes, en raison de leurs souches renflées, de leurs feuilles rares et éphémères et surtout de leurs racines extrêmement développées qui leur permet d’explorer les couches profondes du sol, résistent admirablement à la sécheresse. Aussi les trouvent-on généralement sur les rochers des hauts sommets du Centre ou dans la région très sèche du Sud-ouest.
-Les Mahafaly déposent souvent des Pachypodes au sommet de leurs tombeaux, constitués par des constructions de pierres sèches et il n’est pas rare de voir ces curieux végétaux, vivre et fleurir des années durant, grâce aux réserves importantes d’eau et de matières nutritives accumulées dans leur énorme souche renflée.

Pachypode densiflore appelé en malgache songo-songo

Il pousse sur les roches du Centre.
Ses fleurs sont jaunes. Il ne dépasse pas 30 à 40 centimètres de haut.
Noter les étamines qui dépassent nettement de la gorge de la fleur.

Le Pachypode de Geay

est spécial au pays des Antandroy. C’est une des plus curieuses espèces de Madagascar.

Ses fleurs blanches, magnifiques, donnent des fruits formés de deux méricarpes, dont chacun s’ouvre en deux valves, laissant échapper les graines pourvues d’une aigrette de longues soies blanches.

d) C’est encore à cette famille qu’appartient la pervenche de Madagascar, Catharanthus roseus (Apocynaceae) : Elle porte en créole les noms de « guillemette » ou « rose amère » et en malgache ceux de vonenina, salotsa, felambaratra, felanandrona :
C’est une plante suffrutescente, à fleurs roses ou parfois blanches, très commune dans les régions chaudes, sur les terrains sablonneux et les alluvions des fleuves.
Ses racines très amères sont réputées pour leurs propriétés toniques et stomatiques.
On tire de ses feuilles la « vincaleucoblastine » utilisée dans le traitement de la leucémie et de certains cancers.

Les Asclépiadacées ne diffèrent guère des Apocynacées, que par leur pollen qui est aggloméré en « pollinies », alors qu’il était pulvérulent chez les plantes précédentes :
– Elles contiennent, comme elles, un latex blanchâtre qui peut produire chez certaines espèces du caoutchouc.
– Mais alors que les Apocynacées (Pachypodes mis à part) habitaient souvent la forêt de l’Est, les Asclépiadacées sont plus souvent les hôtes du bush ou de la savane de l’Ouest et des rocailles du Centre.
– Ce sont généralement des lianes feuillées ou aphylles, quelquefois pourvues d’un tubercule.

a) L’une des plus connues est le lombiro ou Cryptostégie, Cryptostegia madagascariensis (Asclepiadaceae) qui fit l’objet d’une recherche intense, pour la récolte du caoutchouc que produit son latex :
– C’est une liane ou un arbuste à rameaux flexueux, portant des feuilles ovales, plus ou moins acuminées au sommet, d’un vert foncé.
– Ses fleurs roses sont très décoratives. Elles comportent : un calice court à 5 dents, une corolle à tube court évasé en entonnoir et terminé par 5 lobes ovales imbriqués, se recouvrant à droite. Une couronne d’appendices, plus petits que les pétales, insérés sur la gorge de la corolle. Les 5 étamines sont terminées par un organe pointu, soudé au style. Chaque loge d’anthère comporte deux pollinies qui sont des masses de grains de pollen soudés entre eux.
– Le fruit est un double follicule, court et épais, parcouru longitudinalement par 3 côtes saillantes.
– Il contient de nombreuses graines pourvues d’une aigrette de fine soie.

– Le latex du Lombiro, riche en caoutchouc, a d’autre part des propriétés toxiques qui le font utiliser par les Sakalaves, comme onguent contre la gale.
– Ses tiges renferment des fibres, fines et solides qui pourraient être utilisées pour le tissage.
– Enfin, les aigrettes de ses graines servent aux-mêmes usages que l’amadou, pour les populations de l’Ouest.
– Cette liane a été introduite, tant pour la beauté de ses fleurs, que pour ses usages industriels dans de nombreux pays (Maurice, Inde, Floride, Californie et Mexique)
– Une sélection des plantes, en vue de l’augmentation de leur teneur en caoutchouc, fut pratiquée aux Etats-Unis et permet de porter cette teneur de 2,5 à 6%.
– On a isolé le principe toxique : c’est un glucoside cardioactif, proche de la digitaline.

b) Parmi les lianes aphylles, les Cynanches, Cynanchum, sont les plus curieuses :
– Le Cynanche de Perrier, Cynanchum ampanthense = Cynanchum humbertii (Asclepiadaceae), est assez abondant sur les rocailles du Tampoketsa d’Ankazobe. C’est une liane sans feuille, à rameaux charnus, un peu verruqueux et couvert d’un épais enduit cireux.
– Ses fleurs sont extrêmement curieuses dans leur détail, mais elles ne mesurent pas plus d’un ½ centimètre et sont assez difficiles à observer. Elles comportent : un calice à 5 sépales verts, charnus, faiblement soudés à leur base ; à l’aisselle de chaque sépale se trouve une glande volumineuse. La corolle est blanche, repliée sur elle-même de façon compliquée. Vu d’en haut, elle forme un pentagone assez régulier, dont le centre est occupé par le sommet des 5 lobes repliés sur eux-mêmes, vers l’intérieur. L’échancrure entre les lobes est située juste en face de la nervure médiane du sépale. À l’intérieur de cette corolle presque complètement fermée, on distingue 5 lames blanchâtres, alternant avec les pétales et qui constituent la couronne. Elle s’applique sur une pièce centrale volumineuse, résultant de la soudure du stigmate et des pollinies, nommée gynostème.
– Le fruit est encore un double follicule assez épais, à surface irrégulière.
– Il laisse échapper à maturité de nombreuses graines pourvues chacune d’une aigrette de poils soyeux.