La ronce à feuilles de rose

La ronce à feuilles de rose

Rosacées

5ème TYPE

LA RONCE À FEUILLES DE ROSE

La ronce à feuilles de rose, Rubus rosaefolius (Rosaceae) nommée voaroimena, en malgache (Fig. I5) :
– C’est un sous arbrisseau, à rameaux flexueux. Ses feuilles, composées et pennées, portent de 3 à 7 folioles, couvertes d’un duvet plus ou moins abondant.
– Toute la plante, y compris le rachis des feuilles, porte de nombreux aiguillons recourbés comme la ronce des haies, Rubus fruticosus, si commune en France.
– La fleur comporte : un calice composé de 5 sépales libres, une corolle blanche à 5 pétales également libres, puis de très nombreuses étamines.
– Tout au centre enfin, on voit une masse renflée qui est un gros réceptacle, entièrement couvert de petits carpelles très nombreux.
– Après la fécondation, chaque petit carpelle se transforme en un akène. Pendant que le réceptacle se gorge de sucre et devient très volumineux, le calice persiste à la base du réceptacle.
– La partie que l’on consomme dans la ronce à feuilles de rose, n’est donc pas le fruit, mais un faux fruit ou réceptacle.
– Les véritables fruits sont les petits akènes qui croquent sous la dent et sont d’ailleurs bien visibles à la surface du fruit.

La ronce à feuilles de rose ou voaroimena.

En bas à gauche : coupe de la fleur.

Noter au centre, le gros renflement en forme de massue du réceptacle, sur lequel sont insérés les très nombreux carpelles.

Le fraisier, Fragaria (Rosaceae), que l’on cultive en grand autour de Tananarive, produit lui aussi, non pas un fruit, mais un faux fruit. Cette plante d’origine européenne se développe très bien sur les Hauts-Plateaux. Elle a été introduite tout récemment (vers le début du siècle), mais les variétés à petits fruits, fraisiers des quatre saisons, Fragaria ananassa (Rosaceae) passent déjà à l’état sub-spontané dans l’Ankaratra, à Antsirabe et dans la Mandraka.

Le framboisier, Rubus rosifolius (Rosaceae), en malgache, voaroimena, voaroimhyaha, est lui aussi une ronce. Il est cultivé ça et là dans la région centrale. Il fut introduit en 1898 par la Station d’Essai de Nanisana (semis de graines provenant du Jardin des Plantes de Paris). La framboise est très parfumée. On multiplie facilement le framboisier en divisant les souches. Sa culture devrait être développée, car c’est un des fruits les plus intéressants au point de vue de la teneur en sels minéraux et en vitamine.

PLANTES VOISINES

Le rosier, Rosa sp. (Rosaceae), tout le monde connaît ce magnifique arbuste, cultivé pour la beauté de ses fleurs dans le monde entier. Il se développe particulièrement bien sur les Hauts-Plateaux de Madagascar et y fleurit presque sans interruption. Ces fleurs splendides résultent le plus souvent d’hybridations répétées ou de variations obtenues dans les cultures.

La plante sauvage : l’églantier, Rosa canina (Rosaceae) a des fleurs beaucoup plus humbles. Il n’existe pas à Madagascar où il se comporte mal.

Mais, nous avons ici dans les jardins, le rosier de Wichura, Rosa wichuraian (Rosaceae), dont les fleurs blanches, simples, rappellent beaucoup celles de l’églantier. Cette fleur peut servir de type :
Elle comporte : un calice, une corolle à 5 pièces libres, un androcée à nombreuses étamines insérées sur le bord d’une coupe profonde, le réceptacle creux.
Au fond de ce réceptacle, se trouvent de nombreux carpelles libres, dont les styles viennent s’épanouir à l’extérieur, au centre de la fleur.
Le réceptacle est accrescent, il grossit après la fécondation et on trouve à l’intérieur les carpelles isolés qui ont donné naissance, à des akènes. On confond souvent ce réceptacle en coupe, avec un ovaire infère. En réalité, il n’en est rien, chaque carpelle étant libre au-dessus du réceptacle, la fleur est au contraire nettement superovariée.

a) Le pêcher, Prunus persica (Rosaceae), (Fig. 16), originaire d’Asie, fut introduit au XIXe siècle, probablement par Jean LABORDE. Il a été abondamment répandu depuis dans le Centre et dans l’Est, au-dessus de 700 mètres d’altitude :
– L’arrêt de la végétation bien marqué sur les Hauts-Plateaux pendant la saison sèche, de mai jusqu’en septembre, diminue quand on descend dans les régions humides de l’Est. Il est nul à la Réunion où l’humidité constante de l’atmosphère permet une végétation continue.
– La floraison se produit en août et septembre à Tananarive. Les fleurs roses, bien connues, sont constituées par un périanthe analogue à celui, que nous avons décrit chez les plantes précédentes. Mais, le réceptacle en coupe peu profonde ne comporte au centre, qu’un seul carpelle, mono-ovulé.
– C’est le développement de ce carpelle qui donne naissance à la pêche.

Le prunier, l’abricotier et le cerisier ont la même organisation florale, que le pêcher.

b) Le prunier, Prunus domestica (Rosaceae) avait été introduit à Madagascar antérieurement à la conquête. Mais il n’était représenté que par une variété dont les fruits acides n’étaient guère consommables qu’après cuisson. Aujourd’hui, l’introduction des variétés japonaises et américaines, ainsi que celle de quelques variétés européennes robustes, nous permet la production de fruits très intéressants.

c) L’abricotier, Prunus armeniaca (Rosaceae) et le cerisier, Prunus autum (Rosaceae), sont moins répandus. Ce dernier a même été considéré longtemps comme stérile sous le climat malgache, bien qu’il végète parfaitement. En réalité, le cerisier est auto-stérile sous toutes les latitudes, le pollen d’une variété donnée, étant incompatible avec les ovules de cette variété. L’extension des plantations et le choix judicieux de variétés inter-fertiles pourraient permettre une production de cerises régulière, dans la région d’Antsirabe.

Nous prendrons pour dernier exemple, le bibacier ou néflier du Japon, Eriobotrya japonica (Rosaceae), nommé en malgache, bibasy (mer.), (Fig. 17) :
– Ce bel arbre, dont le fruit a une saveur acidulée agréable, originaire de Chine centrale, fut introduit en 1802 par MICHAUX.
– On le reconnaît de loin, à son port en boule et à son feuillage d’un vert intense.
– Sa fleur présente les caractères typiques de la famille : calice à 5 sépales, corolle à 5 pétales, ici de couleur blanche, étamines nombreuses, insérées sur les bords du réceptacle.
– Mais l’ovaire est ici à 5 carpelles, soudés aux parois creuses du réceptacle. C’est un ovaire infère.
– Le fruit ou bibace reste couronné à maturité par les restes des sépales. Quand on le coupe en long, on voit qu’il comporte au centre une sorte de noyau parcheminé, partagé en 5 loges, contenant chacune une graine assez grasse de couleur brune.

Une structure analogue se rencontre chez :
– le pommier, Malus communis (Rosaceae),
– le poirier, Pyrus communis (Rosaceae)
– et le cognassier, Cydonia vulgaris (Rosaceae).

Ces arbres fruitiers avaient été introduits vers 1860, par les Missions, catholique et anglicane et par Jean LABORDE. Ils avaient été obtenus en général par semis et étaient de valeur médiocre. Dès la création du Service de l’Agriculture, la Station d’Essai de Nanisana introduisit, en 1898, de bonnes variétés qui, multipliées par greffage, ont été aujourd’hui largement distribuées. Le pommier surtout, fait aujourd’hui l’objet de cultures importantes dans la région d’Antsirabe.

L’extension de la culture de ces arbres fruitiers est du plus haut intérêt, car elle met à la disposition de la population un aliment sain, riche et d’un prix abordable. Malheureusement, elle se heurte à de grandes difficultés dont les principales sont :
– l’incompréhension du cultivateur malgache pour le greffage,
– le vol difficile à enrayer, si bien que les propriétaires se désintéressent de leurs plantations,
– et enfin, les maladies et les insectes parasites.

Il faudrait donc :
– apprendre aux petits malgaches, dès leur plus jeune âge, à pratiquer le greffage et le marcottage, sur le terrain,
– réprimer le vol des produits agricoles,
– et organiser, sous la forme coopérative, la lutte contre les ennemis des cultures.

Toutes les plantes que nous venons d’étudier ont en commun les caractères suivants :
– fleur construite sur le type 5,
– Étamines nombreuses, insérées sur le bord d’un réceptacle.

Elles appartiennent à la famille des Rosacées :
Qui est très importante dans les régions tempérées, mais qui n’est guère représentée à Madagascar, que par des plantes introduites.

Les plantes de cette famille peuvent être groupées en quatre séries qui se distinguent par les caractères suivants :

– 1°) Carpelles libres – Ovaire supère

– a°) Carpelle nombreux
– Réceptacle convexe : Ronce
– Réceptacle concave : Rosier

– b°) Un seul carpelle : Pêcher

– 2°) Carpelles soudés aux parois du réceptacle, ovaire infère : Bibacier

LES ARBRES FRUITIERS DES HAUTS-PLATEAUX

Les Hauts-Plateaux malgaches sont privilégiés sous le rapport du nombre des espèces fruitières qui y prospèrent. Outre les agrumes, dont nous avons déjà parlé, arbres fruitiers des régions tempérées ou tropicales, y voisinent : le manguier, l’avocatier, le litchi, les Myrtacées fruitières : jambolan, goyavier, jambose et les kakis qui rivalisent sur nos marchés. Mais ce sont incontestablement les espèces fruitières de la famille des Rosacées avec : le pêcher, l’abricotier, l’amandier, Prunus amygdalus (Rosaceae), le prunier, le pommier, le poirier, le bibacier qui fournissent aux connaisseurs les produits les plus estimés.

Encore, ces arbres sont-ils le plus souvent laissés à la nature et l’on se rend aisément compte des produits remarquables qui seraient obtenus si l’on se préoccupait de leur donner quelques soins.

Tout d’abord, il faut rappeler que nos bonnes variétés fruitières sont les résultats d’hybridations très complexes. Si l’on sème leurs noyaux ou leurs pépins et surtout, si on laisse pousser ceux qui veulent bien le faire d’eux-mêmes, on obtient tout un mélange de formes. La plupart d’entre eux font alors retour à des types ancestraux et sont complètement dépourvus des qualités de la plante qui leur a donné naissance. Les lois de la science de 1’hérédité montrent qu’on n’a pas plus d’une chance sur 20 millions d’obtenir pour un semis, des qualités comparables à celles de la plante mère hybride qui a fourni la graine. Autant espérer gagner le gros lot à chaque tranche de la Loterie Nationale, avec un seul billet !

II faut donc fixer ces bonnes qualités de la plante mère. Pour cela, un seul moyen existe : la greffe. Aussi chaque cultivateur intelligent doit-il savoir manier le greffoir, aussi bien que l’angady. Les plants livrés par les Stations du Service de l’Agriculture sont toujours greffés : ils se composent en réalité de deux plantes : l’une qui comprend les racines et le collet et le porte-greffe, les branches qu’il peut développer ne donnent, que des fruits inférieurs. Il faut donc les supprimer dès leur apparition ; l’autre est le greffon qui doit être favorisé dans sa croissance par une taille raisonnée.

Enfin l’ensemble porte-greffe plus greffon, doit être placé dans des conditions favorables à sa croissance. Le sol doit être défoncé profondément avant la plantation. On l’enrichit de débris organiques en choisissant de préférence ceux qui se décomposent lentement : vieux os, débris de corne, de cuir, etc., de façon à ce que l’arbre soit alimenté par ces réserves pendant plusieurs années.
Il est indispensable de donner à l’arbre une forme bien aérée, de lutter contre les parasites de toutes sortes qui peuvent l’attaquer : surtout les champignons et les insectes.

Une autre précaution indispensable, pour qu’un fruit soit savoureux, c’est qu’il soit récolté à maturité. Un fruit récolté non mûr n’atteint jamais toute sa valeur, il est fortement déprécié. Très souvent il est vrai, le cultivateur est obligé de récolter les fruits verts, pour éviter les déprédations des voleurs. Il est donc indispensable qu’une sévérité particulière soit apportée à la répression de ces vols qui sont un des principaux facteurs abaissant la valeur de la production fruitière et entravant son perfectionnement.

La récolte doit
par ailleurs être effectuée avec le plus grand soin. Les conditions du climat étant particulièrement favorables au développement des pourritures, il importe surtout de ne pas mâcher les fruits à la récolte. Ils seront cueillis à la main et déposés avec soin sur des plateaux recouverts de filasse, de frisure ou de sciure de bois. On évitera toujours de les entasser les uns sur les autres.

Moyennant ces quelques précautions élémentaires, la production fruitière pourrait devenir, pour les cultivateurs du Centre, une véritable rente viagère. Les fruits constituent un aliment des plus sains. Ils fournissant les vitamines indispensables au maintien d’une bonne santé. Ces vitamines qui font si souvent défaut dans l’alimentation malgache, toujours constituée de mets bouillis et ainsi complètement stérilisés.

Les nombreux cas de maladies dues à des carences alimentaires, signalés ces derniers temps chez les enfants malgaches, en particulier par le Docteur BOUILLAT, sont imputables au premier chef, à l’insuffisante consommation de fruits de bonne qualité.