L’Amiane

L’Amiane

Urticacées :

Cannabacées – Protéacées

Aristolochiacées – Lorantacées

16ème TYPE

Les AMIANES

Les Malgaches désignent sous le nom d’amiana des arbres et des arbustes à feuilles pourvues de nombreux poils urticants. Ce sont de véritables orties en arbre, qui rendent dans certaines forêts la circulation fort difficile. On les classe en deux genres :

1°) Les Obetia, Obetia (Urticaceae), sont de véritables arbres à bois mou, à rameaux dénudés, portant des feuilles à leur sommet seulement. Ils sont très abondants à Ambohimanga, autour du Rova.

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2°) Les Urera, Urera (Urticaceae), sont des arbustes à grandes feuilles, de forme variable. On les rencontre souvent dans la Mandraka et la forêt de 1’Analamazaotra.

L’urère oligolobe, Urera oligoloba (Urticaceae), par exemple a :
– Des feuilles à 5 lobes, dont les nervures saillantes sont colorées en rouge à la partie inférieure. Ces feuilles, ainsi que les jeunes rameaux, portent des poils glanduleux très abondants qui renferment un liquide très irritant.
– La plante est dioïque. Les pieds mâles portent des fleurs en grandes grappes terminales, constituées par un périanthe à 4 ou 5 lobes, 4 ou 5 étamines légèrement saillantes et un pistil rudimentaire. Les pieds femelles partent des grappes axillaires. Leurs fleurs comportent aussi un périanthe à 4 ou 5 lobes, à peu près égaux et un ovaire renfermant un seul ovule et couronné par un stigmate sessile, ramifié en forme de petit balai à nombreuses branches stigmatifères.
– Le fruit est un akène qui reste généralement coiffé par le stigmate persistant et enveloppé dans le périanthe qui s’accroît après la fécondation.

On attribue à ces plantes des propriétés vulnéraires. Les racines broyées sont appliquées en topiques sur les blessures et les cendres des tiges sont souvent utilisées sur les ulcères et les plaies persistantes.

Le chanvre, Cannabis sativa, Canabis indica (Cannabaceae), est très anciennement cultivé dans la Grande-Île. FLACOURT le citait déjà en 1650. Mais, ce n’est malheureusement pas pour ses fibres que les Malgaches le plantent. C’est surtout pour le fumer, comme stupéfiant. Ses propriétés sont encore plus dangereuses que celles de l’opium et les Malgaches ne l’ignorent pas, comme en témoigne son nom : makao = djamala qui rend fou. Mais, ils en usent largement néanmoins et cette plante cause dans certaines populations des ravages importants.

PLANTES VOISINES

La ramie, Bochmeria nivea (Urticaceae), est une sorte d’ortie, dont les feuilles sont pourvues surtout à leur partie inférieure d’un duvet blanc abondant, mais sans poils urticants. Ses tiges renferment des fibres très appréciées. Elle fait l’objet d’une petite culture à Madagascar. Mais c’est en Chine qu’on la cultive le plus.

Ces plantes forment la famille des Urticacées.

Enfin, les figuiers, Ficus (Moraceae), dont il existe près de 80 espèces malgaches. Ce sont de beaux arbres bien connus pour leurs fruits comestibles. Ils portent suivant les espèces et les régions les noms de : nonoka, amontana, kivozy, adabo, ampalibe, aviavy, amontambavy, nonosay, etc.

Le figuier de Baroni, Ficus baronii = F. lutea (Moraceae), (Fig 39), est un des plus communs dans l’lmerina. Il était souvent planté dans les résidences royales, Rova de Tananarive et d’Ambohimanga et est sans doute le plus bel arbre de la région centrale.
– Son tronc épais, tortueux, se fixe au sol par d’énormes racines, fortement saillantes.
– Ses branches étalées horizontalement portent de grandes feuilles, d’un vert foncé et brillant.
– Ces feuilles tombent au mois de septembre, mais pour être remplacées presque immédiatement par de nouvelles.
– Les fleurs sont très petites, enfermées en grand nombre à l’intérieur d’une sorte de réceptacle creusé en coupe profonde.
– Ce réceptacle devient charnu et sucré et continue à renfermer les fruits qui sont de petits akènes, croquant sous la dent quand on mange la figue. La figue est donc un faux fruit.

Toutes les parties de la plante laissent écouler un latex blanc abondant.

Ces plantes forment la famille des Moracées.

Ficus baronii Bak. (Moraceae)

FAMILLES VOISINES

Le chêne d’Australie ou Grévillé, Grevillea robusta (Proteaceae) qui appartient à une famille voisine, est un bel arbre fréquemment planté dans le Centre et dans l’Est pour ombrager les caféiers en particulier :
– Ses feuilles découpées, d’un blanc argenté en dessous, sont très décoratives.
– Les fleurs apparaissent en septembre, elles sont d’un jaune orangé, groupées en épis assez denses. Leur structure est extrêmement curieuse. Elles sont constituées d’un périanthe à 4 pièces soudées, sauf à la partie supérieure. Par cette échancrure se dégage le style très long qui forme une sorte d’anse, car son stigmate reste inclus dans la partie supérieure du périanthe, au milieu des étamines réduites à leurs anthères. Ce n’est qu’à la fin de la floraison que le style se dégage complètement, cependant que le périanthe caduc se détache et tombe.
– Le fruit est un follicule à une seule loge, s’ouvrant par une fente supérieure. Il est surmonté par le style allongé et persistant.

Les vivaona, Dilobeia thouarsii (Proteaceae) qui fournissent un bois apprécié, appartiennent à la même famille :
– Ce sont de curieux arbres de la forêt malgache, dont les pieds mâles et femelles portent des feuilles légèrement différentes. Les pieds femelles portent des feuilles en forme de cœur, à 2 lobes nettement séparés par une échancrure profonde (d’où le nom scientifique de Dilobeia)
– Les fleurs comportent un périanthe à 4 segments aigus et un ovaire renfermant un seul ovule qui donne naissance à un petit fruit drupacé, riche en huile odorante. Les pieds mâles portent des feuilles à lobes ramifiés symétriquement, en 4 ou 8 lobes. Cette feuille rappelle la forme de celle du tavolo, plante cultivée pour ses tubercules et on donne souvent à cet arbre le nom de tavolohazo (hazo veut dire en malgache : arbre)
– Les fleurs mâles ont aussi un périanthe à 4 segments, renfermant 4 étamines à filet court et un pistillode (pistil rudimentaire)

L’existence de Proteacées à Madagascar montre qu’il y eut autrefois des connexions entre l’Afrique, le continent Indo-Malgache et l’Australie.

De la famille des Aristolochiacées, les aristoloches, Aristolochia (Aristolochiaceae), sont des lianes à curieuses fleurs, dont il existe une espèce malgache, connue sous le nom d’arovy ou de tavimpatrana.

– L’aristoloche acuminée, Aristolochia acuminata (Aristolochiaceae) :
– Chaque fleur comporte un périanthe soudé en une seule pièce contournée qui affecte un peu la forme d’une pipe allemande, 6 étamines réduites à leurs anthères sont fixées sur la colonne stylaire. L’ovaire est infère à 6 loges, terminé par un style court portant un stigmate épanoui en un disque à 6 lobes.
– Le fruit est une capsule à 6 vulves, renfermant de nombreuses graines plates, empilées les unes sur les autres. Il est toujours pendant au bout d’un long pédicelle et rappelle
une petite lanterne chinoise.

Enfin, les Loranthacées, Loranthus (Loranthaceae), plantes parasites à racines transformées en suçoirs qui s’enfoncent profondément dans les tissus de l’hôte

Elles sont représentées par de nombreuses espèces de loranthes et de guis, nommés en créole bois fier ou bois Bon Dieu et connus en malgache, sous les noms de ramitanbina ou de safitra.

AVIAVY

par J.J. RABEARIVELO.

Revue de Madagascar
N° 6 – avril 34. p. 25

Arbre qui prend racine aux pierres des tombeaux
et dont la sève vive est peut être le sang
de ceux qui furent les flambeaux
de mon Emyrne et de son esprit finissant,

tu dresses dans l’azur ton palais ténébreux
qui ne fait retentir dans le front du matin,
que les appels silencieux,
de nos morts contre les astuces du Destin !
Et tu nous dis, bel arbre isolé, de rester
nous-mêmes et d’avoir la suprême fierté
d’épouser nos seuls paysages.

Ah ! qu’à te voir, ficus aux feuillages légers,
bien que naissant parmi des rythmes étrangers,
mon chant s’inspire de nos sages.