L’œillet
Caryophyllacées : Méliacées
Anacardiacées – Sapindacées
Rutacées- Linacées
Géraniacées – Oxalidacées
4ème TYPE
L’ŒILLET
Cette famille est peu représentée à Madagascar. L’œillet, Dianthus caryophyllus (Caryophyllaceae), est toutefois cultivé dans les nombreux jardins. Je ne m’étendrais pas sur sa description qui est facile à trouver dans tous les manuels scolaires.
Familles voisines
Par contre, de nombreuses familles qui peuvent être rattachées aux Caryophyllacées sont beaucoup plus intéressantes pour nous.
Les Méliacées, Melia (Meliaceae), par exemple, ont pour type le lilac du Japon, Melia azedarach, (Fig. 11) qui est aujourd’hui répandu dans toute la Région centrale de l’île. Les Malgaches le désignent par le curieux nom de voandelaka qui vient du mot « voa » signifiant, fruit ou graine et d’un mot anglais : lilac.
– C’est un arbre à port tortueux, à branches bien étalées.
– Ses feuilles alternes sont deux fois composées.
– Les foliolules sont dentées.
– La floraison se produit en septembre à Tananarive. Elle est éphémère.
– Les fleurs sont délicates et dégagent un parfum pénétrant.
– Elles comprennent : un petit calice à 5 dents, une corolle à 5 pétales, mauves ou lilas-clair, des étamines nombreuses, constituant une série de collerette, d’un violet très foncé, par la soudure de leurs filets. A l’intérieur de cette collerette se trouve l’ovaire.
– Les fruits sont de petites drupes charnues.
– Elles persistent longtemps, après la chute des feuilles, pendant la saison sèche et donnent alors à l’arbre, en raison de leur grand nombre, un aspect original.
Le lilac du Japon se multiplie très facilement par semis et pousse vigoureusement, même dans les sols les plus arides. Ses racines puissantes retiennent bien les terres et il pourrait être utilisé pour fixer les montagnes latéritiques que le ravinement désagrège rapidement. Son bois est dur, mais très noueux et ne peut être que très difficilement utilisé.
Le lilac du Japon ou voandelaka
Introduit, mais devenu très commun à Tananarive.
Au bas, à gauche, coupe de la fleur montrant les étamines soudées entre elles et formant un tube coloré qui s’ajoute aux pétales.
Le manguier, Mangifera indica (Anacardiaceae), (Fig. I2), est cultivé pour son fruit savoureux : la mangue.
– C’est un arbre trapu, tortueux sur les plateaux, mais qui peut atteindre une grande taille dans les régions littorales plus chaudes.
– Ses feuilles sont simples, entières, d’un vert intense.
– En août l’extrémité des rameaux porte une grande grappe de fleurs très petites et verdâtres. Ces fleurs, bien qu’elles soient peu visibles, comprennent cependant tous les organes que nous sommes habitués à trouver : un calice et une corolle, verts tous les deux. – Sur les 5 étamines, une seule porte une anthère, les autres sont réduites à de petits massifs sécréteurs portant parfois un rudiment de filet.
– L’ovaire est à une seule loge renfermant un seul ovule. Il porte un style généralement rejeté sur le coté.
– La mangue est une drupe, dont la grosseur varie suivant les variétés, de la taille d’une grosse dragée, à celle du poing. Le noyau pourvu d’une coque bivalve est fibreux à l’extérieur. La chair est parfumée, plus ou moins sucrée ou acidulée. Certains auteurs lui ont attribué une telle saveur qu’on avait même voulu y voir : « le pommier du Jardin d’Eden »
Le manguier
Originaire de l’Inde. En haut, à gauche, détail de la fleur : il n’y a qu’une seule étamine, rejetée sur le côté. À droite, coupe du fruit. Ici, c’est le péricarpe charnu qui est consommé. En dessous, la graine entourée de son arille qui ne se mange pas.
On rencontre souvent dans la partie Nord-ouest de l’île, l’anacarde ou pomme d’acajou ou noix de cajou, Anacardium occidentale (Anacardiaceae) :
– Curieux fruit porté au sommet d’un pédoncule charnu très renflé qui est seul comestible.
– Le fruit lui-même ne peut être consommé, son suc est vésicant et dangereux.
– La pulpe du pédoncule, acidulée, sert à faire des conserves. Elle était très en honneur au 18ème siècle et l’on en préparait notamment la fameuse « confection des sots » d’HOFFMANN. L’usage, disait-on, donnait de l’intelligence et de la mémoire aux plus dépourvus.
– C’est surtout l’amande qui fait l’objet d’un commerce assez important. Elle est utilisée en pâtisserie et confiserie comme succédané de l’amande douce et en apéritif, sous le nom de noix de cajou.
– L’anacardier est connu des Malgaches sous le nom de : mahabibo ou mabiha, mahibiha, abiba, koroso.
– Il fut introduit au 18ème siècle seulement, semble-t-il par les Arabes de Zanzibar.
L’arbre de Cythère, Spondias dulcis, est nommé en malgache evi, zévi. Il produit aussi un fruit comestible, fruit de Cythère, pomme-Cythère qui est nommé en malgache, ambarella. Il se reconnaît ça et là sur les côtes de Madagascar. De provenance américaine comme le précédent, il fut introduit peu avant la conquête par la Réunion.
Enfin, toujours dans la famille des Anacardiacées, il faut citer le sakoa qui est un nom sakalava, Sclerocarya caffra syn. Poupartia caffra. C’est un arbre très répandu dans les savanes de l’Ouest auxquelles il donne souvent un aspect curieux, en raison de son port en boule, ressemblant un peu à celui du pommier. Ses fruits sont très abondants, leur pulpe est très acide, mais le noyau contient une amande douce que les Sakalava apprécient beaucoup.
Dans la famille voisine des Sapindacées, il convient de citer le litchi, Litchi chinensis (Sapindaceae) qui est un arbre fruitier originaire de Chine, (Fig. 13) :
– C’est un arbre à feuilles composées paripennées.
– Ses petites fleurs sont peu visibles.
– Son fruit qui ne s’ouvre pas à maturité comprend : une enveloppe dure renfermant une seule graine, enveloppée d’un arille charnu assez volumineux qui est la partie consommée. Le goût en est très savoureux, sucré, acidulé, rappelant un peu celui du raisin muscat.
Le ramboutan, Nephelium lappaceum (Sapindaceae), très voisin du litchi, est parfois vendu sur le marché de Tananarive. L’enveloppe de son fruit est pourvue de nombreux ornements formant des sortes de poils glanduleux. C’est pourquoi on l’appelle encore : « litchi poilu ou chevelu»
Le litchi de Chine
Introduit à Madagascar, il y est devenu un des arbres fruitiers les plus appréciés. On le cultive surtout sur la Côte-Est ( Brickaville )
En bas, à gauche, détail de l’arille enveloppant le noyau ; c’est la partie charnue et parfumée, que l’on consomme.
Les Rutacées et plus particulièrement les agrumes sont aussi des arbres fruitiers très répandus à Madagascar :
– L’oranger, Citrus sinensis, (Fig. 14),
– le citronnier, Citrus limon, est nommé en malgache, voasary makirana, tsoha-adiro (Sak.),
– le mandarinier, Citrus reticulata,
– le pamplemoussier, Citrus grandis,
– le cédratier, Citrus médica.
Ils donnent en abondance des fruits sains et agréables. Certains citronniers se sont naturalisés dans les régions côtières.
Signalons enfin que les Linacées, dont le type est le lin cultivé, Linum usitatissimum (Linaceae) qui joue un si grand rôle dans l’industrie textile, comptent une espèce malgache : le lin du Betsileo, Linum emirnensis, petite herbe à fleurs jaunes, construites absolument comme celles de son cousin d’Europe.
Les Géraniacées, Pelargonium (Geraniaceae), sont peu nombreuses à Madagascar.
Le géranium rosat, Pelargonium odoratissimum, présente cependant un certain intérêt. On extrait de ses feuilles une essence très parfumée, rappelant un peu l’essence de rose. Il fait l’objet de cultures assez étendues dans le Centre et son essence donne lieu à un petit commerce d’exportation.
Le géranium des jardins, Pelargonium x domesticum, est souvent cultivé pour décorer les plates-bandes de ses grandes fleurs rouges ou roses disposées en belles ombelles.
Ces deux plantes appartiennent en réalité au genre : Pelargonium.
La famille voisine des Oxalidacées, Oxalis (Oxalidaceae), compte de nombreuses plantes curieuses :
Les Biophytum : dont le Biophytum sensitif, Biophytum sensitivum ou Oxalis sensitiva, notamment est très commun sur les talus arides autour de Tananarive. Ses feuilles, lorsqu’elles sont irritées, se replient toutes vers le centre de la plante.
LA CULTURE DES AGRUMES
On désigne, sous le nom d’agrumes, tous les arbres fruitiers voisins de 1’oranger : citronnier, mandarinier, pamplemoussier, etc. Tous ont été groupés dans le genre botanique Citrus, comportant de nombreuses espèces dont la délimitation est très difficile, la plupart ayant fourni spontanément de nombreuses formes hybrides.
Les Citrus sont tous originaires de l’Asie méridionale. Mais beaucoup avaient été largement disséminés avant le début de l’époque historique. Nous ignorons tout de ces premiers transports qui ont dû accompagner des migrations humaines très anciennes, dont certaines atteignirent peut-être déjà Madagascar à la faveur des courants équatoriaux.
Les peuples arabes contribuèrent largement à la diffusion des agrumes qu’ils introduisirent dans tout le Moyen-Orient et dans la région méditerranéenne.
Les premiers blancs qui abordèrent à Madagascar signalèrent la présence de certains Citrus (BARB0SA : 1514, CAUCHE : 1638, FLACOURT : 1660). Parmi ces espèces très anciennement introduites figurent : Le cédratier (Citrus medica) bien caractérisé par ses fleurs blanches, ses pétioles sans ailes et son fruit dont l’écorce ou zeste, très épais et doux, occupe la partie la plus importante ; Le citronnier (Citrus limonum) à fleurs teintées de rose, à pétiole pourvu d’ailes étroites, à fruit devenant jaune à maturité, avec un zeste plus ou moins épais. Le citronnier est un arbre, alors que le cédratier est un arbuste touffu généralement plus épineux.
La véritable mandarine, l’orange douce et le pamplemousse sont d’introduction plus récente. Depuis 1800, jusqu’à ces dernières années, de nombreuses introductions successives ont eu lieu. Aujourd’hui, nous avons donc dans la Grande-Île d’excellents éléments pour les diverses sortes d’agrumes. Mais une sélection est indispensable. Les Malgaches ont la désastreuse habitude de laisser pousser tous les arbres issus de semis spontanés, d’où un mélange inextricable de formes dont la plupart sont sans aucun intérêt.
II faudrait au contraire s’attacher à sélectionner, pour chaque région, un type de porte-greffe bien adapté, vigoureux et ayant une bonne affinité avec les variétés cultivées, qui serait multiplié par semis en pépinière, pour obtenir un ensemble aussi homogène que possible. Ces jeunes plants seraient ensuite greffés avec les variétés reconnues les plus méritantes. Des centres d’agrumiculture pourraient être établis dans l’Est, aux environs de Brickaville, dans le Centre, aux environs de Tananarive et dans la Région du Sihanaka, où les diverses variétés semblent prospérer rapidement sur les terres alluvionnaires. Enfin, sur les terres du « Baina » de l’Ouest et notamment aux environs de Majunga.
À côté de la consommation locale qui pourrait être largement développée, il faut envisager en effet, les possibilités de ravitaillement des navires qui prennent de plus en plus d’importance, la production des confitures et des fruits confits, des liqueurs du genre « Curaçao ». Enfin, Madagascar qui est déjà réputé pour ses cultures de plantes à essences, pourrait songer aussi à la distillation des fleurs, des feuilles et des zestes des agrumes pour la préparation des extraits de fleur d’oranger, des essences de Néroli, des essences de Portugal, etc.
Cependant, ces cultures sont déjà la proie de parasites très répandus : papillon de l’oranger, mouche des fruits, cochenilles diverses. Aussi, les centres de production devraient-ils être parfaitement équipés, non seulement en vue de la production des plants greffés fournissant des fruits de choix, mais encore pour la lutte contre les divers parasites.
Il est indispensable, pour ces sortes de création que les cultivateurs malgaches apprennent à s’entraider au lieu de se nuire réciproquement. Seuls des organismes coopératifs, soutenus par les Caisses de Crédit Agricole, auraient des chances de succès. Le développement de cet esprit de coopération, d’entraide mutuelle, de soutien réciproque, est la base indispensable sur laquelle doivent s’appuyer tous les progrès de l’agriculture.