Le Filao

Le Filao

Casuarinacées :

Pipéracées – Ulmacées

Arbres à chatons :

Fagacées – Bétulacées

Salicacées – Juglandacées

15ème TYPE

Le FILAO

filao

Il y a à Madagascar deux espèces de filaos ou cèdres Casuarina (Casuarinaceae) de la famille des Casuarinacées :

1°) Celle de la Côte Est : le filao à feuilles de prêle qui est indigène de Madagascar. C’est un bel arbre fournissant un bois dur.
2°) Celle du Centre : le filao de Cummingh qui est une espèce introduite récemment.

Tous deux présentent un port élancé et sont facilement reconnaissables à leurs petits rameaux articulés, formés d’éléments qui s’emboîtent les uns dans les autres. On les confond souvent avec les conifères, mais cette ressemblance n’est que superficielle :
– Ce sont en effet les rameaux des filaos qui ressemblent aux feuilles ou aiguilles des conifères.
– Les feuilles des filaos sont réduites à de petites écailles verticillées par 4 généralement, à chaque articulation du rameau. Elles se soudent sur une partie de leur longueur, en une sorte de gaine.

filao

– Les fleurs sont unisexuées, très petites et difficilement visibles. Les fleurs mâles forment de petits épis. Elles comprennent chacune : une petite bractée caduque et une seule étamine. Les fleurs femelles sont groupées en petites têtes ovoïdes. Chaque fleur est entourée de 2 petites bractéoles et d’une bractée plus grande ; elle est fermée par un petit ovaire, à une loge. Les bractées de l’inflorescence femelle durcissent peu à peu en grossissant et forment de petites loges, où restent enfermés les akènes provenant du développement des petits ovaires.

Le filao est un bon fixateur de dunes et est utilisé pour la reforestation, grâce à sa croissance rapide. Son bois très dur est fendu et débité en tuiles de bois, ces toitures peuvent durer plus de 100 ans. Une maison à Mandena, au Sud de Madagascar, entre Fort-Dauphin et Ambovombe, en atteste, mais le prix de revient en est très élevé. Le bois est très résistant à l’eau de mer et l’écorce fournit un tannin.

filao

L’ovaire est clos et la graine pourvue de deux cotylédons.
Nous sommes donc bien en présence d’une dicotylédone et non d’un conifère.

FAMILLES VOISINES

Les poivriers, Piper (Piperaceae), sont des lianes grêles, à tiges un peu charnues, renfermant une résine odorante :
– Ils portent des feuilles alternées, insérées sur les nœuds renflés.
– Les inflorescences sont opposées aux feuilles. Ce sont des épis portant de nombreuses fleurs. Chaque fleur est entourée d’une bractée, à la base et de 2 bractéoles, au-dessus. Elle comprend un ovaire sphérique, surmonté d’un stigmate à 3 branches, presque sessile, le style étant à peine marqué et 2 étamines situées de part et d’autre de ce gros ovaire.
– Le fruit ou grain de poivre est une petite drupe peu charnue.

On cultive surtout à Madagascar :
– Le Poivre noir, Piper nigrum.
– Le poivre cubèbe ou poivre à queue, Piper cubeba, ainsi appelé en raison de son fruit qui reste surmonté du style persistant.
– Il existe en outre, de nombreuses espèces de poivriers sauvages, Piper sylvestre, dans les forêts.

Ces plantes forment la petite famille des Pipéracées.

Famille des Ulmacées :

Le micocoulier de Madagascar, Trema orientalis, T. grisea (Ulmaceae) ou andrarèze de formation créole, du malgache andrarezina, est un bel arbre commun dans l’Est et le Centre dans les restes de végétation primitive :
– On attribue à son écorce des propriétés stomachiques, astringentes et fébrifuges.
– Ses feuilles passent pour diurétiques.
– L’arbre fleurit en novembre sur les plateaux.
– Ses fleurs vertes, très petites apparaissent au sommet des jeunes rameaux, à l’aisselle des feuilles supérieures. Elles sont de deux formes : mais, on ne peut les appeler mâle ou femelle. Certaines portent un calice à 5 segments, 5 étamines courtes et arquées et un ovaire bien développé, renfermant un seul ovule. Ce sont les fleurs fertiles. Les autres ont un calice analogue, mais leurs étamines sont plus longues, dressées et saillantes. Leur ovaire, est mal développé, rudimentaire et ne donne jamais de fruit. Ce sont les fleurs stériles.
– Le fruit est une petite drupe, à pulpe peu abondante, mais cependant recherchée en raison de son goût sucré par les enfants et surtout par les oiseaux. Un noyau dur occupe le centre de cette drupe.

L’andrarèze est un proche parent du micocoulier d’Occident, Celtis australis (Ulmacées-Celtidaceae), souvent cultivé dans le midi de la France. Il se rapproche aussi des ormes, Ulmus (Ulmaceae-Celtidaceae).

Famille des Moracées :

Le mûrier, Morus alba et M. nigra (Moraceae), fut introduit par la Réunion, vers le XVIIIe siècle. Sa culture fut entreprise dans le Centre de Madagascar, en vue de l’élevage du ver à soie. Le mûrier fournit en outre un fruit à saveur sucrée : la mûre.
– La mûre est plus exactement un ensemble de fruits, chaque fleur femelle s’est transformée en une petite drupe qui s’enveloppe du calice devenu charnu. C’est cet ensemble qui constitue la mûre.

Il faut enfin rapprocher de ces familles les arbres à chatons qui sont essentiellement européens, mais dont certains ont été introduits à Madagascar. Tous sont caractérisés par leurs fleurs groupées en chatons, (au moins, pour les fleurs mâles), unisexuées et apétales.
On peut les classer en quatre grandes séries
qui sont toutes plus ou moins bien représentées à Madagascar.

1ère série des cupulifères :

– Le chêne, Quercus (Fagaceae) : on a introduit en Imerina le chêne pédonculé, Quercus robur (Fagaceae), à la fin du XIXe siècle. Les plus vieux exemplaires doivent être ceux du parc de l’Ambassade de France à Tananarive :
– Les feuilles du chêne sont simples, plus ou moins dentelées, alternes.
– Ses fleurs mâles sont groupées en chatons et ses fleurs femelles en petits paquets.
– Le fruit ou gland est caractéristique. C’est un gros akène entouré à sa base d’un organe particulier en forme de petite calotte : la cupule (d’où le nom de cupulifères). Cette cupule résulte de la soudure des nombreuses bractées qui accompagnaient la fleur femelle.

Le châtaignier, Castanea sativa (Fagaceae), a aussi été introduit à Madagascar et fructifie bien à Tananarive et Antsirabe. Sa cupule qui enveloppe complètement les akènes est ornée de nombreux piquants.

2ème série, l’aulne :

L’aulne, Alnus glutinosa (Betulaceae), est un petit arbre des lieux humides. Il fut introduit plus récemment. Les plus beaux exemplaires qui existent actuellement ici, sont ceux du parc de l’Ambassade de France à Tananarive.
– Les fleurs mâles et femelles sont groupées en chatons. Chatons mâles allongés, chatons femelles plus arrondies, sont portés par un même arbre.

3ème série, les saules :

Les saules, Salix (Salicaceae), sont au contraire des plantes dioïques (certains pieds ne portent que des chatons mâles, d’autres que des chatons femelles)

À Madagascar, il y a deux espèces endémiques de saules :

1°) Salix madagascariensis (Salicaceae) qui est localisé le long des torrents, dans les formations forestières, à 1500 à 1900 mètres d’altitude, en Imerina ou sur le versant occidental des Hauts-Plateaux, au-dessus de 800 mètres.

2°) Salix bojer et S. perierri (Salicaceae).

On cultive souvent dans les
parcs, le saule de Babylone, Salix babylonica (Salicaceae), pour son beau port pleureur.

Les peupliers, Populus (Salicaceae), sont très voisins des saules :
– Le fruit est ici une capsule contenant de nombreuses petites graines. Chaque graine est pourvue d’une aigrette, elle n’est susceptible de germer, que pendant quelques heures après sa maturité. S’il est à peu près impossible de semer ces arbres, leurs tiges se bouturent par contre, avec une extraordinaire facilité.

4ème série, les noyers :

Les noyers, Juglands (Juglandaceae) : Ce sont les seuls arbres à chatons pourvus de feuilles composées :
– Le fruit ou noix est ici une drupe. La pulpe charnue est très amère, on ne consomme que l’amande de la graine.
– Le noyer est introduit depuis très peu de temps. Il pousse vigoureusement dans la région d’Antsirabe, mais redoute beaucoup les sels compacts et l’humidité stagnante.

Les caractères de ces 4 séries d’arbres à chatons se résument comme il suit :

|I Arbres à feuilles simples|l°) une cupule|Cupulifères|
||2°) pas de cupule |plantes monoïques, akène : aulnes|
|||plantes dioïques, capsule : saules|
|II Arbres à feuilles composées|Le fruit est une drupe|noyers|

FILAO

par J.J. RABEARIVELO.

Revue de Madagascar
N° 6 – avril 1934. p. 26

Filao, Filao, frère de ma tristesse,
qui nous vient d’un pays lointain et maritime,
le sol imerinien a-t-il pour ta sveltesse
l’élément favorable à ta nature, intime ?

Tu sembles regretter les danses sur la plage
des filles de la mer, de la brise et du sable,
et tu revis en songe un matin sans orage
glorieux et fier de ta sève intarissable.

Maintenant que l’exil fait craquer ton écorce,
l’élan de tes rejets défaillants et sans force
ne dédie aux oiseaux qu’un reposoir sans ombre,

tel mon chant qui serait une œuvre folle et vaine
si, né selon un rythme étranger et son nombre,
il ne vivait du sang qui coule dans mes veines !