La Vernonie

La Vernonie

Composées ou Astéracées

13ème TYPE

L’AMBIATY ou VERNONIE

L’ambiaty ou vernonie, Vernonia appendiculata (Compositae) :

C’est un arbuste de 2 à 3 mètres, très fréquent dans la Région centrale. Sa floraison se produit en septembre et sert de signal aux semailles des riz de deuxième saison « les varinambiaty ».

Si l’on regarde avec attention les grandes grappes de couleur bleu-clair qui décorent l’arbuste à cette saison, on voit que ce que l’on prenait au premier abord pour une fleur est en réalité composé d’un grand nombre de fleurs. C’est une inflorescence très compacte et entourée de nombreuses bractées vertes, simulant un calice : on lui donne le nom de capitule.
Chacune des fleurs véritables ou fleuron comporte un ovaire infère à une loge, renfermant un seul ovule, surmonté d’un calice formé de soies très fines et d’une corolle à tube étroit s’épanouissant en 5 lobes. Enfermées dans le tube de la corolle et soudées à celle-ci par leurs filets, nous trouvons 5 étamines, courtes, soudées les unes aux autres par leurs anthères, en une sorte de manchon qui traverse le style. Celui-ci, plus long que le tube de la corolle, s’épanouit à l’extérieur en un stigmate à deux branches.
Après la fécondation, l’ovaire se transforme en un akène qui reste surmonté par les soies du calice, formant ainsi une petite aigrette. Ce qui lui permet d’être facilement transporté par le vent. C’est pourquoi, cette espèce peut se disséminer avec autant de rapidité.

L’ambiaty fournit de grandes feuilles que les Malgaches mangent parfois bouillies. Ses cendres sont utilisées comme topiques et il entrait autrefois dans la composition de nombreux « ody » et d’amulettes.

Toutes les fleurs qui composent un capitule de vernonie sont ainsi des sortes de petits tubes. C’est pourquoi, cette plante peut servir de type à la famille des tubuliflores.

Vernonie

PLANTES VOISINES

On peut placer à côté des vernonies, une petite plante herbacée, très commune dans tout le Centre de Madagascar, dont les fleurettes bleues ornent souvent les talus de Tananarive : l’agérate, Ageratum conyzoides (Compositae) ou herbe de bouc, connue en malgache sous les noms de hanitrinimpantsaka ou de fotsivony. Le premier nom est une allusion au parfum que dégagent ses feuilles, surtout quand on les froisse, parfum pénétrant, rappelant l’odeur de la coumarine. On attribue à ses feuilles des propriétés vulnéraires très puissantes.

On doit aussi en rapprocher une mauvaise herbe malheureusement commune l’éléphantope, Elephantopus scaber (Compositae), connue en malgache sous le nom de tambakombako et en créole sous celui de tabac marron qui sont des allusions à ses grandes feuilles couvertes de petits poils raides, rappelant un peu celles du tabac. Ses petites fleurs roses disparaissent presque complètement entre les grandes bractées scarieuses qui entoure son capitule, mais en regardant avec attention, on s’aperçoit quand même, qu’on a affaire à une Composée. Cette plante envahit tous les terrains, même les moins fertiles. Son akène est en effet pourvu de crochets adhésifs qui lui permettent de s’accrocher aux vêtements et aux toisons des animaux.

L’artichaut, Cynara scolymus (Compositae), très cultivé autour de Tananarive, appartient aussi à cette tribu.

1°) Tribu des Liguliflores qui a pour exemple :
– La laitue des Indes ou Ligulaire, Ligularia stenocephala « The Rocket » (Astéraceae ou Compositae) qui est une grande herbe, atteignant 1 mètre de haut, à tige robuste, dressée, contenant un latex blanc abondant. Les nombreuses feuilles sont grandes, lancéolées et à bords plus ou moins dentés. La tige se termine par une grande grappe de capitules, portés par de petits pédoncules bractéolés. Chaque capitule comporte un involucre de bractées vertes et de nombreuses fleurs de couleur jaune. Une fleur est composée d’un ovaire infère, terminé d’un bec effilé. C’est au sommet de ce bec, que se fixent le calice composé de soies et la corolle qui comprend un tube étroit et un limbe étiré en languette ou ligule, résultant de la soudure des 5 pétales. La ligule est d’ailleurs terminée par 5 petites dents à peine distinctes. Le fruit est un akène, lisse et noir, surmonté d’un bec effilé jaune dans le haut et qui conserve à son sommet les soies du calice étalées comme un petit parachute.
– Les laitues, Lactuca sativa (Compositae ou Asteraceae), cultivées dans les jardins, ainsi que les chicorées, Cichorium endiva (Compositae ou Astéraceae), sont très voisines de cette plante. Elles contiennent toutes comme elle, un latex blanc abondant et leurs capitules ne comportent que des fleurs en languette.
– Le pissenlit, Taraxacum officinal (Compositae ou Asteraceae) ou dent-de-lion qui est souvent naturalisé dans la région centrale (surtout autour d’Antsirabe) ne possède aussi que des fleurs en ligule.

2°) Tribu des Radiées qui a pour exemple :
– L’Anthémis frutescent, Anthemis frutescens, ayant pour synonyme, l’Agyranthemum frutescens ou Chrisanthémum frutescens (Compositae ou Asteraceae) :
Cette belle plante, si souvent cultivée dans les plates-bandes des jardins publics, dans Tananarive et dans d’autres villes, est bien connue pour ses capitules blancs, au centre jaune qui rappellent beaucoup nos marguerites en France. Son feuillage est très finement découpé. Chaque capitule présente une rangée de fleurons stériles pourvus d’une grande ligule blanche et au centre, un grand nombre de fleurons jaunes, sans ligule. Chacun d’eux est une fleur minuscule comprenant : un calice réduit à quelques poils, une corolle à 5 pétales soudés, 5 étamines soudées par leurs anthères et un gros ovaire infère. Ces fleurs du centre sont fertiles et donnent naissance à un petit fruit sec indéhiscent : l’akène. Les feuilles de l’Anthémis, frutescent ont une saveur piquante et les Malgaches les consomment souvent comme brèdes.
– Le Spilanthes, Spilanthes acmella et S. oleracea (Compositae ou Asteraceae), brède mafane ou cresson du Para, appelé anamalao ou anamafana en malgache, est une herbe très commune dans tout le Centre de Madagascar et qui peut descendre jusqu’à 500 à 600 mètres d’altitude. Ses feuilles ont un goût piquant qui les fait utiliser abondamment comme brèdes et leur vaut leur nom de anamafana ou celui de mangevitra qui signifie : « Qui fait vibrer le palais ». Le Spilanthes possède des feuilles opposées, ovales, plus ou moins dentelées, à pétiole court. Les pédoncules floraux, sans bractée, portent généralement un seul capitule. Chaque capitule comporte à sa périphérie quelques fleurs en ligule, mais surtout des fleurs en tube qui occupent le centre renflé en cône de la fleur.

Toutes les Composées qui ont ainsi dans un même capitule des fleurs ligulées à la périphérie et des fleurs en tube au centre, ont reçu le nom de Radiées.

Elles constituent un groupe extrêmement important. On peut y distinguer :

1°) Des plantes potagères : introduites pour leurs racines comestibles,
– telles que les salsifis, Tragopogon porrifolius (Compositae ou Asteraceae),
– les scorsonères, Scorzonera hispanica (Compositae ou Asteraceae), etc.

2°) Des plantes décoratives :
– telles que les dahlias, Dahlia x (Compositae),
– les marguerites, Chrysanthemum maximum (Compositae ou Astéraceae),
– chrysanthèmes, Chrysanthemum (Compositae ou Asteraceae),
– zinnia, Zinnia elegans Compositae ou Asteraceae),
– tagètes, Tagetes erecta ou rose d’Inde
– et Tagetes patula (Compositae ou Asteraceae), l’œillet d’Inde
– cosmos, Cosmos caudatus, C. bipinnatus (Compositae ou Asteraceae),
– soucis, Calendula officinalis (Compositae ou Asteraceae), etc.

Il faut signaler en ce qui concerne ce groupe, que ce que l’on appelle généralement des fleurs-doubles sont en réalité des capitules, où les fleurs-tube sont remplacées presque totalement par des fleurs en ligule. Les Composées « à fleurs-doubles » peuvent donc se reproduire par graine, alors que chez les véritables fleurs-doubles, ce sont les étamines qui se transforment en pièces pétaloïdes et la fécondation est impossible par conséquent.

3°) Des plantes médicinales :

– Telles que la camomille, Parthenium hysterophorus (Compositae ou Asteraceae),
– Le pyrèthre, Chrysanthemum indicum, cultivé pour ses propriétés insecticides.
– La Siegesbeckie orientale, Sigesbeckia orientalis qui est une mauvaise
herbe fréquente dans les jardins des Hauts-Plateaux, très utilisée à la Réunion comme vulnéraire et dépuratif, comme en témoignent ses noms créoles : herbe divine, souveraine, guérit-vite. On l’appelle également herbe grasse ou colle-colle, ce qui est une allusion à ses feuilles et surtout à ses inflorescences visqueuses. Son nom malgache satrikoaga maratra montre qu’on y connaît aussi ses vertus cicatrisantes.

4°) Des mauvaises herbes : c’est sans doute dans cette famille, que l’on trouve les mauvaises herbes les plus difficiles à faire disparaître des sols de culture et celles qui ont pris le plus d’extension, en raison de leurs graines adhésives.
– Parmi les plus désagréables, il faut citer : les bidens, Bidens pilosa (Compositae), dont les Malgaches consomment néanmoins les feuilles, mais qu’ils ont nommé ananatsinahy : « La brède qu’on ne désire pas » Ses fruits (tsipolotra) sont en effet garnis de crochets qui lui permettent d’adhérer aux vêtements et il est bien difficile de s’en débarrasser.
– Encore plus désagréable, surtout pour les personnes qui marchent pieds nus, est le bakakely, Xanthium spinosum (Compositae), dont les akènes sont pourvus d’épines robustes et acérées qui lui ont valu le nom d’Acanthosperma (tiré du grec : acanthus = épine ; sperme = graine.

5°) Quelques arbres qui fournissent des bois appréciés :

– Tel le merana, magnary (Sak.), manipiky (Bara) Brachylaena menara et le hazotokana Brachylaena ramiflora qui caractérisent cette famille à Madagascar.

Dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord, toutes les Composées sont au contraire des herbes.

Toutes ces plantes constituent la famille très homogène des Composées, caractérisée par ses fleurs groupées en capitules, à pétales soudés, à ovaire infère, uniovulé, se transformant en un akène.


Les deux derniers types, que nous venons d’étudier, sont donc caractérisés par leurs fleurs à pétales soudés et à ovaire infère. Ils constituent l’Ordre des Gamopétales inférovariées.

Les caractères qui les distinguent peuvent être résumés dans le tableau suivant :

|1°) Fleurs non groupées en capitules, à ovaire pluriovulé. Le fruit est une baie ou une capsule|Rubiacées|
|2°) Fleurs groupées en capitules, à ovaire uniovulé. Le fruit est un akène|Composées|

Voir aussi : [->art42]