Le Café

Le caféier

Rubiacées :

Cucurbitacées

12ème TYPE

Le CAFÉIER

A) Le caféier d’Arabie, Coffea arabica (Rubiaceae), fut introduit à Madagascar au début du 19ème siècle, probablement en 1802, par MICHAUX. Il fut cultivé près de Tamatave et fut multiplié par CHAPELIER. Puis, il s’étendit tout le long de la Côte-Est. Il y vivait d’ailleurs assez mal. Remonté peu à peu vers les Plateaux par les cultivateurs malgaches, il y trouva un climat plus favorable. Au 19ème siècle c’était à peu près la seule espèce cultivée dans les plantations. Cependant, vers 1850, un redoutable champignon parasite « l’Hemileia vastarix » apparut dans les cultures de Ceylan et dévasta bientôt les plantations du Monde entier.

B) On introduisit alors à la Réunion, le caféier du Libéria, Coffea liberica qui résistait beaucoup mieux au parasite. Ce caféier fut amené sur la Côte-Est, avant la conquête française et sa culture fut intensifiée dès l’installation du Service de l’Agriculture.

C) Le caféier Kouilou fut introduit en 1900, par un planteur de la Côte orientale, Monsieur NARRAS. Sa grande vigueur, sa résistance parfaite aux maladies, son rendement important, le firent bientôt préférer par les planteurs et dès 1912, il avait pris une grande importance.

D) La Station d’essais de l’Ivoloina reçut, en 1901, du Jardin colonial de Nogent, une centaine de graines d’un caféier du Congo. Ce nouvel arbuste se montra aussi très résistant au champignon parasite et fut multiplié en grand.

Ce sont ces deux espèces qui fournissent à l’heure actuelle, le fond des exportations de la Grande-Île : exportations atteignant chaque année de 20 à 30.000 tonnes. Ces cafés n’ont pas l’arôme exquis du café d’Arabie, mais ils sont plus appréciés pour la production des cafés solubles.

La production du caféier d’Arabie, sur les terres volcaniques riches des Hauts-Plateaux (Itasy, Ankaizina), serait possible en organisant la défense des plantations contre l’Hemileia par des pulvérisations fongicides.

Ces caféiers sont des arbustes ou de petits arbres, à feuilles opposées, stipulées :
– Les deux stipules conjointes, des deux feuilles opposées, se soudent en une seule languette interpétiolaire, comme d’ailleurs chez la plupart des Rubiacées.
– Les fleurs blanches, à parfum très pénétrant, sont portées par de très courts pédoncules et agglomérées en bouquets serrés à l’aisselle des feuilles. La fleur régulière comporte un réceptacle concave, à l’intérieur duquel est soudé l’ovaire infère. Sur les bords du réceptacle se fixent un calice, à 5 lobes soudés, très petits ou même nuls et une corolle blanche, à long tube s’élargissant peu à peu vers le sommet, à gorge souvent pubescente, à limbe découpé en 5 lobes tordus dans le bouton. (Certaines fleurs, anormales, mais fréquentes, portent 4 ou 6 lobes). 5 étamines, dont les filets courts s’insèrent sur la gorge de la corolle, font saillies au centre de la fleur.
– L’ovaire infère est généralement à deux loges. Il est surmonté d’un style dépassant la longueur du tube de la corolle et qui s’épanouit au-dessus des étamines, en un stigmate à deux lobes.
– Le fruit est une baie appelée vulgairement « cerise » en raison de la belle coloration rouge qu’elle prend à maturité. Elle comprend une pulpe molle, plus ou moins abondante et deux noyaux convexes sur une face et plans sur l’autre qui sont des grains de café. Ces noyaux sont entourés d’une pellicule parcheminée : la parche

Pour préparer le café :
a) On écrase généralement les cerises au moyen d’un dépulpeur.
– La séparation de la pulpe et des grains est faite par un courant d’eau.
– On laisse ensuite fermenter les grains en parche, pendant 24 à 48 heures.
– On les lave après ce temps et on les fait sécher.
– Il faut alors enlever la parche. On utilise à cet effet le déparcheur, un appareil composé d’une vis sans fin qui entraîne les grains dans un cylindre fixe et les forcent à passer par un goulet obturé, par un clapet de résistance réglable. Le frottement, contre les parois du cylindre et du clapet, permet l’enlèvement de la parche.
– Il ne reste plus qu’à vanner.

b) On laisse aussi parfois sécher les cerises au soleil, sans les dépulper. Une fois les cerises desséchées, ce qui demande souvent longtemps, on les passe dans une décortiqueuse. Les cultivateurs malgaches les décortiquent même souvent au pilon. Ce procédé est moins bon, il donne un café chargé de brisures, et de valeur commerciale toujours moins élevée.

Le café pris en infusion a des propriétés toniques et excitantes bien connues. Il est d’autre part très aromatique. Ses propriétés excitantes sont dues surtout à la présence d’un alcaloïde : la caféine. Alors que l’arôme du café est dû à une huile odorante : la caféone. Pour éviter les inconvénients présentés pour certaines personnes par l’absorption de l’alcaloïde, on prépare aujourd’hui des cafés décaféinés.

Il est intéressant de signaler que Madagascar et en particulier les régions de l’Ouest et du Sambirano, comptent plusieurs espèces indigènes de caféiers : caféier de Perrier, caféier tétragone, caféier de Bonnier, caféier de Gallieni, etc. Ces caféiers malgaches ont de petits grains, généralement dépourvus de caféine. Une Station a été créée à Kiangavato, sur la Côte-Est, pour essayer de sélectionner les caféiers malgaches, naturellement dépourvus de caféine. Ils pourraient constituer alors une production originale, intéressante.

Café

Café

PLANTES VOISINES

Les quinquinas, Cinchona officinalis, sont des arbres américains dont les écorces fournissent un alcaloïde bien connu : la quinine.
C’est en 1639, que les premiers quinquinas furent importés en Europe, à la suite de la guérison de la Comtesse de CHINCHON, femme du vice-roi du Pérou. C’est pourquoi LINNÉ, leur donna le nom scientifique de Cinchona. Ces arbres ne furent mis en culture que 200 ans plus tard, à Java, en 1847 et dans les Indes, par les Hollandais et les Anglais. Ces plantations fournissent actuellement, toute la quinine du Monde, les arbres spontanés des Andes de Colombie ayant disparu depuis longtemps, détruits par une exploitation abusive.

En ce qui concerne la France, ce n’est guère que vers 1860, que les premières tentatives furent faites aux Antilles. À la Réunion l’introduction du quinquina, (Cinchona succimbra), fut essayée en 1870. Tous ces essais ne semblent pas avoir été suivis avec l’intérêt qu’ils auraient dû susciter. Pour Madagascar, des semis de quinquinas furent effectués à plusieurs reprises. Mais cette culture ne s’était jamais développée. Ce n’est que pendant la seconde guerre mondiale, que les efforts conjoints du Service forestier et de l’Institut Pasteur de Tananarive, ont permis des
plantations assez importantes. Mais ces efforts furent à nouveau abandonnés. Il serait pourtant vital que Madagascar soit à même de produire ce précieux alcaloïde, base indispensable de la lutte contre le paludisme.

Les quinquinas sont de beaux arbres, à feuilles opposées, stipulées, tantôt arrondies et amples, à surface un peu bulleuse : C. succimbra, tantôt plus allongées, lisses et d’un vert plus sombre : C. ledgeriana.
– Les fleurs, abondantes pendant toute la saison des pluies, sont disposées en grandes grappes terminales. Elles sont très odorantes. Leur odeur est suave. Elles comprennent : un réceptacle à l’intérieur duquel est inclus l’ovaire. Sur ses bords sont fixés un calice très court, à 5 dents qui ne recouvrent même pas complètement le bouton floral et une corolle à long tube dilaté vers le sommet et dont le limbe s’étale en 5 lobes, ornés de nombreux poils. Les étamines sont insérées au niveau du renflement du tube de la corolle. Elles sont courtes et arrivent juste à la hauteur de la gorge. Les 5 étamines alternent avec les pétales.
– L’ovaire est infère et surmonté d’un style plus court que le tube corollaire, terminé par un stigmate à deux branches. L’ovaire comporte 2 loges, renfermant chacune de très nombreux ovules. Il se transforme en une capsule surmontée par les dents persistantes du calice et qui s’ouvre à maturité par deux fentes longitudinales, laissant échapper un grand nombre de graines fines. Chaque graine comporte un petit noyau très fin, entouré d’une aile membraneuse, dont les bords sont irrégulièrement déchiquetés.

Psychotria

La flore malgache compte des plantes très voisines des quinquinas :

a) Une des plus connues est une liane, Danais fragrans (Rubiaceae), commune non seulement à Madagascar, mais aussi à la Réunion et à Maurice et que les empiriques utilisent depuis longtemps dans ces deux pays, sous les noms créoles de : liane de bois jaune, lingue noire ou liane de bœuf :
– COMMERSON lui donna le nom poétique de danais, parce que dit-il : « Les femelles dominent, suffoquant presque les masles qui sont dans la même fleur »
– En réalité, il s’agit d’un dimorphisme de la fleur, commun chez beaucoup de Rubiacées. Certaines fleurs ayant des étamines longuement saillantes et d’autres au contraire, des étamines incluses dans le tube de la corolle.
– Ces lianes sont appelées par les Malgaches : tamboronaombe ou vahimantsy (betsim.), rikiatra (tsim.) et le plus souvent bongo.
– Leurs racines servent souvent à teindre les rabanes en jaune ou orange.
– Leurs tiges sont aussi fort utilisées comme masticatoires pour l’entretien des dents.

b)Le santal de Madagascar, Enterospermum madagascariensis, nommé en malgache, masinjoana :
– C’est un petit arbre commun dans l’Ouest, où il est souvent réduit d’ailleurs à de vieilles souches brûlées, émettant des rejets chaque année.
– Les souches et les racines renferment une huile volatile parfumée.
– On en fait des exportations assez importantes (quelques centaines de tonnes) sur l’Inde, où il est utilisé comme le santal véritable au cours des cérémonies religieuses.
– La poudre de ses racines mélangée à de l’huile de pignon d’Inde sert à confectionner des onguents qu’on applique sur le visage.

c) Beaucoup de plantes de cette famille pourraient-être utilisées en décoration pour la beauté de leurs fleurs :
– Certaines ont en effet de grandes fleurs parfumées ou délicates qui comptent parmi les plus beaux ornements de la forêt malgache.
– D’autres possèdent, outre la corolle, un calice et des bractées colorées : tels que les Pentas, Pentodon pentandrus (Rubiaceae) et les Carphalées, Carphalea kirondron (Rubiaceae), qu’on nomme en malgache, Voninjazava et les superbes Alberta, aux corolle et calice, vermillon.

d) Enfin, un certain nombre sont de beaux arbres des forêts orientales fournissant souvent un bois apprécié pour sa dureté, tels les molompangady ou Bréonies, Breonia madagascariensis.

Toutes ces plantes appartiennent à la famille des Rubiacées.

FAMILLES VOISINES

Les Cucurbitacées comptent un grand nombre de plantes cultivées pour leurs fruits généralement volumineux et comestibles :
a) La courge, Cucurbita pepo ou Cucurbita maxima (Cucurbitaceae), fut introduite vers le 17ème siècle.
– C’est une plante herbacée, lianoïde, à grandes feuilles couvertes de poils raides.
– Ses fleurs sont de deux sortes :
– les fleurs mâles qui ne portent que des étamines.
– et les fleurs femelles qui portent un gros ovaire infère et des stigmates volumineux.
– La courge est donc une plante monoïque.
– Toutes les Cucurbitacées ont ainsi des fleurs de deux sortes.
– Le fruit est une énorme baie, pouvant atteindre 20 kilos et renfermant de nombreuses petites graines.

Potiron

La chouchoute ou chayote, Sechium edule (Cucurbitaceae), provient de l’Amérique tropicale. Elle fut introduite de la Réunion à Madagascar assez récemment, mais s’est largement répandue depuis :
– C’est une plante grimpante, à tiges herbacées, couvertes de poils.
– Ses tiges sont annuelles, mais une souche renflée, tuberculeuse, rend la plante vivace.
– Les feuilles alternes sont dentées, couvertes de poils rudes, avec un sinus pétiolaire profond.
– De nombreuses vrilles permettent aux tiges de s’accrocher après les supports.
– Les fleurs sont petites, d’un blanc verdâtre. Elles se développent à l’aisselle des feuilles supérieures. On trouve généralement à la même aisselle :
– Une petite grappe de fleurs mâles
– Et une fleur femelle, isolée.
– Les fleurs mâles comprennent : un calice renflé en coupe, à 5 segments, une corolle à 5 lobes profonds, 3 étamines, dont les filets courts sont soudés en une petite colonne, au centre de la fleur.
– Les fleurs femelles ont un périanthe analogue, mais elles portent un gros ovaire infère, à une seule loge, renfermant un seul ovule et surmonté par un stigmate, à 5 lobes recourbés.
– L’ovaire se développe en un gros fruit drupacé, orné de nombreux poils rudes et, parcouru par quelques sillons longitudinaux.
– Il renferme une seule graine, ovale, comprimée, à bords aigus.
– On consomme, non seulement le fruit après cuisson, mais encore, les jeunes pousses, comme brèdes et même les tubercules.

Chouchoute

b) La pastèque ou melon d’eau, Citrullus vulgaris ou Citrullus lanatus (Cucurbitaceae), est abondante aux bords des étangs et des lacs et sur les alluvions du domaine occidental. Elle est cultivée dans toute l’île. Son introduction est très ancienne, antérieure au 17ème siècle. Elle fut probablement introduite par les Arabes qui la cultivent souvent. Les Malgaches l’appellent suivant les régions : voabe, voamanga, voantsiriky. Ce dernier nom est sans doute une allusion à la forme de ses feuilles très découpées. Son fruit, très volumineux, est agréable pour sa fraîcheur, mais peu parfumé.

c) Parmi les plantes les plus anciennement introduites de cette famille :
– Il faut citer une sorte de melon, melon malgache que les Malgaches nomment : voatango, Cucumis melo, à fruit allongé, très odorant, mais dont la chair est farineuse et sans saveur.
– La calebasse, Lagenaria siceraria ou Lagenaria sphaerica (Cucurbitaceae), était aussi déjà cultivée du temps de FLACOURT (1650)
C’est une plante originaire de l’Inde tropicale et il est intéressant de noter, que son nom vernaculaire : voatavo peut-être rapproché facilement du nom que lui donnent les Malais « tabu » lui-même dérivé du sanscrit, « atuba » On peut donc penser que l’introduction s’est opérée par l’Orient. Le jeune fruit est comestible et a des propriétés purgatives.
Le fruit mûr a un péricarpe dur qui sert à faire différents ustensiles de cuisine, selon les formes très diverses du fruit de cette espèce, cultivée depuis l’antiquité (PLINE).
– La pipengaye, Luffa acutangula (Cucurbitaceae), originaire d’Asie, que les Créoles dénomment parfois pittoresquement : « œuf de bourrique ». Elle a été introduite beaucoup plus récemment, en provenance de la Réunion. Elle s’est cependant naturalisée, çà et là, dans les régions côtières. Son jeune fruit est comestible. Ensuite, celui-ci développe des fibres qui le rendent impropre à la consommation.
– La margoze, Momordica charantia (Cucurbitaceae) qui tire son nom, de l’espagnol « amargosa, signifiant amer », reçoit souvent des Malgaches un nom de signification analogue : mafaibe.
– C’est une liane haute de plusieurs mètres, à vrilles, dont les feuilles sont alternes, simples et lobées.
– Sa fleur a : 5 pétales, de couleur jaune pâle et des étamines, jaunes d’or.
– Ses fruits, oranges, muriqués, plus ou moins oblongs, très amers, s’ouvrent sur des graines rouges.
– C’est qu’en effet, son fruit présente une saveur extrêmement amère qui le fait utiliser comme condiment. C’est un petit fruit fusiforme, atteignant au plus une vingtaine de centimètres de long, pourvu d’ailes irrégulièrement contournées qui lui donnent un aspect caractéristique.
– Ce fruit s’ouvre à maturité par 3 fentes à son extrémité inférieure et laisse alors échapper de nombreuses graines.
– On lui prête beaucoup de propriétés qui le font utiliser par les empiriques, comme amer, tonique, drastique, vermifuge et vulnéraire.
– La margoze s’est répandue rapidement autour des villages des régions côtières et sur les alluvions des fleuves occidentaux.

– Enfin le concombre, Cucumis sativus, nommé en malgache Voantangombazaha qui est une plante pan-tropicale, originaire d’Asie tropicale, Chine et Himalaya, connue depuis des millénaires en Orient et devenue très rare. Le concombre et sa variété, le cornichon sont comestibles, mais
la partie verte, externe, est irritante. La pulpe du concombre est très appréciée en cosmétologie.
– Le cornichon est une variété de concombre, dont les fruits sont confits dans le vinaigre.

– La patole, Trichosanthes cucumerina, syn. T. anguina, nom formé de trichos = poil et anthos = fleur ou en créole, snake gourd signifiant, courge du serpent. Les Malgaches l’appellent : patoly, pataoly (betsim.) :
– Le genre comprend, 15 espèces, de la Malaisie au Pacifique.
– Cette espèce est originaire d’Indo-Malaisie.
– Le fruit peut atteindre jusqu’à 200 centimètres de long et est consommé cru, encore jeune.

Ces dernières Cucurbitacées sont fréquemment cultivées dans le Centre de l’île et servent surtout à l’alimentation des Européens.

Voir aussi : [->art41].