Le Manioc

Le Manioc

Euphorbiacées :

14ème TYPE

Le MANIOC

Le manioc, Manihot esculenta, syn. M. utilissima (Euphorbiaceae), est originaire d’Amérique du Sud. C’est La BOURDONNAIS qui en 1735, l’apporta du Brésil à la Réunion. Il donne lieu aujourd’hui à une culture des plus répandues dans la Grande-Île et sert d’aliment fondamental à de nombreuses populations. Sa production annuelle peut-être évaluée à 1.500.000 tonnes. Il est particulièrement cultivé en Emirne et dans le Betsileo et surtout dans la plaine du lac Alaotra et dans le Sambirano.
– C’est un arbuste à gros rameaux, pourvus d’une moelle abondante et secrétant un latex assez abondant.
– Les feuilles alternes sont palmées et comportent de 3 à 11 lobes, suivant les variétés. Elles portent, à la base du pétiole, deux petites stipules plus ou moins velues. La partie inférieure du limbe de la feuille présente un aspect pruineux, dû à la présence de nombreux poils courts, monocellulaires.
– Les inflorescences sont terminales. Ce sont des grappes comprenant deux sortes de fleurs :
– 1°) À la base, se trouvent une ou deux fleurs femelles. Elles comprennent : un calice blanc, verdâtre, plus ou moins lavé de rouge, à 5 lobes et au centre, un gros ovaire supère à 3 loges, surmonté par les 3 stigmates à peu près sessiles.
– 2°) Au sommet, des fleurs mâles ayant un périanthe analogue, mais renfermant 10 étamines et un ovaire rudimentaire.
– Le fruit est une capsule de la taille d’une cerise, portant 6 côtes longitudinales, plus ou moins atténuées. Il s’ouvre à maturité en 3 coques bivalves, renfermant chacune une graine. Celle-ci est ovoïde, marbrée, pourvue à l’une de ses extrémités d’une caroncule. Elle a un peu l’aspect d’un petit coléoptère qui ferait le mort.

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À la base de chaque pied de manioc se trouvent de grosses racines tuberculeuses, fasciculées. Ces racines renferment de l’amidon, en quantité :
– 1°) Elles sont très nourrissantes et peuvent servir telles-quelles ou après séchage (bouchons), à l’alimentation de l’homme et des animaux.
– 2°) On peut aussi en extraire la fécule qui est elle-même transformée, en tapioca.
D’importantes usines installées dans la vallée du Mangoro et aux environs d’Ambatondrazaka, procèdent à cette transformation. Madagascar exporte environ 10.000 tonnes de tapioca, chaque année.

PLANTES VOISINES

Le pignon d’Inde ou pulghère, Jatropha curcas (Euphorbiaceae), est une des plus répandues. Les Malgaches le nomment généralement kinampotsy ou tanantanampotsy :
– Ses graines contiennent une huile aux propriétés, purgative et drastique, mais qui utilisée sans discernement par certaines personnes provoque souvent des accidents.
– Cette huile sert aussi pour l’éclairage.
– Elle peut être rendue siccative par un traitement approprié et, utilisée alors pour la préparation des peintures, vernis, etc.
– Les graines peuvent-être, enfilées elles-mêmes, sur des tiges de graminées et constituent ainsi des sortes de mèches qu’on allume directement. Elles donnent une belle lumière et sont encore souvent utilisées.
– Le latex abondant de la plante peut-être, utilisé en application sur les plaies pour éviter les hémorragies et sur les piqûres de guêpes. Les enfants s’en servent souvent à la Réunion pour faire des bulles, en guise d’eau savonneuse.

Le pignon d’Inde sert souvent de clôtures aux terrains cultivés ou de tuteurs pour la vanille. Il se développe bien jusqu’à 1.200 mètres d’altitude et même jusqu’à 1.400 mètres, dans les bonnes expositions. Il s’est naturalisé sur les alluvions des fleuves de l’Ouest et y prend une grande extension. Cet arbuste provient de l’Amérique tropicale et fut introduit par la Réunion vers le 18ème siècle.

Le ricin, Ricinus communis (Euphorbiaceae), connu sous les noms vernaculaires de kinamena ou de tanatanamanga, est encore un arbuste à graines oléagineuses.

L’huile de ricin a des propriétés purgatives bien connues. Elle a aussi de nombreux usages industriels : graissage des moteurs, teinturerie, produits insecticides, etc.

La plante originaire de l’Afrique tropicale est abondamment naturalisée autour des villages et sur les alluvions des fleuves de l’Ouest.

Cet arbuste porte de grandes feuilles, alternes, palmées à 5-9 lobes dentés, portées par un pétiole muni de glandes. Les inflorescences sont des grappes terminales, constituées à la base par des fleurs mâles et au sommet par des fleurs femelles. Ces fleurs sont monoïques et dépourvues de pétale.
– Les mâles comprennent : un calice formé dans le bouton et se déchirant à l’éclosion de la fleur, en 3 ou 5 lobes, plus ou moins réguliers. Les étamines très petites sont portées par des filets ramifiés. Elles sont très nombreuses (jusqu’à 1000 sur certaines fleurs)
– Les femelles ont un calice, à 5 sépales qui tombent dès l’éclosion de la fleur. L’ovaire volumineux porte des aspérités molles. Il est divisé, en 3 loges mono-ovulées et, surmonté de 3 stigmates sessiles, fourchus, généralement rouges. Le fruit est une capsule s’ouvrant à maturité, en 3 coques bivalves.

Les aleurites ou bancouliers, Aleurites molluccana (Euphorbiaceae), sont de beaux arbres, d’origine asiatique. Ils ont été introduits assez récemment par le Service de l’Agriculture. Leurs fleurs sont décoratives, bien que dépourvues de pétale, car le calice y est brillamment coloré (blanc pur ou blanc rosé) Le fruit est une grosse capsule de la taille d’une pomme, légèrement charnue. Elle est partagée en 3 loges, renfermant chacune une graine à tégument épais, pierreux. Ces graines contiennent une pulpe blanche, comestible quand elles sont jeunes, mais qui acquiert rapidement des propriétés purgatives. On en extrait une huile siccative, très utilisée pour vernir les bois, imperméabiliser les cuirs, etc. Ils font l’objet d’une culture qui s’étend rapidement, en particulier dans la région du lac Itasy.

Les euphorbes constituent sans doute un des groupes des plus importants du globe (1200 espèces, dont près d’une centaine à Madagascar). Ce sont des herbes ou des arbustes, souvent sans feuille, à port cactoïde, souvent pourvus de nombreuses épines. Elles contiennent toutes, un latex abondant, à propriétés vésicantes énergiques, dangereux surtout pour les yeux.

Une des espèces les plus répandues dans les jardins est l’euphorbe très-belle souvent dénommée « Madagascar », on se demande d’ailleurs pourquoi, car elle provient du Brésil et fut introduite par Edmond FRANCOIS, en 1923. Elle appartient au sous-genre Poinsettia, Euphorbia pulcherrima (Euphorbiaceae) et on la connaît souvent sous ce nom.
– Elle fleurit au début de la saison sèche et on peut admirer alors dans les jardins les magnifiques bouquets d’un rouge pourpre qui constituent les grandes bractées qui enveloppent ses inflorescences.
– Les fleurs elles-mêmes qui sont groupées au centre de ces belles bractées, sont insignifiantes, elles sont vertes et petites.
– Leur organisation est très
curieuse. Sur une sorte de réceptacle, portant une grosse glande à nectar, on voit un ovaire à 3 loges, porté au sommet d’un pédoncule recourbé : c’est la fleur femelle, réduite à sa plus simple expression.
– À côté d’elle, sur le même réceptacle, se trouvent de nombreuses étamines articulées qui sont autant de fleurs mâles rudimentaires.
– Toutes ces fleurs sont nues, presque complètement dépourvues de périanthe. Une telle organisation a reçu le nom de cyathium.
– L’ovaire se transforme après la fécondation, en une capsule à 3 coques, refermant 3 graines.

Dans d’autres espèces, telles que : l’euphorbe splendide ou l’euphorbe de Bojer, Euphorbia millii var. splendens et Euphorbia bojeri (Euphorbiaceae), connue en malgache sous le nom de songosongo, le cyathium est entouré de petites bractées colorées de rouge et peut être très décoratif, mais les fleurs elles-mêmes sont toujours nues.

Il existe des formes de transition qui peuvent nous servir à expliquer le passage des grappes de fleurs monoïques, à cette curieuse organisation du cyathium. Chez les dalechampies, Dalechampia clematifolia (Euphorbiaceae), notamment, lianes fréquentes dans le Centre et l’Ouest de Madagascar. Les Mernes les utilisaient autrefois, sous le nom de teloravina, pour teindre les rafias, en noir et les Betsileo s’en servent pour se noircir les dents et les dénomment, vahendrongony. Leurs inflorescences ont une organisation intermédiaire. Trois fleurs femelles et un grand nombre de fleurs mâles sont en effet réunies en un fascicule, entouré de deux grandes bractées colorées, en jaune ou en blanc.

Ces plantes forment l’importante famille des Euphorbiacées.

L’Euphorbe très-belle ou « Madagasikara »

Cette belle Euphorbe provient d’Amérique centrale et a été introduite à Madagascar, par le Service des Parcs et Jardins, en 1923.

Voir aussi : [->art43].