Le Muflier

Le Muflier

Scrofulariacées :

Labiacées – Acanthacées – Bignoniacées

(Bignoniacées-Créscentiées)

(Bignoniacées-Técomées)

11ème TYPE

Le MUFLIER ou GUEULE de LOUP

Le muflier, Antirrhinum majus (Scrophulariaceae) ou gueule de loup, est une plante originaire de la région méditerranéenne qui pousse vigoureusement sur les Hauts-Plateaux et est souvent cultivée dans les jardins pour la beauté de ses fleurs :
– Le calice comprend : 5 lobes inégaux. La corolle comporte : un tube bossu à la base et partagé au sommet en 5 lobes formant deux lèvres. On lui donne le nom de corolle personée, en raison de la ressemblance qu’elle présente, avec les lèvres énormes des masques dont s’affublaient les comédiens de l’antiquité (ces masques portaient en latin, le nom de persona). Les deux lobes supérieurs dressés forment la lèvre supérieure, tandis que les trois lobes inférieurs étalés forment la lèvre inférieure. Le lobe central inférieur, plus petit que les latéraux, se relève en une pièce généralement velue qui ferme la gorge de la fleur. Il y a quatre étamines, dont deux grandes et deux petites.
– L’ovaire est supère et renferme de nombreux ovules. Il est surmonté d’un style terminal.
– Le fruit est une capsule renfermant de nombreuses graines très petites.

PLANTES VOISINES

a) On rencontre souvent à Tananarive une liane à fleurs roses personées rappelant beaucoup, mais en plus petit, celles du muflier. C’est une Maurandie, Maurandia ou Lophospermum (Scrophulariaceae) ou Asarina, introduite du Mexique et qui est devenue sub-spontanée sur quelques vieux murs de la ville.

b)Il faut signaler encore une curieuse plante répandue dans les marais et les rizières de toute l’île : l’Hydrotriche, Hydrotriche hottoniaeflora, que les Malgaches nomment, volonkotona. C’est une herbe aquatique qui nage et dont les tiges sont maintenues à la surface de l’eau, par de petits
ballonnets remplis d’air. Ses feuilles sont extrêmement minces, réduites à de simples filaments. Au mois de septembre, on voit apparaître de petits pédoncules dressés qui portent une fleur rose ou jaune, ne dépassant pas un centimètre, mais construite absolument comme celle du muflier.

Ces plantes forment la famille des Scrofulariacées (Scrophulariaceae) du nom de la scrofulaire qui est une plante de l’Europe tempérée.

FAMILLES VOISINES

Les Labiacées (Labiateae) :
– Ont une fleur à pétales soudés, irrégulière, à ovaire supère comme les Scrofulariacées, mais elles s’en séparent, par leur ovaire constitué de 4 carpelles libres et qui donne naissance à 4 akènes et non à une capsule.
– D’autre part, le style est généralement inséré sur la base de l’ovaire et non terminal.

Il est intéressant de noter que c’était par des caractères analogues que nous séparions les Solanacées, des Borraginacées. Ce groupe est donc très homogène :
– Il existe d’ailleurs dans la nature de nombreuses formes de passage entre les Solanacées et les Scrofulariacées, d’une part
– Et entre les Borraginacées et les Labiacées, d’autre part.
Pour ne citer que des exemples de la première transition :
– Le pétunia, Petunia x hybrida (Solanaceae) une plante herbacée, au feuillage ramifié, vert, duveteux et collant, est souvent cultivé dans les jardins de Tananarive, pendant la saison sèche. Il présente une fleur légèrement irrégulière, mais dont les 5 étamines sont fertiles.
– La brunfelsie, Brunfelsia calycina (Solanaceae), plus connue sous le nom de jasmin d’Afrique, bien qu’elle soit originaire d’Amérique, est un charmant arbuste souvent cultivé dans les jardins pour ses fleurs abondantes qui dégagent un parfum délicat. Leur coloration, d’abord d’un bleu intense, passe au fur et à mesure qu’elle se fane, au bleu pâle, puis au blanc, ce qui lui vaut le nom malgache de telomiova. Les botanistes ont été bien embarrassés pour la classer, car sa corolle irrégulière tend vers la forme personée et 4 de ses étamines sont fertiles, la dernière n’étant que rudimentaire. On ne l’a placée parmi les Solanacées qu’en raison de ce rudiment d’étamine.

Cela nous montre combien sont fragiles nos classifications. Ce sont des abstractions créées par l’esprit humain, pour permettre une étude plus facile d’un monde excessivement vaste et complexe. Toutefois, ces classifications ne sont pas arbitraires. De nos jours, les recherches chimiques ont souvent confirmé la parenté des plantes d’une même famille.

Les plantes, les plus répandues à Madagascar parmi les Labiacées, sont surtout :

a) Les basilics, Ocimum basilicum (Labiaceae) ou pistou, en provençal dont les noms vernaculaires sont : keranjany, kiranjay en hova rombiromby et romba en sakalava ou basilic grande feuille, Ocimum gratissimum (Labiaceae) :
– Ce sont des herbes ou des arbustes, dont les feuilles secrètent des essences à odeur très pénétrante qui pourraient être extraites par distillation. La teneur en camphre d’une de ses essences est assez élevée pour permettre l’extraction de ce produit.
– Ils sont parfois utilisés comme condiments et passent pour avoir des propriétés digestives et toniques.
– Les graines et les feuilles broyées sont par ailleurs antinévralgiques et servent contre les maux de tête.
– Les basilics sont naturalisés, çà et là, autour des lieux habités et certaines espèces ont pris une grande extension dans l’Ouest, sur les alluvions sableuses des rivières.

b) Les sauges ou Salvia (Labiaceae) qui provient du latin, salvare, signifiant « sauver, guérir », n’ont que deux étamines, au lieu de quatre. Ce genre comprend près de 800 espèces, très diverses dans leurs formes et leurs rusticités :
– La sauge splendide, Salvia splendens ou sauge éclatante, originaire du Brésil, est fréquemment cultivée dans les jardins pour ses grappes de fleurs pourpres, dont la corolle et le calice sont colorés.

– Il existe de nombreuses espèces de sauges malgaches, arbustes ou herbes vivaces des montagnes du Centre, dont certaines sont très décoratives et mériteraient d’être cultivées :
– La sauge à 4 ailes, Salvia porphyrocalyx, par exemple qui tire son nom de la disposition curieuse de ses feuilles, en 4 rangées longitudinales. Cette symétrie se retrouve d’ailleurs chez toutes les Labiacées qui se distinguent généralement, outre les caractères de leur fleur, à leur tige à section carrée.

c) L’Hyptis, Hyptis pectinata (Labiaceae), désigné en malgache sous les noms de, sangasanganandevolahy ou sangasanganimarina ou tsangatsanganabily, en sakalava :
– C’est une plante cosmopolite, tropicale qui a envahi les lieux humides et les sols riches de presque toute l’île.
– Leur grande panicule de fleurs rouges qui leur ont valu dans le Betsileo, le nom d’afolava qui signifie « longue flamme », rappellent assez celles des sauges, mais leurs étamines ont un filet curieusement articulé avec la corolle, alors qu’il est soudé à celle-ci, chez les sauges.
– Leurs feuilles sont pourvues de nombreuses glandes qui secrètent une essence aromatique.
– On leur attribue des propriétés vermifuges et anti-dysentériques. Elles sont utilisées fréquemment dans la région occidentale, pour colorer et parfumer les rhums indigènes.

Les Acanthacées (Acanthaceae) sont très proches des Scrofulariacées. Elles n’en diffèrent guère que par leur graine dépourvue d’albumen et le réceptacle de leur fleur légèrement convexe. Cependant leurs exigences sont très différentes :
– Les Scrofulariacées sont généralement des plantes des régions tempérées ou froides, cantonnées sur les Hauts-Plateaux à Madagascar. Alors que les Acanthacées sont essentiellement tropicales et bien plus nombreuses dans les forêts côtières, que dans le domaine central.
– En même temps les Scrofulariacées comptent surtout des plantes introduites et naturalisées, alors que la plupart des Acanthacées sont indigènes et propres à Madagascar.
– Ce sont généralement des lianes, des herbes vivaces ou des arbustes. Elles ont toutes des fleurs très décoratives :

a) Cette plante, très communément plantée dans les jardins de Tananarive, le justitia ou gendarusse, Justicia gendarusa (Acanthaceae), nommée en malgache, dingadingambazaha, a été introduite de l’Inde. À la Réunion où elle est cultivée depuis longtemps et s’est souvent naturalisée, on lui donne le nom de Nitchouly. Ses feuilles nauséeuses ont un pouvoir émétique très puissant.
– C’est un arbuste pouvant atteindre 3 mètres, glabre, à grandes feuilles entières, ovales, aiguës au sommet, opposées et dépourvues de stipule.
– Il fleurit très abondamment et presque toute l’année.
– Ses fleurs sont groupées en épis terminaux. Chacune d’elle comporte à sa base trois bractées, dont l’inférieure est plus développée que les deux latérales et qui dissimulent complètement le calice, à 5 lobes égaux. La corolle est irrégulière, composée de deux lèvres. La lèvre supérieure comporte deux lobes séparés par un sillon médian, dans lequel s’enchâsse le style sur presque toute sa longueur. La lèvre inférieure présente trois lobes, les latéraux colorés uniformément, tandis que le lobe médian est finement strié de lilas. Les teintes de la corolle sont délicates et varient suivant les variétés :
– stries de couleur lilas, sur un fond mauve très pâle,
– ou stries de couleur violet-foncé, sur un fond lilas, etc.
– Il n’y a que deux étamines, insérées sur la partie inférieure de la corolle et recourbées le long de la lèvre supérieure.
– L’ovaire est supère, à deux loges, surmonté d’un long style terminal.

Les Bignoniacées comprennent de nombreux arbres et arbustes de la forêt malgache.

a) Un des plus connus est commun dans la forêt de l’Est et très cultivé encore en Imérina. C’est le zahana, zaharna, tokandilana, en merne ou sangy, tohiravina, en sakalava ou Phyllarthron de Bojer, Phyllarthron bojerianum (Bignoniaceae) :
– Ce bel arbre porte un feuillage d’un vert sombre.
– Ses feuilles opposées ont une forme très particulière : elles sont ovales et portées par un long pétiole, entouré d’ailes qui semblent former un second limbe. On dirait que quelque factieux, armé de patience, s’est amusé à coller un second article, au sommet des feuilles normales. Ces feuilles sont couvertes d’un enduit cireux assez épais. Lorsqu’on y fait une trace, avec la pointe d’un canif, cette trace reste indélébile et se détache en blanc sur le fond coloré. Elles servaient autrefois, paraît-il, à l’envoi des messages.
– Les fleurs apparaissent en septembre. Elles sont groupées au sommet des rameaux en grappes, dont le rachis est constitué d’éléments aplatis, toujours surmontés de ramifications situées dans un plan perpendiculaire aux précédents. Au sommet de chaque élément aplati du rachis sont fixées deux fleurs opposées, portées par des pédoncules coudés. Chaque pédoncule porte deux petites bractées qui restent soudées avec lui, sur la plus grande partie de leur longueur et lui donnent ainsi un aspect ailé. Elles comprennent : un petit calice, à sépales soudés, une corolle rose, légèrement lavée de jaune à l’intérieur, irrégulière, à 5 lobes, dont les bords sont légèrement laciniés, pubescents à l’extérieur et à l’intérieur. Quatre étamines, dont deux grandes et deux petites, sont soudées à la corolle, vers la base du tube. L’étamine supérieure stérile est généralement visible sous l’aspect d’un petit staminode qui n’excède pas 2 milimètres de haut. Chaque étamine fertile porte une anthère à deux loges divariquées, étendues horizontalement de part et d’autre du filet.
– L’ovaire est supère, à une seule loge, pluri-ovulée.
– Il donne naissance à un fruit charnu, comestible,
à saveur sucrée. Ce fruit est une sorte de silique comprenant deux valves et une cloison centrale, mais les valves et la cloison sont charnues, épaissies et le fruit ne peut s’ouvrir à maturité. Il renferme de nombreuses graines, plates, sans aile.
– Les fleurs, caractéristiques des Bignoniacées, forment de larges corolles de couleur rose vif, où viennent souvent s’abreuver les souimanga (oiseaux-mouches)

b) La liane aurore ou Pyrostégie de Vénus, Pyrostegia venusta (Fig. 36) si souvent cultivée à Tananarive, pour orner les murs et les pergolas, grâce à ses magnifiques fleurs, d’un rouge tango, est le type de cette famille des Bignoniacées. Elle est originaire d’Amérique.

c) Signalons aussi dans la Région Occidentale de beaux arbres situés en arrière de la mangrove : les mangarahara ou stéréospermes, Stereospermum variabile ou encore nommés mahafangalitsy, en mahafaly ou « ébènes verts » (Fig. 37) Les fruits de ces arbres sont très curieux. Ce sont des sortes de siliques s’ouvrant par deux valves sèches et comportant au centre une cloison renflée, dans laquelle s’emboîtent les graines. Chaque graine comporte un corps central globuleux, entouré d’une aile transparente. Les stéréospermes ont des feuilles composées-pennées, à folioles ovales, aiguës.

La liane aurore
s’appelle en réalité Pyrostégie de Vénus (Mots grecs : pyros = feu et stegie = toiture)

Ses innombrables fleurs, d’un rouge orangé brillant, lorsqu’elles recouvrent un toit font penser qu’il est en feu.

Elle aussi est originaire d’Amérique tropicale, mais s’est fort bien adaptée aux murs de Tananarive.

Le stéréosperme ou mangarahara

C’est un bel arbre à bois dur, souvent connu sous le nom « d’ébène-vert » Il pousse dans les forêts qui perdent leurs feuilles en saison sèche.

Noter :
-les feuilles composées
-le fruit caractéristique, en haut à droite
-la graine entourée d’une aile membraneuse.

Les trois derniers types que nous venons d’étudier ont en commun les caractères suivants :
– corolle à pétales soudés
– et ovaire supère

Ils constituent l’ordre des Gamopétales superovariées.

Le stéréo-sperme ou mangarahara

C’est un bel arbre à bois dur, souvent connu sous le nom « d’ébène vert ». Il pousse sur la Côte-Ouest, dans les forêts qui perdent leurs feuilles en saison sèche.

Noter, les feuilles composées, le fruit caractéristique, en haut à droite et la graine entourée d’une aile membraneuse.

Voir aussi : [->art40].