Le Raphia

Le Raphia

Palmiers :

Aracées

19ème TYPE

Les palmiers

Les palmiers ont un port tout à fait spécial, éminemment décoratif d’ailleurs, si bien qu’on les a cultivés depuis longtemps en Europe :
– Leur tronc est généralement très droit, mince et élancé, non ramifié.
– Une coupe de ce tronc ne montre pas ces assises concentriques qu’on rencontre chez tous les autres arbres.
– L’intérieur est uniformément constitué d’un parenchyme, au milieu duquel sont plus ou moins régulièrement disposés de très nombreux petits faisceaux libéro-ligneux.
– À l’extérieur, la tige porte encore la cicatrice des feuilles ou quelquefois leur gaine qui y reste adhérente.
– On donne le nom de stipe à ce tronc particulier des palmiers.
– Les feuilles sont toutes groupées à l’extrémité du stipe. Elles sont très grandes et déchirées en nombreuses lanières : ce sont les palmes.

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L’un des palmiers le plus répandu à Madagascar est le raphia, Raphia farinifera (Palmae), en malgache : maivanaty, fomby. Il très commun surtout dans 4 régions côtières, mais plus rare dans le Centre. On en rencontre cependant quelques beaux exemplaires dans les vieilles propriétés de l’Imerina. Il pousse dans les endroits humides, près des rivières et forme des raphières :
– C’est un arbre splendide, au stipe très droit pouvant atteindre 20 mètres, garni des gaines des vieilles feuilles.
– Les feuilles atteignent 7 à 8 mètres de longueur. Entières, lorsqu’elles sont jeunes et pliées en accordéon, elles se déchirent suivant les plis en un grand nombre de segments à nervures parallèles.
– La nervure principale qui est creusée en gouttière au sommet, est à la fois solide et légère. On l’emploie souvent pour constituer des montants d’échelles.
– Les segments des feuilles sont battus, on recueille ainsi une sorte de cire qui était à la face inférieure de la feuille.
– On les fait ensuite sécher et ils fournissent le raphia, bien connu en France des jardiniers. On en exporte chaque année 8 à 10.000 tonnes. Il sert d’autre part, sur place à la confection des rabanes ainsi que de cordages, chapeaux, vanneries diverses.

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– Le raphia ne fleurit que lorsqu’il a atteint sa plus grande dimension.
– On voit alors naître à l’aisselle des feuilles supérieures d’énormes inflorescences, enveloppées dans les bractées ou spathes. Elles atteignent souvent 4 à 5 mètres de longueur. L’inflorescence comprend de nombreuses grappes composées d’épis. L’ensemble des épis d’une grappe occupe un seul plan, présentant ainsi un aspect comprimé.
– Les fleurs sont petites, vertes, unisexuées. Les fleurs femelles occupent la base de la grappe. Elles comprennent : un petit calice tubuleux à 3 sépales, une corolle plus développée à 5 pétales et un ovaire à 3 loges, contenant chacune un ovule. Les fleurs mâles sont situées au sommet de la grappe, elles ont : un périanthe analogue à celui des fleurs femelles, mais ne renferment que des étamines au nombre de 6 à 15.
– Entre les fleurs femelles et les fleurs mâles typiques, il existe souvent des fleurs intermédiaires, portant à la fois des étamines et un petit ovaire incomplètement développé et généralement stérile. Des 3 loges de l’ovaire, une seule se développe.
– Elle donne naissance à une sorte de drupe ovoïde ou piriforme (en forme de poire) dont le tégument très dur est constitué d’écailles imbriquées les unes dans les autres, à aspect vernissé très brillant. A l’intérieur se trouve une pulpe molle, jaune, riche en matière grasse que les Sakalaves consomment souvent et qu’ils nomment « voampizo »
– Le centre du fruit est occupé par une graine dure.
– En incisant les spathes de l’inflorescence jeune, on obtient un liquide sucré et abondant « le vin de palme » connu en malgache sous le nom de : harafa.
– Le raphia ne fleurit qu’une fois, quand toutes les inflorescences ont produit leurs fruits, la plante meurt. On dit qu’elle est monocarpique.
– D’autre part, le bourgeon terminal du raphia est comestible :
– Il est même très savoureux et se vend cher.
– Aussi, en a-t-on fait une ample consommation, détruisant ainsi un grand nombre de plantes car le bourgeon terminal d’un palmier, une fois coupé, ne peut plus se développer et meurt rapidement.
– Le raphia est maintenant protégé : Il est interdit de couper les « cœurs de raphia » et on fait des semis, importants en vue de nouvelles plantations.

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Le rônier de Madagascar, Borassus madagascariensis (Palmae) ou le dimaka des Sakalaves, est un beau palmier de l’Ouest et du Nord-ouest :
– Il atteint une vingtaine de mètres de hauteur.
– Son tronc lisse, sur lequel les cicatrices des feuilles sont peu marquées, est nettement renflé vers le milieu.
– Il porte à l’extrémité un bouquet de grandes feuilles, en forme d’éventail qui atteignent 2 mètres de long, sur 2 mètres 50 de large, pourvues d’un pétiole, de 2 mètres environ, creusé en gouttière et garni sur les bords de petites aiguilles.
– C’est une plante dioïque.
– Les fleurs mâles et femelles sont portées par des pieds différents. Elles sont groupées en inflorescences volumineuses.
– Le fruit est une grosse baie atteignant la taille de la tête d’un enfant, arrondie et pourvue à sa base des 6 pièces du calice et de la corolle qui se développent en même temps que l’ovaire. La pulpe de ce fruit, fibreuse, d’un jaune rougeâtre, est sucrée et assez parfumée. Elle sert à la préparation de boissons alcooliques.
– Le tronc renflé de ce beau palmier sert à la confection de coffres et de barriques primitives. Enfin, son bourgeon terminal constitue un bon chou palmiste.

Signalons encore, parmi les palmiers les plus utiles, le satranabe, Bismarckia nobilis (Palmae) ou médémie noble, très abondant dans tout l’Ouest, dans les savanes brûlées, car il résiste bien au feu.
– Il ressemble au rônier dont nous venons de parler, mais ses feuilles ont une teinte plus glauque, un peu bleutée. Elles sont dépourvues des petites ponctuations rouges qu’on trouve sur le limbe de ce palmier.
– Le fruit est beaucoup plus petit, de la taille d’un œuf de poule.
– La moelle de l’intérieur du stipe est comestible, féculente et riche en matières albuminoïdes.
– Les fibres contenues dans le pétiole sont exportées, sous le nom de piassava. Elles servent en Europe à la confection de paillassons, brosses, etc. Les segments foliaires servent en vannerie.

Le satranamira, Hyphaene coriacea (Palmae) ou hyphène coriace, est plus petit que le précédent. Il vit aussi dans les savanes de l’Ouest :
– Son tronc émet à la base d’abondants rejets qui permettent de le distinguer facilement du satranabe et du dimaka.
– Son fruit appelé en sakalave, loloko est comestible.
– On se sert des feuilles pour de nombreux ouvrages de vannerie et les fibres du pétiole sont exportées comme piassava.

Le dattier de Madagascar, Phoenix reclinata, que les Sakalaves connaissent sous le nom de taratra, tandis que les Tanala et les Antaimoro le nomment daro :
– Il fournit un petit fruit rappelant beaucoup la datte d’Afrique, à pulpe sucrée et parfumée, mais peu abondante.
– Il dépasse rarement 3 à 4 mètres de hauteur et forme des touffes drues à peu près impénétrables, car la base de ses feuilles est armée de piquants redoutables.

Le cocotier, Cocos nucifera (Palmae), nommé en malgache, nio (l’arbre), Dafo, Kamba (tank.) :
– Il prospère sur toutes les côtes basses et chaudes : Côte-orientale, Sambirano, Nosy-Be, etc. Une très grande cocoteraie a été plantée au Nord de Sambava, avec une variété naine. C’est une plante pan-tropicale dont les noix nécessitent un séjour dans l’eau pour germer et ont été disséminées grâce à la mer. Le cocotier est sans doute une des plantes les plus utiles du monde
– Les Polynésiens qui l’apprécient beaucoup prétendent, qu’il a autant d’usages qu’il y a de jours dans l’année.
– Les feuilles servent en vannerie et pour la confection des toitures.
– La base du tronc fournit un bois extrêmement dur appelé « bois de porc-épic »
– Les racines ont des propriétés diurétiques et sont utilisées dans le traitement des fièvres.
– Le suc des fleurs fermenté fournit une boisson alcoolique.
– Le bourgeon terminal constitue un excellent chou palmiste, on en extrait par cuisson un sucre grossier, généralement connu dans l’Inde et en Malaisie, sous le nom de « jaggery »
– Mais la partie la plus utile est la noix de coco. Elle comporte une coque dure qui sert à la confection de nombreux instruments.
– Cette coque est entourée d’une fibre grossière très résistante à l’action de la mer : Le coir qui est utilisé pour la fabrication des cordages de marine.
– À l’intérieur se trouve une amande qui entre dans l’alimentation
des Malgaches.
– Quand le fruit (voanio, voaniho) n’est pas encore mûr, il contient un liquide sucré : « le lait de coco » qui est une excellente boisson.
– Le coprah ou kaopra n’est pas autre chose que l’amande desséchée. Il fait l’objet de grosses exportations sur l’Europe, où on en extrait une huile pour la fabrication des articles de parfumerie, des bougies et surtout du beurre végétal ( végétaline, covose, etc.).

Enfin, le palmier à huile ou éléis de Guinée, Elaeis guineensis (Palmae), existe aussi sur la Côte-occidentale de Madagascar. Les Sakalaves le connaissent sous le nom de tsingilo.

Toutes ces plantes constituent l’importante famille des Palmiers ou des Palmacées qui est bien caractérisée :
– Par son tronc particulier ou stipe ;
– Ses grandes feuilles palmées ou pennées ;
– Ses fleurs unisexuées, construites sur le type 3 ;
– Ses fruits drupacés.

FAMILLES VOISINES

Bien qu’elles en diffèrent énormément par le port, on doit placer à côté des palmiers, la Famille des Aracées qui s’en rapprochent par leurs fleurs toujours unisexuées.

On peut prendre pour type de cette famille les grands arums, Zantedeschia aethiopica (Araceae), si souvent vendus sur le marché de Tananarive :
– La splendide pièce blanche en forme de cornet, que l’on considère généralement comme la fleur, est en réalité une bractée ou spathe.
– Au centre de ce cornet, on observe une sorte de tige cylindrique jaune : C’est l’inflorescence ou spadice. Si l’on regarde sa surface avec attention, on voit qu’elle est légèrement granuleuse. Chaque petit granule est une fleur.
– Les fleurs femelles sont groupées à la base du spadice et les fleurs mâles au sommet. Ces fleurs sont très simples. Elles ne comportent pas du tout de périanthe. Les fleurs femelles sont réduites à un ovaire, à une seule loge et les fleurs mâles, à une seule étamine.
– L’arum est une plante herbacée qui affectionne les endroits humides.
– Son appareil végétatif se réduit à une tige souterraine, très courte, sorte de tubercule sur lequel se développent de grandes feuilles en fer de lance, d’un vert gai.

Le songe appartient à cette famille, Colocasia esculenta, syn. C. antiquorum (Araceae), en malgache, saonjo, anantsaonjo, tarela (tan.), horirika (mer.) :
– C’est une plante herbacée de 50 à 70 centimètres de haut, à feuilles membraneuses, hastées, portées par un long pédoncule, dont la spathe entoure l’inflorescence, blanc verdâtre.
– Elle est originaire de 1’Inde.
– Elle est très cultivée dans toute l’île pour ses tubercules alimentaires riches en amidon qui servent à l’alimentation de l’homme et des animaux.
– Sa culture se fait sur les Hauts-Plateaux où il est nécessaire de faire une petite cuvette à son pied, pour maintenir de l’humidité et dans les zones humides.
– Son introduction à Madagascar doit avoir été contemporaine de celle du riz. Les Betsimisaraka lui donnent encore le non de taho qui est à rapprocher du malais taloe et du polynésien taro.
– La plante, malgré son introduction très ancienne, n’est pas naturalisée.
– Elle ne fleurit que très rarement et ne fructifie jamais.
– Le songe ou taro est toxique dans toutes ses parties et ne devient comestible qu’après cuisson.

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Les viha ou typhonodores, Typhonodorum lindleyanum (Araceae), en malgache via, mangoka, mangaska, dont le genre Typhonodorum ne comporte qu’une espèce et est sans doute originaire de Madagascar :
– Ce sont de grandes plantes aquatiques, pouvant atteindre 2 mètres de haut et habitant les marais des régions côtières chaudes, jusque vers 800 mètres d’altitude. On les trouve tout au long de la Côte-Est et dans les eaux dormantes, sur les Hauts-Plateaux.
– Elles portent de grandes feuillées échancrées en cœur, à la base.
– La fleur comprend une grande spathe blanche, avec le centre jaune.
– Le fruit reste entouré de la spathe.
– Le rhizome contient de la fécule, mais aussi un suc irritant qu’il faut éliminer avant de le consommer. Cette fécule n’est utilisée qu’en période de disette.
– D’autre part, son tubercule est utilisé frais et râpé, en application contre les morsures des animaux venimeux.
– Les grandes gaines des feuilles contiennent des fibres assez solides, qu’on peut extraire facilement et dont les Sakalaves se servent souvent pour faire des filets de pêcheur.
– Les graines bouillies plusieurs fois peuvent aussi être comestibles.

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Voir aussi : [->art37].