Le Riz

Le Riz

Graminées :

Cypéracées

Pandanacées – Aponogetonacées

18ème TYPE

Le RIZ

Le riz, Oryza sativa (Gramineae) ou vary en malgache, est certainement la plante la plus cultivée à Madagascar et son grain entre dans l’alimentation de toutes les populations de la Grande-Île. Ce genre comprenend, 19 espèces.
– Tout le monde connaît donc bien cette plante herbacée, dont les tiges ou chaumes, ont la particularité d’être creusées d’un canal, entre les nœuds.
– Ses feuilles linéaires, à nervures parallèles, portent à leur base une gaine très développée qui enveloppe complètement la tige sur une grande longueur.
– Les fleurs sont disposées en une grande panicule terminale. Elles sont petites et peu visibles. Chaque fleur est entourée de 4 bractées, 2 très petites à la base, appelées « glumes » et 2 autres plus grandes, les « glumelles »
– La glumelle extérieure est coriace, rigide, terminée au sommet par une pointe plus ou moins développée : l’arête.
– La glumelle interne, plus petite, est emboîtée dans la première.
– La fleur proprement dite comporte : 6 étamines et un ovaire uniovulé, muni de deux styles plumeux qui font saillie en dehors, entre les glumelles.
– Le fruit est une sorte d’akène, mais les parois de la graine et celle du fruit sont intimement soudées. Le tégument du fruit peut être de couleur rouge, jaune ou blanche. On donne à cet akène particulier le nom de caryopse. Le grain de riz reste enveloppé étroitement, même à maturité, dans les glumelles. On lui donne alors le nom de pady.

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Le grain de riz renferme un petit embryon pourvu d’un seul cotylédon et un volumineux albumen farineux.

C’est l’amidon contenu dans ce volumineux albumen du grain qui renferme les principes nutritifs très riches du gain de riz. Par contre, ce grain ne renferme aucune matière azotée, analogue au gluten du blé. C’est pourquoi, il est impropre à la fabrication du pain. Le tégument du fruit qu’il soit coloré ou incolore, renferme une substance extrêmement importante pour l’alimentation de l’homme et des animaux : la vitamine B 1 ou antineurine. L’absence de cette substance dans la ration alimentaire détermine une grave maladie de carence : le béribéri. Aussi, est-il bien préférable de consommer le riz avec sa pellicule et non le riz blanchi (varyfotsy).

Le riz occupant une place prépondérante dans la nourriture des Malgaches, ils doivent en faire des cultures importantes. La production actuelle atteint 65.000 tonnes. Les habitants de la Grande Ile cultivent le riz, depuis un temps immémorial. Il fut sûrement apporté par les premiers immigrants. Les premiers européens qui débarquèrent dans la Grande-Île, signalèrent déjà sa culture comme largement pratiquée (Tristan da CUSCHA, 1506) et il était planté aux Comores avant le 10ème siècle.

Le riz est originaire de la Corée. Ses noms sanscrits sont : vrihi ou arunya. Le premier est très proche de celui du malgache, vary et est d’ailleurs à la base de notre mot « riz » beaucoup plus déformé. On retrouve des consonances très analogues dans la plupart des dialectes indo-malais et polynésiens. Il est important de noter que malgré l’antiquité de son introduction, le riz a conservé un seul nom dans toute la.

II existe aujourd’hui un très grand nombre de variétés de riz à glumes, pourvues d’arêtes ou au contraire, mutiques : C’est-à-dire sans arête, à grain rond ou très allongé, pourvu d’un tégument incolore ou rouge, etc. Tous ces riz sont plus ou moins estimés suivant les régions. On a sélectionné pour l’exportation, les riz à grain allongé : vary lava à tégument incolore et à amidon parfaitement translucide. Ces varilava de Madagascar sont probablement les plus beaux riz du monde et ils sont très appréciés sur les marchés européens.

La Culture du riz s’effectue de deux façons : en marais ou en montagne.

Les marais ou rizières sont très bien aménagés en Imerina, dans le Vakinankaratra et le Betsileo. Les souverains malgaches et surtout Andrianampoinimerina avaient compris la nécessité de cet aménagement et des travaux d’hydraulique parfois importants avaient été effectués. Aujourd’hui, des ouvrages remarquables, comme le barrage de Mantasao, ont été réalisés qui permettent la culture d’étendues de plus en plus considérables.
– Les régions les mieux aménagées sont :
– la plaine de Marovoay, dans l’Ouest,
– la vaste plaine du Betsimitatatra, autour de Tananarive, alimentée par l’immense réservoir de Mantasoa,
– les environs du lac Alaotra, etc.

On se bornait autrefois à faire piétiner le sol de la rizière avant le repiquage, par les troupeaux de bœufs. Cet ameublissement insuffisant et l’absence de fumure ne permettaient pas de dépasser le rendement d’une tonne ou d’une tonne et demie à l’hectare. Aujourd’hui, grâce au labour mécanique à la charrue, aux fumures, à la sélection des variétés cultivées, on peut arriver à des rendements de 6 à 8 tonnes à l’hectare. La culture en rizière est pénible, mais peut être d’un excellent rapport.

La culture de montagne est bien différente. Elle est surtout pratiquée dans la forêt de l’Est. Celui qui veut la pratiquer commence par faire un tavy. Il abat les arbres de la forêt et les brûle. Puis sur ce sol riche, sans avoir besoin de labourer, il sème son riz et n’a plus qu’à attendre qu’il mûrisse, mollement assis.

Au bout de deux ans, le sol dénudé a été lavé par les pluies, il est devenu pauvre et a été envahi par des mauvaises herbes qui rendraient nécessaire de nombreux sarclages. Si bien que notre cultivateur de riz de montagne s’empresse de l’abandonner, pour aller faire un nouveau tavy. La forêt disparaît ainsi rapidement car sur le sol brûlé, il lui est impossible de se reconstituer, dès que la fréquence des déboisements devient trop grande.

Cette pratique des tavy, pour la culture du riz de montagne est certainement une des plus désastreuses qui soit pratiquée dans la Grande-Île. De nombreux règlements tendent à la limiter, mais il est bien difficile de l’empêcher complètement. Il faut pour cela que tous les Malgaches se persuadent que la forêt représente un capital commun, dont personne n’a le droit de distraire la plus petite parcelle.

Celui qui fait un tavy commet un véritable vol au préjudice de la collectivité nationale.

Le grain de riz blanchi (varyfotsy) contient 80 % d’amidon, des protides, glucides, lipides, calcium, iode, fer, phosphore. La teneur en vitamine B 1 dépend des divers traitements que le riz a subit, plus il est blanc, moins il est riche, puisque la vitamine est surtout contenue dans l’enveloppe. L’absence de cette vitamine entraîne le béribéri qui s’est manifesté chez des gens qui ne mangeaient que le riz blanc, dès l’administration de riz non décortiqué, le béribéri disparaissait.

Les Malgaches achèvent leur repas à base de riz, par une boisson constituée du reste de riz attaché et noircit, dilué et bouillit. C’est une sorte de café.

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PLANTES VOISINES

Les céréales ou Graminées : on donne ce nom à toutes les graines riches en amidon, des plantes voisines du riz et qui entrent comme lui, dans l’alimentation de l’homme.

Le maïs, Zea maïs = Zea mays (Gramineae), est sans doute le plus cultivé à Madagascar après le riz. Originaire de l’Amérique tropicale, il fut introduit à l’île Bourbon, par La BOURDONNAIS, en 1735. Puis de là, à Madagascar peu de temps après. Cette culture, d’abord pratiquée uniquement pour la consommation locale, a donné lieu à certaines époques à d’importantes exportations : de 15 à 50.000 tonnes.
– C’est une grande plante herbacée à feuilles rubanées, engainantes.
– Ses fleurs sont unisexuées. Les fleurs mâles, groupées en un grand épi terminal et les fleurs femelles en épis axillaires, au nombre de 2 ou 3 par plante.

Le mil, Panium miliaceum (Gramineae), très cultivé par les noirs d’Afrique pour leur alimentation, fut introduit par eux lors du commerce des esclaves, avant le XVIIe siècle. Sa culture est toujours pratiquée par leurs descendants sur les Côtes occidentale et australe, ainsi que celle du sorgho, Sorghum vulgare = Andropogon
sorghum
. Ces deux plantes sont d’origine africaine. Les Malgaches leurs donnent les noms d’ampemby, noroma, bakaka.

Le blé, Triticum, l’orge, Hordeum vulgare, le seigle, Secale cereale, l’avoine, Avena sativa, en malgache (mern.) Varinisoavaly : ont été introduits dans la région d’Antsirabe et faisaient l’objet de cultures assez importantes. Mais, l’invasion d’un champignon parasite, la rouille qui causait des dégâts redoutables, a forcé les cultivateurs à abandonner presque complètement ces céréales. Il serait pourtant possible, comme on l’a fait dans d’autres pays, de sélectionner des variétés résistantes.

Plantes industrielles

La canne à sucre, Saccharum officinarum, en malgache fary : C’est une des cultures les plus anciennes des malgaches et son introduction fut peut être contemporaine de celle du riz. Elle se développe surtout très bien sur les Côtes chaudes : Côte-orientale, Sambirano, Nosy-Be. Mais on la rencontre fréquemment jusqu’à 1500 mètres et même jusqu’à 1800 mètres, dans les situations protégées (Vakinankaratra).

La production totale de la canne à sucre peut être évaluée à Madagascar, à environ 25.000 tonnes. Ce qui permet l’alimentation de la consommation locale et l’exportation de 8 à 10.000 tonnes de sucre chaque année.
– La canne est une sorte de grand roseau dont la tige est pleine, contrairement à la plupart des graminées.
– C’est dans le parenchyme assez mou qui occupe l’intérieur de la tige, que le sucre est emmagasiné.
– On extrait le jus sucré par broyage et pression. Ce jus sucré ou vesou est traité à son tour, pour l’extraction au sucre. Il reste un résidu ou mélasse renfermant les sucres qui ne peuvent cristalliser.
– Ces mélasses fermentées peuvent permettre par distillation, la fabrication du tafia qu’on appelle improprement rhum.
– Le véritable rhum provient de la fermentation directe du vesou et de sa distillation. Le vesou fermenté est souvent consommé tel quel par les Malgaches, sous le non de « betsabetsa ». Cette boisson contient à peu près autant d’alcool que le vin ordinaire. Mais, elle est en général plus riche en principes minéraux. Elle est agréablement parfumée lorsque sa préparation est bien faite et constitue, si elle est absorbée modérément, une excellente boisson.
– La canne est une plante bisannuelle.
– Elle fleurit assez fréquemment dans les régions chaudes (Sambirano).
– Mais ses fleurs sont généralement stériles.
– On la multiplie uniquement par bouturage.

Graminées à essences odorantes

Les trois graminées ci-dessous sont de grandes herbes à feuilles linéaires. Elles accumulent, dans leurs feuilles ou leurs racines, des essences odorantes qu’on peut extraire par distillation et qui sont très utilisées en parfumerie. Elles font toutes l’objet de cultures assez importantes à Madagascar et aux Comores.

1°) La citronnelle, Andropogon schoenanthus, donne une huile volatile et a des propriétés thérapeutiques.

2°) Le lemon-grass, Cymbopogon citratus, en malgache, fatakamanitra ou veromanitra, est une plante herbacée en touffe, de 1 mètre de haut, compacte, au rhizome aromatique. Cette graminée donne une huile essentielle : l’essence de lemon-grass.

3°) Le vétiver, Andropogon muricatus = Vetiveria zizanioides ou khas-khas, khus-khus grass, est originaire d’Asie. Cette plante herbacée, robuste, atteint 2 mètres de haut. Elle est cultivée comme plante à parfum à Madagascar dans Sambirano, dans les îles de la Réunion et de Maurice. Ses racines très odorantes et sont utilisées :
– Dans les armoires à vêtements pour éloigner les insectes.
– Et après avoir été brûlées, pour éloigner les moustiques.

Les bambous, Bambusa arundinacea, sont les plus grandes plantes de cette famille :
– Leurs tiges portent des nœuds saillants et sont creuses, mais elles sont cependant très résistantes. Elles peuvent atteindre jusqu’à 50 mètres et plus.
– Les bambous jouent un très grand rôle dans l’industrie indigène. Ils servent à la construction des cases, entiers ou déployés. On s’en sert pour porter les bagages sur l’épaule. Ils permettent la fabrication d’instruments nombreux : récipients pour puiser l’eau, instruments de musique (valiha), tabatières, etc.

Les roseaux, Phragmites communis = P. mauritianus, en malgache : bararata, katsaka, volotara :
– Grande graminée, à port de bambou, peut atteindre 4 à 6 m de haut, ses rhizomes rampants sont épais et longs, de plusieurs mètres. Elle a des feuilles longues, de 50 à 60 cm et des panicules atteignant, 30 à 60 cm.
– Cette espèce est commune dans toute l’île et est fréquente, dans la Région occidentale sur les sols alluvionnaires et en région humide, surtout au lac Alaotra où elle peut atteindre 6 mètres et former des peuplements denses.
– Elle est peu consommée par les zébus.
– Ces grands roseaux servent aussi souvent à la construction des cases et un grand nombre de plantes voisines sont utilisées, suivant les régions, à la confection des toitures de chaume.

Plantes fourragères

D’immenses étendues du Centre et de l’Ouest de Madagascar ne possèdent pour toute végétation, que des plantes de la famille des graminées. C’est un petit nombre d’espèces introduites (une trentaine) qui ont colonisé ces espaces énormes.

Nous avons vu que cette formation est tout à fait artificielle, si l’homme propageant le feu n’était pas arrivé à Madagascar, la prairie n’y existerait pas. La valeur fourragère de ces espèces résistantes au feu est bien faible et les animaux doivent y parcourir de longues distances, avant de trouver leur ration d’entretien.

Seuls ont une valeur alimentaire appréciable :

a) Les vero ou Andropogon, Andropogon nardus = Cymbopogon nardus et en malgache : verofehana, veromanitra. Ils sont originaires de l’Inde et sont souvent confondus avec la véritable citronelle, Cymbopogon citratus. C’est une herbacée atteignant 2 mètres de haut, à rhizome court.

b) Les fandrotrarano ou Cynodon, Cynodon dactylon ou en créole gros chiendent, chiendent pied de poule et en malgache rampandrotra, fandrotsana, kidresy en sakalava.

Il suffit pourtant souvent de faucher la prairie au lieu de la brûler, pour que de nombreuses espèces intéressantes s’y installent rapidement : (paspales, panics, sétaires, tricholène. Cette pratique permet d’autre part, de recueillir un foin de bonne qualité qui constitue un appoint précieux au moment des plus grandes sécheresses. Jointe à l’amélioration progressive des sols par le labourage et la fumure, elle permettrait rapidement l’entretien d’un cheptel plus important, avec une surveillance très facile, du fait du faible parcours qui serait nécessaire à chaque animal.

La superficie totale de Madagascar est d’environ 500.000 km². La moitié au moins de cette superficie est brûlée chaque année, soit 250.000 km². Or un hectare de prairie peut donner en moyenne 20 tonnes de fourrage, contenant 3 % de matière azotée, soit 600 kg à l’hectare. C’est donc chaque année 15 millions de tonnes d’azote organique qui partent en fumée, soit un capital d’un milliard de francs. On comprend facilement qu’à cette cadence, la ruine de ce pays soit fatale.

La meule de foin dans chaque village est une condition indispensable de l’évolution économique de Madagascar.

Toutes les plantes que nous venons d’étudier possèdent des caractères communs très marqués :
– Tiges creuses (chaumes),
– Feuilles linéaires à nervures parallèles, à gaine foliaire embrassant longuement la tige.
– Le fruit est un caryopse (la graine n’a qu’un seul cotylédon)

Elles constituent l’importante famille des Graminées.

FAMILLES VOISINES

Les Cypéracées (Cyperaceae) ont pour type le genre Cyperus (en français : souchet) extrêmement répandu à Madagascar :

a) L’espèce la plus connue est le souchet d’Imérina ou zozoro ou bilo, Cyperus madagascariensis :
– C’est une plante des marais et du bord des rizières, facilement reconnaissable à ses grandes inflorescences dont les pédicelles primaires groupés en ombelle portent à leur sommet de petits et nombreux épillets.
– Les tiges de ces plantes séchées servent à de nombreux usages : confection de nattes, claies, corbeilles, paniers, fauteuils, malles, etc. Elles pourraient constituer une importante source de pâte à papier.
– La moelle contenue à l’intérieur des tiges est aussi utilisée pour bourrer les matelas.

b) La herana et le harefo, Heleocharis baroni, sont aussi des souchets. Ils servent également à la confection de nattes, de corbeilles et de paniers.

c) L’ahibano, Cyperus medicaulis ou souchet à tige nue, a des tiges plus fines, utilisées pour le tissage des chapeaux de paille dits « Panama de Madagascar ». Ils ont donné lieu à une certaine époque à des exportations importantes.

Famille des Pandanacées :

Les vaquois (Réunion) ou pandanus, Pandanus edulis ou Pandanus utilis (Pandanaceae), en malgache vakoa ou hoffa, sont de curieux arbres, occupant surtout les endroits humides en forêt :

1°) Au sommet d’un tronc plus ou moins ramifié, ils portent des feuilles allongées, insérées en spirale continue.

2°) Ces grandes feuilles sont très utilisées pour la confection des cases, de nattes, etc.

– Le genre Pandanus comporte environ 600 espèces dont certaines ont des fruits qui sont à la base de l’alimentation des populations de Nouvelle-Guinée et du Pacifique.
– Il y a environ 70 espèces à Madagascar.
– Leurs feuilles sont utilisées pour recouvrir les toits et en artisanat.
– En bord de mer, un de ces pandanus atteint de 3 à 15 mètres de haut. Il a des racines échasses et de longues feuilles épineuses sur leurs bords
et sur la nervure médiane. Son fruit orange à maturité est comestible.

Famille des Aponogetonacées :

On trouve enfin parmi les plantes voisines, des plantes aquatiques curieuses, telles que les ouvirandres, Aponogeton fenestralis (Aponogetonaceae), en malgache, ovirandrana, dont les feuilles sont découpées en une fine dentelle, réduite aux nervures.
– Elles sont cultivées en Europe par les amateurs d’aquarium et atteignent alors, des prix très élevés.
– Les tubercules de ces plantes sont comestibles.

Voir aussi : [->art38].