Le Café

Le caféier

Rubiacées :

Cucurbitacées

12ème TYPE

Le CAFÉIER

A) Le caféier d’Arabie, Coffea arabica (Rubiaceae), fut introduit à Madagascar au début du 19ème siècle, probablement en 1802, par MICHAUX. Il fut cultivé près de Tamatave et fut multiplié par CHAPELIER. Puis, il s’étendit tout le long de la Côte-Est. Il y vivait d’ailleurs assez mal. Remonté peu à peu vers les Plateaux par les cultivateurs malgaches, il y trouva un climat plus favorable. Au 19ème siècle c’était à peu près la seule espèce cultivée dans les plantations. Cependant, vers 1850, un redoutable champignon parasite « l’Hemileia vastarix » apparut dans les cultures de Ceylan et dévasta bientôt les plantations du Monde entier.

B) On introduisit alors à la Réunion, le caféier du Libéria, Coffea liberica qui résistait beaucoup mieux au parasite. Ce caféier fut amené sur la Côte-Est, avant la conquête française et sa culture fut intensifiée dès l’installation du Service de l’Agriculture.

C) Le caféier Kouilou fut introduit en 1900, par un planteur de la Côte orientale, Monsieur NARRAS. Sa grande vigueur, sa résistance parfaite aux maladies, son rendement important, le firent bientôt préférer par les planteurs et dès 1912, il avait pris une grande importance.

D) La Station d’essais de l’Ivoloina reçut, en 1901, du Jardin colonial de Nogent, une centaine de graines d’un caféier du Congo. Ce nouvel arbuste se montra aussi très résistant au champignon parasite et fut multiplié en grand.

Ce sont ces deux espèces qui fournissent à l’heure actuelle, le fond des exportations de la Grande-Île : exportations atteignant chaque année de 20 à 30.000 tonnes. Ces cafés n’ont pas l’arôme exquis du café d’Arabie, mais ils sont plus appréciés pour la production des cafés solubles.

La production du caféier d’Arabie, sur les terres volcaniques riches des Hauts-Plateaux (Itasy, Ankaizina), serait possible en organisant la défense des plantations contre l’Hemileia par des pulvérisations fongicides.

Ces caféiers sont des arbustes ou de petits arbres, à feuilles opposées, stipulées :
– Les deux stipules conjointes, des deux feuilles opposées, se soudent en une seule languette interpétiolaire, comme d’ailleurs chez la plupart des Rubiacées.
– Les fleurs blanches, à parfum très pénétrant, sont portées par de très courts pédoncules et agglomérées en bouquets serrés à l’aisselle des feuilles. La fleur régulière comporte un réceptacle concave, à l’intérieur duquel est soudé l’ovaire infère. Sur les bords du réceptacle se fixent un calice, à 5 lobes soudés, très petits ou même nuls et une corolle blanche, à long tube s’élargissant peu à peu vers le sommet, à gorge souvent pubescente, à limbe découpé en 5 lobes tordus dans le bouton. (Certaines fleurs, anormales, mais fréquentes, portent 4 ou 6 lobes). 5 étamines, dont les filets courts s’insèrent sur la gorge de la corolle, font saillies au centre de la fleur.
– L’ovaire infère est généralement à deux loges. Il est surmonté d’un style dépassant la longueur du tube de la corolle et qui s’épanouit au-dessus des étamines, en un stigmate à deux lobes.
– Le fruit est une baie appelée vulgairement « cerise » en raison de la belle coloration rouge qu’elle prend à maturité. Elle comprend une pulpe molle, plus ou moins abondante et deux noyaux convexes sur une face et plans sur l’autre qui sont des grains de café. Ces noyaux sont entourés d’une pellicule parcheminée : la parche

Pour préparer le café :
a) On écrase généralement les cerises au moyen d’un dépulpeur.
– La séparation de la pulpe et des grains est faite par un courant d’eau.
– On laisse ensuite fermenter les grains en parche, pendant 24 à 48 heures.
– On les lave après ce temps et on les fait sécher.
– Il faut alors enlever la parche. On utilise à cet effet le déparcheur, un appareil composé d’une vis sans fin qui entraîne les grains dans un cylindre fixe et les forcent à passer par un goulet obturé, par un clapet de résistance réglable. Le frottement, contre les parois du cylindre et du clapet, permet l’enlèvement de la parche.
– Il ne reste plus qu’à vanner.

b) On laisse aussi parfois sécher les cerises au soleil, sans les dépulper. Une fois les cerises desséchées, ce qui demande souvent longtemps, on les passe dans une décortiqueuse. Les cultivateurs malgaches les décortiquent même souvent au pilon. Ce procédé est moins bon, il donne un café chargé de brisures, et de valeur commerciale toujours moins élevée.

Le café pris en infusion a des propriétés toniques et excitantes bien connues. Il est d’autre part très aromatique. Ses propriétés excitantes sont dues surtout à la présence d’un alcaloïde : la caféine. Alors que l’arôme du café est dû à une huile odorante : la caféone. Pour éviter les inconvénients présentés pour certaines personnes par l’absorption de l’alcaloïde, on prépare aujourd’hui des cafés décaféinés.

Il est intéressant de signaler que Madagascar et en particulier les régions de l’Ouest et du Sambirano, comptent plusieurs espèces indigènes de caféiers : caféier de Perrier, caféier tétragone, caféier de Bonnier, caféier de Gallieni, etc. Ces caféiers malgaches ont de petits grains, généralement dépourvus de caféine. Une Station a été créée à Kiangavato, sur la Côte-Est, pour essayer de sélectionner les caféiers malgaches, naturellement dépourvus de caféine. Ils pourraient constituer alors une production originale, intéressante.

Café

Café

PLANTES VOISINES

Les quinquinas, Cinchona officinalis, sont des arbres américains dont les écorces fournissent un alcaloïde bien connu : la quinine.
C’est en 1639, que les premiers quinquinas furent importés en Europe, à la suite de la guérison de la Comtesse de CHINCHON, femme du vice-roi du Pérou. C’est pourquoi LINNÉ, leur donna le nom scientifique de Cinchona. Ces arbres ne furent mis en culture que 200 ans plus tard, à Java, en 1847 et dans les Indes, par les Hollandais et les Anglais. Ces plantations fournissent actuellement, toute la quinine du Monde, les arbres spontanés des Andes de Colombie ayant disparu depuis longtemps, détruits par une exploitation abusive.

En ce qui concerne la France, ce n’est guère que vers 1860, que les premières tentatives furent faites aux Antilles. À la Réunion l’introduction du quinquina, (Cinchona succimbra), fut essayée en 1870. Tous ces essais ne semblent pas avoir été suivis avec l’intérêt qu’ils auraient dû susciter. Pour Madagascar, des semis de quinquinas furent effectués à plusieurs reprises. Mais cette culture ne s’était jamais développée. Ce n’est que pendant la seconde guerre mondiale, que les efforts conjoints du Service forestier et de l’Institut Pasteur de Tananarive, ont permis des
plantations assez importantes. Mais ces efforts furent à nouveau abandonnés. Il serait pourtant vital que Madagascar soit à même de produire ce précieux alcaloïde, base indispensable de la lutte contre le paludisme.

Les quinquinas sont de beaux arbres, à feuilles opposées, stipulées, tantôt arrondies et amples, à surface un peu bulleuse : C. succimbra, tantôt plus allongées, lisses et d’un vert plus sombre : C. ledgeriana.
– Les fleurs, abondantes pendant toute la saison des pluies, sont disposées en grandes grappes terminales. Elles sont très odorantes. Leur odeur est suave. Elles comprennent : un réceptacle à l’intérieur duquel est inclus l’ovaire. Sur ses bords sont fixés un calice très court, à 5 dents qui ne recouvrent même pas complètement le bouton floral et une corolle à long tube dilaté vers le sommet et dont le limbe s’étale en 5 lobes, ornés de nombreux poils. Les étamines sont insérées au niveau du renflement du tube de la corolle. Elles sont courtes et arrivent juste à la hauteur de la gorge. Les 5 étamines alternent avec les pétales.
– L’ovaire est infère et surmonté d’un style plus court que le tube corollaire, terminé par un stigmate à deux branches. L’ovaire comporte 2 loges, renfermant chacune de très nombreux ovules. Il se transforme en une capsule surmontée par les dents persistantes du calice et qui s’ouvre à maturité par deux fentes longitudinales, laissant échapper un grand nombre de graines fines. Chaque graine comporte un petit noyau très fin, entouré d’une aile membraneuse, dont les bords sont irrégulièrement déchiquetés.

Psychotria

La flore malgache compte des plantes très voisines des quinquinas :

a) Une des plus connues est une liane, Danais fragrans (Rubiaceae), commune non seulement à Madagascar, mais aussi à la Réunion et à Maurice et que les empiriques utilisent depuis longtemps dans ces deux pays, sous les noms créoles de : liane de bois jaune, lingue noire ou liane de bœuf :
– COMMERSON lui donna le nom poétique de danais, parce que dit-il : « Les femelles dominent, suffoquant presque les masles qui sont dans la même fleur »
– En réalité, il s’agit d’un dimorphisme de la fleur, commun chez beaucoup de Rubiacées. Certaines fleurs ayant des étamines longuement saillantes et d’autres au contraire, des étamines incluses dans le tube de la corolle.
– Ces lianes sont appelées par les Malgaches : tamboronaombe ou vahimantsy (betsim.), rikiatra (tsim.) et le plus souvent bongo.
– Leurs racines servent souvent à teindre les rabanes en jaune ou orange.
– Leurs tiges sont aussi fort utilisées comme masticatoires pour l’entretien des dents.

b)Le santal de Madagascar, Enterospermum madagascariensis, nommé en malgache, masinjoana :
– C’est un petit arbre commun dans l’Ouest, où il est souvent réduit d’ailleurs à de vieilles souches brûlées, émettant des rejets chaque année.
– Les souches et les racines renferment une huile volatile parfumée.
– On en fait des exportations assez importantes (quelques centaines de tonnes) sur l’Inde, où il est utilisé comme le santal véritable au cours des cérémonies religieuses.
– La poudre de ses racines mélangée à de l’huile de pignon d’Inde sert à confectionner des onguents qu’on applique sur le visage.

c) Beaucoup de plantes de cette famille pourraient-être utilisées en décoration pour la beauté de leurs fleurs :
– Certaines ont en effet de grandes fleurs parfumées ou délicates qui comptent parmi les plus beaux ornements de la forêt malgache.
– D’autres possèdent, outre la corolle, un calice et des bractées colorées : tels que les Pentas, Pentodon pentandrus (Rubiaceae) et les Carphalées, Carphalea kirondron (Rubiaceae), qu’on nomme en malgache, Voninjazava et les superbes Alberta, aux corolle et calice, vermillon.

d) Enfin, un certain nombre sont de beaux arbres des forêts orientales fournissant souvent un bois apprécié pour sa dureté, tels les molompangady ou Bréonies, Breonia madagascariensis.

Toutes ces plantes appartiennent à la famille des Rubiacées.

FAMILLES VOISINES

Les Cucurbitacées comptent un grand nombre de plantes cultivées pour leurs fruits généralement volumineux et comestibles :
a) La courge, Cucurbita pepo ou Cucurbita maxima (Cucurbitaceae), fut introduite vers le 17ème siècle.
– C’est une plante herbacée, lianoïde, à grandes feuilles couvertes de poils raides.
– Ses fleurs sont de deux sortes :
– les fleurs mâles qui ne portent que des étamines.
– et les fleurs femelles qui portent un gros ovaire infère et des stigmates volumineux.
– La courge est donc une plante monoïque.
– Toutes les Cucurbitacées ont ainsi des fleurs de deux sortes.
– Le fruit est une énorme baie, pouvant atteindre 20 kilos et renfermant de nombreuses petites graines.

Potiron

La chouchoute ou chayote, Sechium edule (Cucurbitaceae), provient de l’Amérique tropicale. Elle fut introduite de la Réunion à Madagascar assez récemment, mais s’est largement répandue depuis :
– C’est une plante grimpante, à tiges herbacées, couvertes de poils.
– Ses tiges sont annuelles, mais une souche renflée, tuberculeuse, rend la plante vivace.
– Les feuilles alternes sont dentées, couvertes de poils rudes, avec un sinus pétiolaire profond.
– De nombreuses vrilles permettent aux tiges de s’accrocher après les supports.
– Les fleurs sont petites, d’un blanc verdâtre. Elles se développent à l’aisselle des feuilles supérieures. On trouve généralement à la même aisselle :
– Une petite grappe de fleurs mâles
– Et une fleur femelle, isolée.
– Les fleurs mâles comprennent : un calice renflé en coupe, à 5 segments, une corolle à 5 lobes profonds, 3 étamines, dont les filets courts sont soudés en une petite colonne, au centre de la fleur.
– Les fleurs femelles ont un périanthe analogue, mais elles portent un gros ovaire infère, à une seule loge, renfermant un seul ovule et surmonté par un stigmate, à 5 lobes recourbés.
– L’ovaire se développe en un gros fruit drupacé, orné de nombreux poils rudes et, parcouru par quelques sillons longitudinaux.
– Il renferme une seule graine, ovale, comprimée, à bords aigus.
– On consomme, non seulement le fruit après cuisson, mais encore, les jeunes pousses, comme brèdes et même les tubercules.

Chouchoute

b) La pastèque ou melon d’eau, Citrullus vulgaris ou Citrullus lanatus (Cucurbitaceae), est abondante aux bords des étangs et des lacs et sur les alluvions du domaine occidental. Elle est cultivée dans toute l’île. Son introduction est très ancienne, antérieure au 17ème siècle. Elle fut probablement introduite par les Arabes qui la cultivent souvent. Les Malgaches l’appellent suivant les régions : voabe, voamanga, voantsiriky. Ce dernier nom est sans doute une allusion à la forme de ses feuilles très découpées. Son fruit, très volumineux, est agréable pour sa fraîcheur, mais peu parfumé.

c) Parmi les plantes les plus anciennement introduites de cette famille :
– Il faut citer une sorte de melon, melon malgache que les Malgaches nomment : voatango, Cucumis melo, à fruit allongé, très odorant, mais dont la chair est farineuse et sans saveur.
– La calebasse, Lagenaria siceraria ou Lagenaria sphaerica (Cucurbitaceae), était aussi déjà cultivée du temps de FLACOURT (1650)
C’est une plante originaire de l’Inde tropicale et il est intéressant de noter, que son nom vernaculaire : voatavo peut-être rapproché facilement du nom que lui donnent les Malais « tabu » lui-même dérivé du sanscrit, « atuba » On peut donc penser que l’introduction s’est opérée par l’Orient. Le jeune fruit est comestible et a des propriétés purgatives.
Le fruit mûr a un péricarpe dur qui sert à faire différents ustensiles de cuisine, selon les formes très diverses du fruit de cette espèce, cultivée depuis l’antiquité (PLINE).
– La pipengaye, Luffa acutangula (Cucurbitaceae), originaire d’Asie, que les Créoles dénomment parfois pittoresquement : « œuf de bourrique ». Elle a été introduite beaucoup plus récemment, en provenance de la Réunion. Elle s’est cependant naturalisée, çà et là, dans les régions côtières. Son jeune fruit est comestible. Ensuite, celui-ci développe des fibres qui le rendent impropre à la consommation.
– La margoze, Momordica charantia (Cucurbitaceae) qui tire son nom, de l’espagnol « amargosa, signifiant amer », reçoit souvent des Malgaches un nom de signification analogue : mafaibe.
– C’est une liane haute de plusieurs mètres, à vrilles, dont les feuilles sont alternes, simples et lobées.
– Sa fleur a : 5 pétales, de couleur jaune pâle et des étamines, jaunes d’or.
– Ses fruits, oranges, muriqués, plus ou moins oblongs, très amers, s’ouvrent sur des graines rouges.
– C’est qu’en effet, son fruit présente une saveur extrêmement amère qui le fait utiliser comme condiment. C’est un petit fruit fusiforme, atteignant au plus une vingtaine de centimètres de long, pourvu d’ailes irrégulièrement contournées qui lui donnent un aspect caractéristique.
– Ce fruit s’ouvre à maturité par 3 fentes à son extrémité inférieure et laisse alors échapper de nombreuses graines.
– On lui prête beaucoup de propriétés qui le font utiliser par les empiriques, comme amer, tonique, drastique, vermifuge et vulnéraire.
– La margoze s’est répandue rapidement autour des villages des régions côtières et sur les alluvions des fleuves occidentaux.

– Enfin le concombre, Cucumis sativus, nommé en malgache Voantangombazaha qui est une plante pan-tropicale, originaire d’Asie tropicale, Chine et Himalaya, connue depuis des millénaires en Orient et devenue très rare. Le concombre et sa variété, le cornichon sont comestibles, mais
la partie verte, externe, est irritante. La pulpe du concombre est très appréciée en cosmétologie.
– Le cornichon est une variété de concombre, dont les fruits sont confits dans le vinaigre.

– La patole, Trichosanthes cucumerina, syn. T. anguina, nom formé de trichos = poil et anthos = fleur ou en créole, snake gourd signifiant, courge du serpent. Les Malgaches l’appellent : patoly, pataoly (betsim.) :
– Le genre comprend, 15 espèces, de la Malaisie au Pacifique.
– Cette espèce est originaire d’Indo-Malaisie.
– Le fruit peut atteindre jusqu’à 200 centimètres de long et est consommé cru, encore jeune.

Ces dernières Cucurbitacées sont fréquemment cultivées dans le Centre de l’île et servent surtout à l’alimentation des Européens.

Voir aussi : [->art41].

Le Muflier

Le Muflier

Scrofulariacées :

Labiacées – Acanthacées – Bignoniacées

(Bignoniacées-Créscentiées)

(Bignoniacées-Técomées)

11ème TYPE

Le MUFLIER ou GUEULE de LOUP

Le muflier, Antirrhinum majus (Scrophulariaceae) ou gueule de loup, est une plante originaire de la région méditerranéenne qui pousse vigoureusement sur les Hauts-Plateaux et est souvent cultivée dans les jardins pour la beauté de ses fleurs :
– Le calice comprend : 5 lobes inégaux. La corolle comporte : un tube bossu à la base et partagé au sommet en 5 lobes formant deux lèvres. On lui donne le nom de corolle personée, en raison de la ressemblance qu’elle présente, avec les lèvres énormes des masques dont s’affublaient les comédiens de l’antiquité (ces masques portaient en latin, le nom de persona). Les deux lobes supérieurs dressés forment la lèvre supérieure, tandis que les trois lobes inférieurs étalés forment la lèvre inférieure. Le lobe central inférieur, plus petit que les latéraux, se relève en une pièce généralement velue qui ferme la gorge de la fleur. Il y a quatre étamines, dont deux grandes et deux petites.
– L’ovaire est supère et renferme de nombreux ovules. Il est surmonté d’un style terminal.
– Le fruit est une capsule renfermant de nombreuses graines très petites.

PLANTES VOISINES

a) On rencontre souvent à Tananarive une liane à fleurs roses personées rappelant beaucoup, mais en plus petit, celles du muflier. C’est une Maurandie, Maurandia ou Lophospermum (Scrophulariaceae) ou Asarina, introduite du Mexique et qui est devenue sub-spontanée sur quelques vieux murs de la ville.

b)Il faut signaler encore une curieuse plante répandue dans les marais et les rizières de toute l’île : l’Hydrotriche, Hydrotriche hottoniaeflora, que les Malgaches nomment, volonkotona. C’est une herbe aquatique qui nage et dont les tiges sont maintenues à la surface de l’eau, par de petits
ballonnets remplis d’air. Ses feuilles sont extrêmement minces, réduites à de simples filaments. Au mois de septembre, on voit apparaître de petits pédoncules dressés qui portent une fleur rose ou jaune, ne dépassant pas un centimètre, mais construite absolument comme celle du muflier.

Ces plantes forment la famille des Scrofulariacées (Scrophulariaceae) du nom de la scrofulaire qui est une plante de l’Europe tempérée.

FAMILLES VOISINES

Les Labiacées (Labiateae) :
– Ont une fleur à pétales soudés, irrégulière, à ovaire supère comme les Scrofulariacées, mais elles s’en séparent, par leur ovaire constitué de 4 carpelles libres et qui donne naissance à 4 akènes et non à une capsule.
– D’autre part, le style est généralement inséré sur la base de l’ovaire et non terminal.

Il est intéressant de noter que c’était par des caractères analogues que nous séparions les Solanacées, des Borraginacées. Ce groupe est donc très homogène :
– Il existe d’ailleurs dans la nature de nombreuses formes de passage entre les Solanacées et les Scrofulariacées, d’une part
– Et entre les Borraginacées et les Labiacées, d’autre part.
Pour ne citer que des exemples de la première transition :
– Le pétunia, Petunia x hybrida (Solanaceae) une plante herbacée, au feuillage ramifié, vert, duveteux et collant, est souvent cultivé dans les jardins de Tananarive, pendant la saison sèche. Il présente une fleur légèrement irrégulière, mais dont les 5 étamines sont fertiles.
– La brunfelsie, Brunfelsia calycina (Solanaceae), plus connue sous le nom de jasmin d’Afrique, bien qu’elle soit originaire d’Amérique, est un charmant arbuste souvent cultivé dans les jardins pour ses fleurs abondantes qui dégagent un parfum délicat. Leur coloration, d’abord d’un bleu intense, passe au fur et à mesure qu’elle se fane, au bleu pâle, puis au blanc, ce qui lui vaut le nom malgache de telomiova. Les botanistes ont été bien embarrassés pour la classer, car sa corolle irrégulière tend vers la forme personée et 4 de ses étamines sont fertiles, la dernière n’étant que rudimentaire. On ne l’a placée parmi les Solanacées qu’en raison de ce rudiment d’étamine.

Cela nous montre combien sont fragiles nos classifications. Ce sont des abstractions créées par l’esprit humain, pour permettre une étude plus facile d’un monde excessivement vaste et complexe. Toutefois, ces classifications ne sont pas arbitraires. De nos jours, les recherches chimiques ont souvent confirmé la parenté des plantes d’une même famille.

Les plantes, les plus répandues à Madagascar parmi les Labiacées, sont surtout :

a) Les basilics, Ocimum basilicum (Labiaceae) ou pistou, en provençal dont les noms vernaculaires sont : keranjany, kiranjay en hova rombiromby et romba en sakalava ou basilic grande feuille, Ocimum gratissimum (Labiaceae) :
– Ce sont des herbes ou des arbustes, dont les feuilles secrètent des essences à odeur très pénétrante qui pourraient être extraites par distillation. La teneur en camphre d’une de ses essences est assez élevée pour permettre l’extraction de ce produit.
– Ils sont parfois utilisés comme condiments et passent pour avoir des propriétés digestives et toniques.
– Les graines et les feuilles broyées sont par ailleurs antinévralgiques et servent contre les maux de tête.
– Les basilics sont naturalisés, çà et là, autour des lieux habités et certaines espèces ont pris une grande extension dans l’Ouest, sur les alluvions sableuses des rivières.

b) Les sauges ou Salvia (Labiaceae) qui provient du latin, salvare, signifiant « sauver, guérir », n’ont que deux étamines, au lieu de quatre. Ce genre comprend près de 800 espèces, très diverses dans leurs formes et leurs rusticités :
– La sauge splendide, Salvia splendens ou sauge éclatante, originaire du Brésil, est fréquemment cultivée dans les jardins pour ses grappes de fleurs pourpres, dont la corolle et le calice sont colorés.

– Il existe de nombreuses espèces de sauges malgaches, arbustes ou herbes vivaces des montagnes du Centre, dont certaines sont très décoratives et mériteraient d’être cultivées :
– La sauge à 4 ailes, Salvia porphyrocalyx, par exemple qui tire son nom de la disposition curieuse de ses feuilles, en 4 rangées longitudinales. Cette symétrie se retrouve d’ailleurs chez toutes les Labiacées qui se distinguent généralement, outre les caractères de leur fleur, à leur tige à section carrée.

c) L’Hyptis, Hyptis pectinata (Labiaceae), désigné en malgache sous les noms de, sangasanganandevolahy ou sangasanganimarina ou tsangatsanganabily, en sakalava :
– C’est une plante cosmopolite, tropicale qui a envahi les lieux humides et les sols riches de presque toute l’île.
– Leur grande panicule de fleurs rouges qui leur ont valu dans le Betsileo, le nom d’afolava qui signifie « longue flamme », rappellent assez celles des sauges, mais leurs étamines ont un filet curieusement articulé avec la corolle, alors qu’il est soudé à celle-ci, chez les sauges.
– Leurs feuilles sont pourvues de nombreuses glandes qui secrètent une essence aromatique.
– On leur attribue des propriétés vermifuges et anti-dysentériques. Elles sont utilisées fréquemment dans la région occidentale, pour colorer et parfumer les rhums indigènes.

Les Acanthacées (Acanthaceae) sont très proches des Scrofulariacées. Elles n’en diffèrent guère que par leur graine dépourvue d’albumen et le réceptacle de leur fleur légèrement convexe. Cependant leurs exigences sont très différentes :
– Les Scrofulariacées sont généralement des plantes des régions tempérées ou froides, cantonnées sur les Hauts-Plateaux à Madagascar. Alors que les Acanthacées sont essentiellement tropicales et bien plus nombreuses dans les forêts côtières, que dans le domaine central.
– En même temps les Scrofulariacées comptent surtout des plantes introduites et naturalisées, alors que la plupart des Acanthacées sont indigènes et propres à Madagascar.
– Ce sont généralement des lianes, des herbes vivaces ou des arbustes. Elles ont toutes des fleurs très décoratives :

a) Cette plante, très communément plantée dans les jardins de Tananarive, le justitia ou gendarusse, Justicia gendarusa (Acanthaceae), nommée en malgache, dingadingambazaha, a été introduite de l’Inde. À la Réunion où elle est cultivée depuis longtemps et s’est souvent naturalisée, on lui donne le nom de Nitchouly. Ses feuilles nauséeuses ont un pouvoir émétique très puissant.
– C’est un arbuste pouvant atteindre 3 mètres, glabre, à grandes feuilles entières, ovales, aiguës au sommet, opposées et dépourvues de stipule.
– Il fleurit très abondamment et presque toute l’année.
– Ses fleurs sont groupées en épis terminaux. Chacune d’elle comporte à sa base trois bractées, dont l’inférieure est plus développée que les deux latérales et qui dissimulent complètement le calice, à 5 lobes égaux. La corolle est irrégulière, composée de deux lèvres. La lèvre supérieure comporte deux lobes séparés par un sillon médian, dans lequel s’enchâsse le style sur presque toute sa longueur. La lèvre inférieure présente trois lobes, les latéraux colorés uniformément, tandis que le lobe médian est finement strié de lilas. Les teintes de la corolle sont délicates et varient suivant les variétés :
– stries de couleur lilas, sur un fond mauve très pâle,
– ou stries de couleur violet-foncé, sur un fond lilas, etc.
– Il n’y a que deux étamines, insérées sur la partie inférieure de la corolle et recourbées le long de la lèvre supérieure.
– L’ovaire est supère, à deux loges, surmonté d’un long style terminal.

Les Bignoniacées comprennent de nombreux arbres et arbustes de la forêt malgache.

a) Un des plus connus est commun dans la forêt de l’Est et très cultivé encore en Imérina. C’est le zahana, zaharna, tokandilana, en merne ou sangy, tohiravina, en sakalava ou Phyllarthron de Bojer, Phyllarthron bojerianum (Bignoniaceae) :
– Ce bel arbre porte un feuillage d’un vert sombre.
– Ses feuilles opposées ont une forme très particulière : elles sont ovales et portées par un long pétiole, entouré d’ailes qui semblent former un second limbe. On dirait que quelque factieux, armé de patience, s’est amusé à coller un second article, au sommet des feuilles normales. Ces feuilles sont couvertes d’un enduit cireux assez épais. Lorsqu’on y fait une trace, avec la pointe d’un canif, cette trace reste indélébile et se détache en blanc sur le fond coloré. Elles servaient autrefois, paraît-il, à l’envoi des messages.
– Les fleurs apparaissent en septembre. Elles sont groupées au sommet des rameaux en grappes, dont le rachis est constitué d’éléments aplatis, toujours surmontés de ramifications situées dans un plan perpendiculaire aux précédents. Au sommet de chaque élément aplati du rachis sont fixées deux fleurs opposées, portées par des pédoncules coudés. Chaque pédoncule porte deux petites bractées qui restent soudées avec lui, sur la plus grande partie de leur longueur et lui donnent ainsi un aspect ailé. Elles comprennent : un petit calice, à sépales soudés, une corolle rose, légèrement lavée de jaune à l’intérieur, irrégulière, à 5 lobes, dont les bords sont légèrement laciniés, pubescents à l’extérieur et à l’intérieur. Quatre étamines, dont deux grandes et deux petites, sont soudées à la corolle, vers la base du tube. L’étamine supérieure stérile est généralement visible sous l’aspect d’un petit staminode qui n’excède pas 2 milimètres de haut. Chaque étamine fertile porte une anthère à deux loges divariquées, étendues horizontalement de part et d’autre du filet.
– L’ovaire est supère, à une seule loge, pluri-ovulée.
– Il donne naissance à un fruit charnu, comestible,
à saveur sucrée. Ce fruit est une sorte de silique comprenant deux valves et une cloison centrale, mais les valves et la cloison sont charnues, épaissies et le fruit ne peut s’ouvrir à maturité. Il renferme de nombreuses graines, plates, sans aile.
– Les fleurs, caractéristiques des Bignoniacées, forment de larges corolles de couleur rose vif, où viennent souvent s’abreuver les souimanga (oiseaux-mouches)

b) La liane aurore ou Pyrostégie de Vénus, Pyrostegia venusta (Fig. 36) si souvent cultivée à Tananarive, pour orner les murs et les pergolas, grâce à ses magnifiques fleurs, d’un rouge tango, est le type de cette famille des Bignoniacées. Elle est originaire d’Amérique.

c) Signalons aussi dans la Région Occidentale de beaux arbres situés en arrière de la mangrove : les mangarahara ou stéréospermes, Stereospermum variabile ou encore nommés mahafangalitsy, en mahafaly ou « ébènes verts » (Fig. 37) Les fruits de ces arbres sont très curieux. Ce sont des sortes de siliques s’ouvrant par deux valves sèches et comportant au centre une cloison renflée, dans laquelle s’emboîtent les graines. Chaque graine comporte un corps central globuleux, entouré d’une aile transparente. Les stéréospermes ont des feuilles composées-pennées, à folioles ovales, aiguës.

La liane aurore
s’appelle en réalité Pyrostégie de Vénus (Mots grecs : pyros = feu et stegie = toiture)

Ses innombrables fleurs, d’un rouge orangé brillant, lorsqu’elles recouvrent un toit font penser qu’il est en feu.

Elle aussi est originaire d’Amérique tropicale, mais s’est fort bien adaptée aux murs de Tananarive.

Le stéréosperme ou mangarahara

C’est un bel arbre à bois dur, souvent connu sous le nom « d’ébène-vert » Il pousse dans les forêts qui perdent leurs feuilles en saison sèche.

Noter :
-les feuilles composées
-le fruit caractéristique, en haut à droite
-la graine entourée d’une aile membraneuse.

Les trois derniers types que nous venons d’étudier ont en commun les caractères suivants :
– corolle à pétales soudés
– et ovaire supère

Ils constituent l’ordre des Gamopétales superovariées.

Le stéréo-sperme ou mangarahara

C’est un bel arbre à bois dur, souvent connu sous le nom « d’ébène vert ». Il pousse sur la Côte-Ouest, dans les forêts qui perdent leurs feuilles en saison sèche.

Noter, les feuilles composées, le fruit caractéristique, en haut à droite et la graine entourée d’une aile membraneuse.

Voir aussi : [->art40].

Le Sevabe

Le Sevabe

Solanacées :

Borraginacées – Convolvulacées

Apocynacées – Asclépiadacées

10ème TYPE

Le SEVABE ou MORELLE AURICULÉE

Le Sevabe ou morelle auriculée, Solanum auriculatum = Solanum mauritianum (Solanaceae), est une espèce américaine qui fut introduite involontairement et assez récemment, sans doute vers la fin au XIX° Siècle :
– Elle se développe surtout dans les terres riches en humus, autour des villages du Centre, sur les tas de détritus où il n’est pas rare de l’y rencontrer.
– Mais c’est surtout après la destruction de la forêt primaire qu’elle s’installe sur les sols encore riches.
– Ses graines sont disséminées par les oiseaux et il est impossible aujourd’hui de traverser une clairière de la forêt de l’Est, aussi isolée soit-elle, sans rencontrer cette grande plante qui étouffe rapidement toutes les espèces indigènes.

Le sevabe doit son nom malgache à ce qu’il ressemble au seva (Buddleia de Madagascar) et fournit comme lui, des cendres riches en potasse, qu’on utilise comme succédané du savon. On le nomme encore parfois, angivy ou voangivy qui signifie (tabac mâle) et qui est à rapprocher de son nom réunionnais, bois de tabac marron :
– C’est un arbuste atteignant 3 à 4 mètres de haut, à bois mou, sans consistance.
– Il est couvert, sur les jeunes rameaux et les feuilles, d’une pubescence fine et blanche.
– Les feuilles ovales, aiguës, atteignent 20 centimètres de long. Elles sont pourvues à la base de leur pétiole, de deux stipules arrondies en forme d’oreille, d’où le nom de « morelle auriculée ».
– Ses fleurs comportent : un calice à 5 dents, couvert d’un duvet blanc très abondant. Une corolle bleue à pétales soudés, comportant 5 dents, avec une macule blanche, au centre de chaque dent. Les 5 étamines sont insérées à la gorge du tube de la corolle. Les anthères jaunes, nettement saillantes, sont dressées et entourent le style d’une sorte de manchon.
– L’ovaire est supère, formé de 2 loges renfermant des ovules nombreux. Il est pubescent, ainsi que le style. Le stigmate est petit, jaunâtre.
– Il n’est pas rare de trouver sur la même plante, à côté de ces fleurs normales, des fleurs construites sur le type 6.
– Le fruit est une baie de la grosseur d’une cerise, jaune à maturité et restant parsemé de poils glanduleux. La plante fleurit à peu près toute l’année et fournit des fruits extrêmement nombreux.
– Ses feuilles broyées peuvent remplacer les cristaux de carbonate de soude, pour laver les plancher et les instruments de cuisine. Elles dégagent toutefois une odeur forte.
– Les cendres de la plante peuvent constituer une excellente lessive, pour le blanchissage du linge.

Sebave

Les Plantes voisines

La morelle noire, Solanum nigrum (Solanaceae), généralement appelée anamafaitra ou anamamy (herbe douce) est encore connue sous le nom créole de brède morelle ou brède martin, en raison de l’usage qu’on en en fait, comme légume pour assaisonner le riz. La même plante passe en France pour avoir des propriétés toxiques et narcotiques, surtout par ses fruits.

La morelle de l’Inde, Solanum indicum et la morelle à gros fruits, Solanum macrocarpum (Solanaceae) ou grosse anguive, connues sous les noms malgaches d’angivy et angivibe, ont des baies amères qui servent cependant dans l’alimentation. Elles ont paraît-il des vertus stomachiques, sialagogues et apéritives. Leurs racines grillées sont appliquées sur les gencives, pour calmer les maux de dents.

L’aubergine, Solanum melongena = S. heteracanthum (Solanaceae), est aussi une morelle. Le nom créole, bringelle, que les Malgaches ont transposé en barangely, vient lui-même du portugais « belingela », dérivé de l’espagnol « alberenjena », de l’arabe « albudinjan » et du sanscrit « vatingana ». C’est là, un bel exemple des déformations successives, que l’euphonie de chaque langue impose à un même nom. Cette plante originaire de l’Inde est souvent cultivée pour son fruit violacé, comestible. Elle peut se ressemer d’elle-même aux environs des villages, dans les régions chaudes.

Enfin la pomme de terre ou morelle tubéreuse, Solanum tuberosum (Solanaceae), est fréquemment cultivée sous le nom de ovimbazaha qui indique une introduction assez récente par les Européens. Cette introduction est cependant antérieure à la conquête française. La variété à tubercules violacés et à yeux profondément enfoncés, était déjà cultivée abondamment dans l’Ankaratra, au moment de la création du Service de l’Agriculture. Cette culture s’est largement développée depuis, dans toute la région centrale. Elle est en outre intéressante dans l’alimentation de l’homme et des animaux et permet même une petite exportation. La pomme de terre pousse maintenant à l’état sauvage dans les montagnes de l’Ankaratra. Mais elle n’est pas à proprement parler, naturalisée, car elle ne se reproduit que par ses tubercules et non par ses graines.

La tomate, Lycopersicon esculentum = Solanum lycopersicum (Solanaceae), est largement cultivée dans toute l’île et se multiplie souvent d’elle-même, autour des villages. Mais elle donne alors de petits fruits, de la taille d’une cerise et lisses. Elle a du être introduite au début du XIXème siècle, de la Réunion, où sa culture était déjà ancienne. Les Malgaches lui donnent d’ailleurs souvent le curieux nom de voandamora qui est une déformation du nom créole, pomme d’amour, dans lequel ils ont remplacé le mot pomme, par le vocable malgache « voa » qui signifie fruit. Les Sakalaves la nomment plus couramment babonga ou voabongo, en particulier quand elle présente des côtes. Dans le Centre, c’est le nom de voababiha, à l’origine obscure qui a prévalu. Il veut peut-être dire « fruit honorifique » en raison de sa couleur rouge qui est l’emblème royal. angilo, angilobe (mern.)

Tomates

Les piments, Capsicum (Solanaceae), sont très en honneur dans les régions tropicales, en raison de leurs propriétés apéritives et sialagogues :
a) Le piment arborescent, appelé aussi piment enragé, Capsicum annuum, var. glabriusculum (Solanaceae), fut introduit très anciennement à Madagascar, probablement de Malaisie. Son nom malgache, sakay, est d’ailleurs resté très proche du nom malais « chabaï ». Flacourt signale qu’il était fort répandu, dès 1650. Aujourd’hui, il constitue des peuplements immenses sur les alluvions des grands fleuves de l’Ouest, (Betsiboka, Tsiribihina, Onilahy et leurs affluents). Il est toujours très commun aussi, autour des villages :
– Sa fleur à pétales blancs est organisée, comme celle des morelles.
Mais son fruit est une baie allongée, très peu charnue.
En dehors de la consommation locale, le piment fait aussi l’objet d’exportations assez considérables.
Il est aussi très utilisé en thérapeutique empirique :
– Ses fruits broyés constituent un vésicatoire énergique.
– La poudre des fruits secs est aussi fréquemment utilisée, pour combattre les effets de l’alcoolisme et même le delirium-tremens, « parce qu’un feu chasse l’autre » prétendent les empiriques.
– Il jouit de propriétés effectives pour protéger des insectes parasites, les denrées alimentaires telles que le riz, les haricots, etc., au cours d’une longue conservation.
b) Le piment annuel ou piment doux ou poivron, Capsicum annuum, (Solanaceae), est aussi cultivé dans le Centre de l’île. Son introduction est assez ancienne. Il était déjà répandu en Imerina, en 1777.

Ces deux espèces, bien qu’introduites des régions situées à l’Orient de Madagascar, sont d’origine américaine.

Le coqueret du Pérou, Physalis peruviana ou Physalis alkekengi (Solanaceae), appelé en créole, poc-poc, alkékenge, amour en cage, lanterne japonaise et en malgache voanatsindra, est originaire du Pérou :
– Il fournit un fruit à saveur acidulée et agréable, dont on fait d’excellentes compotes.
– Son introduction, en provenance de la Réunion, est récente et volontaire.
– La baie comestible est enfermée
à maturité à l’intérieur du calice soudé qui se développe beaucoup après la fécondation. On dit que ce calice est accrescent.
– Le calice verdâtre enferme la baie orangée qui peut-être consommée :
– crue et a une haute teneur en vitamine C,
– ou en confiture et est surtout utilisée en confiserie.
Il existe des variétés ornementales, Physalis franchetii, au calice d’un rouge identique à celui de la coccinelle.

Le tabac, Nicotiana tabacum (Solanaceae), est très anciennement connu à Madagascar. Il était déjà cultivé dans le Sud-est au XVIIème siècle. On le connaît généralement sous le nom de tambaky ou de paraky qui sont des déformations du nom français :
– Les Malgaches utilisent le tabac haché mélangé avec diverses cendres, comme masticatoire.
– On en fabrique aussi des cigares et des cigarettes.
– La culture du tabac a beaucoup augmenté depuis quelques années et donne lieu à des exportations assez importantes.
– La fleur du tabac est construite sur le type 5, comme celle des morelles.
– Le fruit est une capsule s’ouvrant en deux valves.
– Les graines très fines sont très nombreuses.

Le datura ou stramoine, Datura stramonium (Solanaceae), (Fig. 32), est une mauvaise herbe, très commune dans les terrains cultivés et sur les décombres de la Région centrale. Les Malgaches les nomment, maimbobe, en raison de l’odeur désagréable de leurs feuilles froissées ou encore ramiary :
– Ce sont de grandes herbes à fleurs blanches, plus ou moins lavées de violacé. Les étamines sont insérées sur le tube de la corolle et leurs anthères ne font pas saillie à l’extérieur.
– Le fruit, souvent appelé « pomme épineuse », est une capsule grosse comme une noix, ornée de piquants. Elle s’ouvre à maturité par quatre fentes.
– Les graines noires, assez grosses, sont nombreuses.
– Ces plantes et en particulier leurs graines ont des propriétés, toxiques et stupéfiantes, bien connues qui leur ont valu le nom créole de « feuilles du Diable » :
– Elles étaient autrefois très utilisées, mais à faible dose dans le traitement de l’asthme et les rhumatismes chroniques.
– Le début de l’intoxication se manifeste par une dilatation marquée de la pupille de l’œil.

Le datura_suave, Datura metel et le datura fastueux, Datura fastuosa (Solanaceae), sont des arbustes à grandes fleurs blanches, pendantes très décoratives et parfumées. Leur nom créole est trompette du jugement dernier. Elles fructifient rarement à Madagascar. Les formes cultivées sont d’ailleurs souvent à fleurs doubles, leurs étamines sont transformées en pièces pétaloïdes et elles sont stériles.

Toutes ces plantes entrent dans l’important famille des Solanacées.

Datura

FAMILLES VOISINES

Les Borraginacées :

a) Les Cynoglosses, Trichodesma zeylanicum (Borraginaceae), (nom formé de trichos = cheveu ou poil et desma = derme), (Fig. 33), ressemblent beaucoup aux myosotis de France. Les créoles les nomment, bourrache sauvage, herbe cypaye ou gingeli bâtard. Les Malgaches suivant les régions les appellent, lelanaomby en sakalava, lelosy, mandraitsirena, sarinatsipenala :
– Ce sont des herbes annuelles, communes dans toute l’île, poussant dans les terrains cultivés, sur les vieux murs et le bord des chemins.
– Leurs petites fleurs bleues, comportent : un calice à 5 sépales et une corolle à 5 pétales soudés, ainsi que 5 étamines insérées sur le tube de la corolle. Le périanthe et l’androcée sont donc presque analogues, à ceux des Solanacées.
– Mais l’ovaire est constitué de 4 carpelles, renfermant chacun, un seul ovule.
– Le fruit est caractéristique, il est constitué de 4 akènes soudés : c’est un tétra-akène. Il est pourvu de crochets adhésifs qui en facilitent la dissémination.

b) L’héliotrope des Indes, Heliotropium indicum, dont les noms vernaculaires sont : herbe papillon, en créole et adabondolo, anamboay, lelomboro, samake, en malgache :
– C’est lui aussi une mauvaise herbe commune dans les jardins, les champs et les rizières, des parties chaudes de l’île, surtout pendant la saison sèche.
– C’est une petite plante annuelle, à fleurs blanches, ayant une organisation voisine de celle des Cynoglosses et groupées en inflorescences caractéristiques : cymes scorpioïdes, dans lesquels toutes les fleurs sont disposées d’un côté de l’inflorescence, celle-ci étant enroulée sur elle-même, en forme de queue de scorpion.

Le Cynoglosse, en malgache lelosy

C’est une petit herbe commune, à fleurs bleues, dont le nom scientifique veut dire « langue de chien », tandis que le nom malgache signifie « langue de chèvre », curieuse coïncidence.

Noter l’ovaire formé de 4 carpelles.

Les Convolvulacées sont des lianes caractérisées par leurs fleurs dont la corolle est généralement en entonnoir, et à pétales si étroitement soudés qu’il est difficile d’en distinguer le nombre :

a) De nombreuses espèces d’ipomées, Ipomea et de volubilis ou liserons Convolvus (Convolvulaceae), sont utilisées pour la décoration des clôtures, des façades et des pergolas. (Volubilis signifie en latin : qui tourne aisément).

b) Mais cette famille renferme aussi une plante importante, au point de vue alimentaire : la patate ou patate douce, Ipomea batatas (Convolvulaceae). Cette plante semble avoir été introduite, vers le XVIIIème siècle à Madagascar et y donne lieu aujourd’hui, à une importante culture. Elle vient bien sous tous les climats, jusqu’à une altitude de 1.800 mètres environ, car elle est très sensible aux gelées :
– C’est une plante herbacée, lianoïde, produisant des tubercules de taille et de coloration très variable, suivant les variétés.
– Ses feuilles sont généralement en forme de cœur, glabres.
– Ses fleurs comportent : un calice à 5 sépales libres, une corolle en entonnoir, composée de 5 pétales soudés, 5 étamines soudées à la corolle et à anthères incluses.
– L’ovaire à deux loges ne comporte que des ovules mal constitués, aussi la patate ne donne-t-elle jamais de fruits. On la multiplie en bouturant des fragments de tige.
– Les tubercules ont une saveur sucrée agréable. On peut les utiliser comme légumes ou pour la préparation d’entremets. On peut en faire des confitures, dont le goût rappelle celui de la purée de châtaignes.
– Les Malgaches consomment aussi les feuilles de patate comme brèdes avec le riz.

Patate douce

Les Apocynacées comprennent des herbes, des arbustes, des lianes et même de grands arbres caractéristiques, par leurs fleurs régulières et construites sur le type 5, à pétales soudés :

a) Ces plantes sécrètent en général un latex blanc et visqueux, qui fut récolté jadis pour la préparation du caoutchouc, Landolphia. Ce grand genre pan-tropical comporte une centaine d’espèces, dont le Landolphia myrtifolia (Apocynaceae) ; 13 de ces espèces sont endémiques à Madagascar et les Malgaches les nomment voakina.

b) La plante, la plus connue de cette famille, dont la réputation redoutable était parvenue en Europe, dès le XVIIIème siècle est le tangena ou tanghin, Cerbera venenifera = Cerbera manghas, dont les graines appelées kebona étaient administrées, comme poison d’épreuve :
Les hovas lui attribuaient un pouvoir divin, lui permettant de discerner l’innocent du coupable : Lorsque deux personnes étaient accusées d’un crime et que ni l’une, ni l’autre, ne pouvait apporter de preuve convaincante de son innocence, on leur administrait le tanghin. La dose légale était de 2 graines râpées dans l’eau, soit environ 4 g. Celui qui survivait à cette épreuve, était considéré comme innocent, mais la plupart du temps les deux parties mouraient.
Pour pratiquer certaines professions et notamment, pour être admis à vendre des médicaments sur le marché, il fallait, d’après une ordonnance d’Andrianampoinimerina, avoir subi l’épreuve du tanghin.
De très nombreuses morts étaient ainsi à déplorer chaque année et cette pratique, jointe à celle d’exposer les enfants nés un jour fady, amenait une dépopulation très rapide. Radama 1er, vers 1820 et à la suite des remontrances que lui fit à ce sujet son ami Hastie, décida que l’épreuve du tanghin ne pourrait plus se faire sur les hommes, mais sur des chiens que chacun d’eux choisirait. Cette prescription ne fut jamais suivie à la lettre, même à Tananarive, et des morts par le tanghin étaient encore à déplorer assez fréquemment jusqu’à la fin du XIXème siècle.
– Le tanghin est un arbuste à rameaux, gros et un peu charnus, à feuilles alternes, groupées au sommet des rameaux, si bien qu’elles y semblent parfois plus ou moins verticillées.
– Dans la forêt de l’Analamazaotra où il est assez commun, il fleurit à la fin de la saison des pluies.
– Ses fleurs sont groupées en cymes au sommet des rameaux. Elles sont d’un blanc rosé et atteignent 2 à 3 centimètres. Elles comprennent : un calice en forme de tube étroit, surmonté de 5 dents étalées ou légèrement réfléchies. La corolle est constituée, elle aussi par un tube plus long que celui du calice, dilaté au sommet et poilu à l’intérieur, elle porte à sa gorge des appendices ovales qui l’obturent presque entièrement et se termine par 5 lobes ovales, aigus, étalés, légèrement tordus à droite. 5 étamines, alternant avec les pétales, sont fixées vers le sommet du tube. Elles sont entièrement dissimulées par les appendices de la gorge. Le pistil comprend 2 ovaires jumeaux, surmontés d’un style glabre qui s’épanouit au niveau de la gorge du tube, en un stigmate orné d’une couronne de poils.
– Des deux ovaires, un seul se développe généralement et donne naissance à une drupe peu charnue, à mésocarpe fibreux, renfermant de 2 à 4 graines.

c) Les Pachypodes, Pachypodium (Apocynaceae), (Fig. 34),
dont Pachypodium densiflorum (Apocynaceae), appelé en malgache songo-songo, comptent parmi les plantes les plus curieuses de cette famille :
– Ce sont des plantes vivaces, des arbustes ou des arbres. Mais ils comportent toujours une souche épaisse, parfois curieusement déformée pour embrasser la forme d’une crevasse de rocher.
– Sur cette grosse souche se dressent des rameaux peu nombreux, charnus, armés de nombreuses épines et sur lesquels se développent, pendant les mois pluvieux de l’année, des feuilles allongées, coriaces et vertes-foncées.
– Les fleurs apparaissent avant ou après les feuilles. Elles peuvent être suivant les espèces :
– jaunes, pour les espèces du centre,
– blanches, pour le Pachypode de Geay, Pachypodium geayi, en malgache, Voantaka (Sak.), (Fig. 35), commun dans le Sud-ouest
– ou d’un rouge très brillant, chez le superbe Pachypode de Windsor, Pachypodium baronii var. windsorii qui tire son nom de « Windsor-Castle » situé près de Diégo-Suarez.
– La forme, du calice et de la corolle, varie selon les espèces, mais l’androcée est toujours formée de 5 étamines, assemblées par leur sommet en un cône très net.
– L’ovaire comprend toujours deux carpelles jumeaux libres. Ici, les deux carpelles se développent en donnant naissance à un double follicule, dont l’ensemble rappelle un peu les cornes d’un bucrane.
Ce fruit double est caractéristique de la famille des Apocynacées et de celle des Asclépiadacées, d’où le nom malgache de tandrokosy :
1°) donné à plusieurs Cabucala, Cabucala ou Petchia (Apocynaceae) qui font partie des Apocynacées.
2°) ainsi qu’aux Pentopetia, Pentopetia (Asclepiadaceae) qui sont des Asclépiadacées.
-Les Pachypodes, en raison de leurs souches renflées, de leurs feuilles rares et éphémères et surtout de leurs racines extrêmement développées qui leur permet d’explorer les couches profondes du sol, résistent admirablement à la sécheresse. Aussi les trouvent-on généralement sur les rochers des hauts sommets du Centre ou dans la région très sèche du Sud-ouest.
-Les Mahafaly déposent souvent des Pachypodes au sommet de leurs tombeaux, constitués par des constructions de pierres sèches et il n’est pas rare de voir ces curieux végétaux, vivre et fleurir des années durant, grâce aux réserves importantes d’eau et de matières nutritives accumulées dans leur énorme souche renflée.

Pachypode densiflore appelé en malgache songo-songo

Il pousse sur les roches du Centre.
Ses fleurs sont jaunes. Il ne dépasse pas 30 à 40 centimètres de haut.
Noter les étamines qui dépassent nettement de la gorge de la fleur.

Le Pachypode de Geay

est spécial au pays des Antandroy. C’est une des plus curieuses espèces de Madagascar.

Ses fleurs blanches, magnifiques, donnent des fruits formés de deux méricarpes, dont chacun s’ouvre en deux valves, laissant échapper les graines pourvues d’une aigrette de longues soies blanches.

d) C’est encore à cette famille qu’appartient la pervenche de Madagascar, Catharanthus roseus (Apocynaceae) : Elle porte en créole les noms de « guillemette » ou « rose amère » et en malgache ceux de vonenina, salotsa, felambaratra, felanandrona :
C’est une plante suffrutescente, à fleurs roses ou parfois blanches, très commune dans les régions chaudes, sur les terrains sablonneux et les alluvions des fleuves.
Ses racines très amères sont réputées pour leurs propriétés toniques et stomatiques.
On tire de ses feuilles la « vincaleucoblastine » utilisée dans le traitement de la leucémie et de certains cancers.

Les Asclépiadacées ne diffèrent guère des Apocynacées, que par leur pollen qui est aggloméré en « pollinies », alors qu’il était pulvérulent chez les plantes précédentes :
– Elles contiennent, comme elles, un latex blanchâtre qui peut produire chez certaines espèces du caoutchouc.
– Mais alors que les Apocynacées (Pachypodes mis à part) habitaient souvent la forêt de l’Est, les Asclépiadacées sont plus souvent les hôtes du bush ou de la savane de l’Ouest et des rocailles du Centre.
– Ce sont généralement des lianes feuillées ou aphylles, quelquefois pourvues d’un tubercule.

a) L’une des plus connues est le lombiro ou Cryptostégie, Cryptostegia madagascariensis (Asclepiadaceae) qui fit l’objet d’une recherche intense, pour la récolte du caoutchouc que produit son latex :
– C’est une liane ou un arbuste à rameaux flexueux, portant des feuilles ovales, plus ou moins acuminées au sommet, d’un vert foncé.
– Ses fleurs roses sont très décoratives. Elles comportent : un calice court à 5 dents, une corolle à tube court évasé en entonnoir et terminé par 5 lobes ovales imbriqués, se recouvrant à droite. Une couronne d’appendices, plus petits que les pétales, insérés sur la gorge de la corolle. Les 5 étamines sont terminées par un organe pointu, soudé au style. Chaque loge d’anthère comporte deux pollinies qui sont des masses de grains de pollen soudés entre eux.
– Le fruit est un double follicule, court et épais, parcouru longitudinalement par 3 côtes saillantes.
– Il contient de nombreuses graines pourvues d’une aigrette de fine soie.

– Le latex du Lombiro, riche en caoutchouc, a d’autre part des propriétés toxiques qui le font utiliser par les Sakalaves, comme onguent contre la gale.
– Ses tiges renferment des fibres, fines et solides qui pourraient être utilisées pour le tissage.
– Enfin, les aigrettes de ses graines servent aux-mêmes usages que l’amadou, pour les populations de l’Ouest.
– Cette liane a été introduite, tant pour la beauté de ses fleurs, que pour ses usages industriels dans de nombreux pays (Maurice, Inde, Floride, Californie et Mexique)
– Une sélection des plantes, en vue de l’augmentation de leur teneur en caoutchouc, fut pratiquée aux Etats-Unis et permet de porter cette teneur de 2,5 à 6%.
– On a isolé le principe toxique : c’est un glucoside cardioactif, proche de la digitaline.

b) Parmi les lianes aphylles, les Cynanches, Cynanchum, sont les plus curieuses :
– Le Cynanche de Perrier, Cynanchum ampanthense = Cynanchum humbertii (Asclepiadaceae), est assez abondant sur les rocailles du Tampoketsa d’Ankazobe. C’est une liane sans feuille, à rameaux charnus, un peu verruqueux et couvert d’un épais enduit cireux.
– Ses fleurs sont extrêmement curieuses dans leur détail, mais elles ne mesurent pas plus d’un ½ centimètre et sont assez difficiles à observer. Elles comportent : un calice à 5 sépales verts, charnus, faiblement soudés à leur base ; à l’aisselle de chaque sépale se trouve une glande volumineuse. La corolle est blanche, repliée sur elle-même de façon compliquée. Vu d’en haut, elle forme un pentagone assez régulier, dont le centre est occupé par le sommet des 5 lobes repliés sur eux-mêmes, vers l’intérieur. L’échancrure entre les lobes est située juste en face de la nervure médiane du sépale. À l’intérieur de cette corolle presque complètement fermée, on distingue 5 lames blanchâtres, alternant avec les pétales et qui constituent la couronne. Elle s’applique sur une pièce centrale volumineuse, résultant de la soudure du stigmate et des pollinies, nommée gynostème.
– Le fruit est encore un double follicule assez épais, à surface irrégulière.
– Il laisse échapper à maturité de nombreuses graines pourvues chacune d’une aigrette de poils soyeux.

L’agaurie

L’agaurie

Ericacées :

Crassulacées- Ebénacées

Plumbaginacées – Primulacées

9ème TYPE

L’AGAURIE OU ANGAVODIANA

L’agaurie, Agauria salicifolia = ??? (Ericaceae), que les Malgaches nomment angavodiana :
– C’est un petit arbre de la forêt de l’Est qui se transforme en un arbuste
rabougri, sur les rocailles du Centre et même se réduit à une souche émettant des rejets annuels, dans les prairies soumises au feu. C’est là encore un exemple des modifications importantes que certains types biologiques peuvent subir sans disparaître.
– Les feuilles, longues, étroites, assez souples dans la forme forestière, deviennent plus petites, arrondies et coriaces chez les arbustes des rochers desséchés.
– Les fleurs apparaissent vers le mois de novembre. Ce sont de petites clochettes roses ou blanches, de 1 centimètre de long, groupées en grappes élégantes. Chaque fleur comporte : un calice composé de 5 sépales soudés, une corolle composée de 5 pétales soudés qui constituent une sorte de tube renflé, au sommet duquel on voit 5 petites dents, 10 étamines insérées sur la base de la corolle et un ovaire supère à 5 loges.
– Le fruit est une capsule s’ouvrant par 5 fentes et renfermant de nombreuses petites graines.

– L’angavodiana fournit un bois de peu de valeur. Il était particulièrement utilisé autrefois pour la fabrication du charbon de bois. C’est une plante toxique, ayant causé des empoisonnements chez plusieurs animaux domestiques.

La Bruyère de Madagascar, Philippia madagascariensis (Ericaceae), (Fig. 30), plus connue en malgache sous le nom, d’anjavidy, est une plante extrêmement répandue dans tout le Centre de Madagascar. Ce petit arbuste qui peut atteindre 2 à 3 mètres, constitue un maquis très touffu auquel on donne le nom de savoka :
– Cette formation particulière s’établit généralement sur l’emplacement de la forêt primitive, quand celle-ci a été détruite par le feu. Le savoka est toujours très sec, il ne peut plus retenir l’humidité que l’épaisse forêt primaire absorbait. Il constitue donc une proie particulièrement facile pour le feu et c’est par milliers d’hectares qu’il brûle, souvent à l’époque des grands incendies de brousse. Il est peu à peu remplacé par la prairie, en même temps que la réserve d’humus du sol disparaît. La prairie elle-même devient de plus en plus pauvre. Le sol est raviné, lavé de ses principes fertilisants. Bientôt les graminées ne réussissent plus à couvrir toute sa surface. La stérilisation par la radiation solaire directe termine alors l’œuvre de dévastation commencée par le feu. Le savoka n’est donc qu’une formation de transition. Cependant, s’il était protégé des incendies, il pourrait y apparaître certaines essences édificatrices et quelques peuplements forestiers pourraient peut-être se reconstituer tout du moins, à proximité immédiate de la forêt intacte.

Les bruyères malgaches ont des fleurs organisées, comme celles des agauries, mais beaucoup plus petites et à peine visibles à l’œil nu.

Ces deux genres présentent un grand nombre de petites espèces, bien distinctes et qui constituent toujours des peuplements purs. Ce sont des genres en voie active de fractionnement, chez lesquels l’apparition des espèces nouvelles s’effectue sous nos yeux. Ils présentent pour cette raison un grand intérêt pour le biologiste.

Ces plantes constituent à Madagascar la famille des Ericacées à laquelle appartiennent également les « bruyères de France »

FAMILLE VOISINE

Les ébéniers, Diospyros (Ebenaceae), sont de beaux arbres de nos forêts côtières. Ils fournissent le bois d’ébène si apprécié pour sa dureté et qui a fait dans le passé l’objet d’un commerce assez important. Les Diospyros megasepala portent généralement en malgache les noms de hazomainty ou hazomafana :
– La fleur des ébéniers est construite sur le type 4. Elle comporte 4 sépales plus ou moins soudés. La corolle en forme de clochette est constituée par 4 pétales soudés. Les 8 étamines sont insérées en 2 verticilles sur la corolle. L’ovaire supère comprend 4 loges. Chaque loge renferme deux ovules. Il est surmonté d’un style court terminé par 4 branches stigmatifères. La fleur comporte des nectaires très développés et ces arbres sont très visités par les abeilles au moment de leur floraison qui s’échelonne, suivant les espèces, de la fin septembre jusqu’en décembre.
– Le fruit est une baie dont la grosseur varie suivant les espèces, de la taille d’une cerise à celle d’une pomme. Il contient généralement 8 graines. Il reste généralement entouré par le calice qui se développe en même temps que lui et reste à sa base. La pulpe du fruit est comestible, mais elle n’est assez sucrée que lorsque le fruit est blet. Avant la maturité complète le fruit est extrêmement astringent et parfois de saveur brûlante.

Les kakis ou plaqueminiers, Diopyros (Ebenaceae), ces arbres furent introduits, vers 1870, par les missions. D’excellentes variétés ont été importées depuis, par les Stations d’Essai. Mais elles sont peu répandues, car leur croissance est très lente et elles exigent assez de soins :
– Le Diopyros kaki, originaire du Japon, fournit des fruits estimés avec lesquels on confectionne de bonnes confitures.
– Actuellement, le Diopyros lotus, originaire de Chine, produit des fruits comestibles très appréciés.
– Ces arbres ont été introduits sur les Hauts-Plateaux, où leurs feuilles prennent une belle couleur automnale et tombent vers juin, juste avant la maturité de leurs fruits.

Ces plantes appartiennent à la famille des Ebénacées.

Le plumbago du Cap_ou dentelaire, Plumbago auriculata, syn. P. capensis (Plumbaginaceae), dont le nom de dentelaire est tiré de l’usage qu’on faisait autrefois de ces plantes, comme odontalgique. Elle renferme de la plumbagine qui est une substance à propriété antispasmodique.
– C’est un petit arbuste lianoïde, à gracieuses fleurs bleues, couramment cultivé dans les jardins de Tananarive. Son introduction est très récente. Il provient du Cap de Bonne-Espérance. À la Réunion où il est cultivé depuis plus longtemps, il s’est déjà naturalisé en de nombreux points.
– Les fleurs de la dentelaire sont groupées en épis à l’extrémité des rameaux. Elles sont sessiles et portent à leur base un petit calicule, composé de 3 bractées. Elles comprennent : un calice tubuleux formé de 5 sépales soudés, sur presque toute leur longueur et portant vers son sommet de nombreux poils glanduleux. La corolle bleu pale comprend un tube mince de 3 à 4 centimètres de long et s’épanouit au sommet en 5 segments ovales. Les 5 étamines sont libres. Leurs anthères arrivent juste au niveau de la gorge du tube. L’ovaire est supère, surmonté d’un long style qui s’épanouit au niveau de la gorge de la corolle, en un stigmate à 5 branches.

La dentelaire de Zeylande, Plumbago zeylanica (Plumbaginaceae), est naturalisée çà et là dans la Grande-Île, en particulier dans le domaine occidental et le pays Sihanaka. C’est un arbuste sarmenteux, à toucher visqueux, en raison des poils glanduleux qui le couvrent presque partout. Ses fleurs groupées en épis ont une structure analogue à celle de l’espèce précédente, mais leur corolle est blanche et le calice porte des poils glanduleux plus abondants.

Les primevères, Primula (Primulaceae) (du latin : Primo vere, signifiant, au début du printemps), originaires d’Europe tempérée, parfois utilisées pour la décoration des jardins, ont une fleur de structure très analogue. Leur ovaire cependant contient de nombreux ovules, donnant naissance à un grand nombre de petites graines, alors qu’il ne renferme généralement qu’un seul ovule chez les Plumbaginacées.

La primevère malacoïde, Primula malacoides, à petites fleurs bleues, abondantes et très gracieuses, est l’espèce la plus fréquemment cultivée à Tananarive.

Elle peut servir de type à la famille des Primulacées (Primulaceae)

Philippie ou bruyère de Madagascar

En malgache : anjavidy

Communs sur les sommets rocheux du Centre et dans la région de Manjakandriana.

Enfin, les Crassulacées qui ne comptent guère à Madagascar, que des genres à corolle soudée, doivent aussi être rangées auprès des Ericacées :
– Ce sont des plantes grasses à tiges et à feuilles charnues et à port très divers.
– Tantôt, ce sont des plantes basses ne comportant, qu’une rosette de feuilles grasses. D’autre fois, ce sont des plantes plus élevées, à feuilles cylindriques qui les font ressembler beaucoup aux Cynanches aphylles ou à certaines Euphorbes du Sud-ouest.
– Il est d’ailleurs extrêmement curieux de noter, que dans des familles aussi diverses, des formes presque semblables quant à l’appareil végétatif, aient pu apparaître et se fixer dans un même milieu.
– D’autres crassulacées malgaches sont lianoïdes.

– L’une d’entre elles est un petit arbre très pittoresque du Sud-ouest, qu’on a surnommé, l’arbre-feutre, Kalanchoe beharensis (Crassulaceae), en raison de ses feuilles couvertes de poils ras qui rappellent l’aspect et le toucher de ce tissu. Ces feuilles qui atteignent 30 centimètres de long, sont de forme triangulaire, mais plus ou moins contournées. Elles laissent sur le tronc quand elles se détachent, une grande cicatrice triangulaire en forme d’écusson.

– Enfin, quelques espèces des forêts de l’Est et du Centre sont de petites plantes épiphytes, dont les fleurs en clochettes d’un rouge brillant sont très gracieuses.

– L’une de ces plantes le kalanchoe de Grandidier, Kalanchoe grandidieri (Crassulaceae), (Fig. 31), est connue dans le Sud-ouest sous le nom de, Mongy, Isaka, Sofisofy :
– Les Antandroy la récoltent souvent pour son écorce qui secrète des résines odorantes et dégage en brûlant, une odeur de benjoin. Une particularité curieuse de cette écorce, c’est qu’elle brûle bien, même fraîche et encore gorgée d’eau.
– La plante atteint plus de 2 mètres de haut, avec de grosses tiges charnues renflées, sur lesquelles les cicatrices foliaires restent très apparentes.
– Les feuilles sont très
charnues, épaisses, groupées en rosette au sommet des tiges nues.
– L’inflorescence est terminale, à axe robuste.
– Les pédoncules secondaires, alternes ou opposés, portent 2 à 5 fleurs. Chaque fleur comporte : un calice tubuleux, à 4 dents. Une corolle violacée, à tube dépassant longuement le calice, terminée par 4 lobes ovales, en pointe aiguë au sommet. Le tube de la corolle est à section carrée, avec 4 angles nets correspondant au milieu des pétales soudés. Les étamines sont au nombre de 8, en deux verticilles inégaux, soudées à la base avec la corolle. Au centre de la fleur se trouvent les 4 carpelles, libres, allongés, atténués peu à peu en styles courts. Chacun d’eux renferme un grand nombre d’ovules qui se transformeront en graines très petites.

– Parmi les nombreuses espèces que comprend cette famille, existent des plantes très décoratives, dont la culture gagnerait à être entreprise d’une façon plus courante. Elles se prêtent non seulement à la garniture des rocailles, mais encore à la composition de potées fleuries du plus charmant effet.

Kalanchoe de Grandidier ou mongy

Ses feuilles gorgées d’eau lui permettent de résister aux grandes sécheresses de l’Androy.

Noter les 4 carpelles séparés, renfermant chacun de nombreux ovules.

La carotte

LA CAROTTE

carottes

Famille des Ombellifères : Cette famille est mal représentée dans la Flore malgache. Elle comprend cependant un certain nombre de plantes introduites et cultivées depuis peu de temps :
– la carotte, Daucus carota,
– le céleri, Apium graveolens ou Ache des marais, comme son nom l’indique, on trouve cette plante dans les marais et les sols salés d’Europe, d’Afrique du Nord et d’Amérique.
– le persil, Petroselinum crispum,
– le cerfeuil, Anthriscus cereforium.

Ces plantes potagères fleurissent rarement à Madagascar, cependant on peut avoir l’occasion d’observer quelques-unes de leurs fleurs :
– L’aneth, Anethum (Umbellifereae) ou fenouil bâtard ou faux anis qui est devenu sub-spontané dans certains jardins de Tananarive, fleurit régulièrement chaque année.
– Ces fleurs sont toujours petites, mais groupées en inflorescences importantes dont tous les pédicelles, partant d’un même point, s’étalent au même niveau : ce sont des ombelles, d’où le nom d’Ombellifères, donné à la famille.
– Chaque fleur comporte : 5 sépales, 5 pétales, 5 étamines et un pistil à deux loges, dont l’ovaire est infère, c’est-à-dire situé au-dessous des autres pièces de la fleur.
– Cet ovaire se transforme en un double akène, généralement orné d’aiguillons plus ou moins nombreux et compliqués. Il reste couronné longtemps par les débris des stigmates et du calice.

Hydrocotyle umbellata
Hydrocotyle umbellata

Centella asiatica
Centella asiatica

Centella asiatica
Centella asiatica

Récolte de Talapetraka (Centella asiatica)
Récolte de Talapetraka (Centella asiatica)

FAMILLES VOISINES.

La famille des Myrtacées est la plus importante, car elle comprend de nombreuses plantes fruitières ou industrielles, pour la plupart introduites, mais très largement représentées.

Parmi les espèces fruitières nous citerons :

1°) Le jambose ou jamerosier ou jamrosa ou jamrosat, Syzygium jambos (Myrtaceae) :
– Ce petit arbre d’origine pan-tropicale est cultivé pour son fruit comestible.
– Il a été introduit à Madagascar, de la Réunion où il était cultivé depuis longtemps.
– Ses feuilles sont entières, alternes, allongées et terminées en pointe.
– Il fleurit en septembre – octobre.
– La fleur, au premier abord, ne montre qu’un bouquet d’étamines extrêmement nombreuses. Elle comporte en réalité : 5 sépales peu marqués, 5 grands pétales blancs, imbriqués dans le bouton, mais tombant rapidement, des étamines très nombreuses, libres, longuement saillantes, dissimulant les pièces du périanthe, lorsque la fleur est épanouie.
– L’ovaire infère est, à 2 loges. Il est surmonté d’un style assez long qui apparaît seul à la partie supérieure de la fleur.
– Le fruit, jamerose ou appelé jambaras en malgache, est une baie à chair parfumée rappelant un peu l’odeur de la rose. Il est creusé d’une cavité que la graine ne remplit qu’incomplètement. Les restes du périanthe et du style persistent longtemps à la partie supérieure du fruit, montrant nettement la position infère qu’occupe l’ovaire.

2°) Le jambolan ou jambul ou jamblon ou jamlong, Eugenia jambolana = Syzygium cumini (Myrtaceae), que les Malgaches appellent rotra :
– C’est un bel arbre à feuilles persistantes, d’un vert assez gai.
– Ses fleurs sont beaucoup moins visibles que celles du jamerosier.
– Ses fruits, de la taille d’une olive, oblongs, plus ou moins piriformes, sont à maturité d’une belle couleur pourpre, presque noire. L’arbre extrêmement généreux produit en abondance. Ses fruits assez sucrés ont cependant un goût astringent. Ils peuvent servir à préparer des gelées.

3°) Le goyavier, Psidium guajava (Myrtaceae), que les Malgaches nomme gavo ou goavy, est un arbuste pan-tropical, originaire d’Amérique du Sud, de 2 mètres de haut, à rameaux tétragones et feuilles sub-sessiles, duveteuses, à nervures très apparentes. Il fut introduit en 1692, en Europe :
– Son fruit, la goyave, à maturité a une chaire jaune ou rose, des graines jaunes et un calice persistant.
– Il existe des variétés sans graines.
– Son fruit qui est estimé, est riche en vitamines A et C, en fer et en phosphore.
– On en fait des jus de fruit, des confitures et des gelées.

Le goyavier dit de Chine ou plus exactement goyavier de Cattley, Psidium cattleyanum, est un arbuste plus petit, à fruits ne dépassant pas la grosseur d’une noix :
– Il est originaire du Brésil, en Amérique tropicale. Il fut introduit à Madagascar en 1801, par MICHAUX. Il se ressème de lui-même et est très abondant autour des villages et sur les alluvions des rivières, dans toutes les parties de l’île. Il ne dépasse cependant pas en général 1500 mètres d’altitude.
– Ses fleurs sont caractérisées, lorsqu’elles sont en bouton, par leur calice enveloppant complètement la fleur, sans aucune solution de continuité. Ce calice se déchire irrégulièrement, lors de la floraison. La corolle comporte 4 ou 5 pétales. Les étamines sont nombreuses.
– L’ovaire infère est partagé en un nombre de loges variables. Il comporte de très nombreux ovules qui donnent naissance à autant de petites graines.
– Son fruit, de la grosseur d’une petite pomme, est très parfumé.
– Il en existe de nombreuses variétés à pulpe rose ou blanche qui sont toujours très améliorées par la culture.

4°) Le grenadier, Punica granatum (Myrtaceae), est très répandu dans toute l’Île :
– Son introduction, semble avoir été contemporaine de celle de la vigne par les Arabes, (XV° Siècle
environ) et aurait été effectuée également dans le Sud-est.
– Les fleurs d’un rouge pourpre sont très décoratives.
– La disposition de leur ovaire est très particulière : il comporte de nombreuses loges disposées irrégulièrement et sur les parois desquelles s’insèrent de très nombreux ovules.
– Chacun de ceux-ci donne naissance à une graine pourvue d’un tégument externe, charnu qui est la partie consommable du fruit.

Parmi les Myrtacées industrielles, il convient de citer :

1°) Le giroflier, Eugenia caryophyllata = Sygygium aromaticum (Myrtaceae) qui est un arbre originaire des Îles Moluques et proche parent du jamerosier :
– Les boutons de ses fleurs desséchés constituent les clous de girofle, très utilisés comme condiment.
– La distillation de ses feuilles permet d’autre part, d’obtenir de l’essence de girofle, matière première importante de l’industrie des parfums synthétiques.
– On le cultive surtout à Sainte-Marie et sur la Côte Orientale en particulier, aux environs de Fénérive. Madagascar en exporte en moyenne, 1000 à 3000 tonnes.

2°) Les eucalyptus, Eucalyptus (Myrtaceae), dont de nombreuses espèces ont été introduites à Madagascar, fournissent un bois qui n’est pas de grande valeur. Mais celui-ci joue un grand rô1e dans l’industrie locale. La croissance de ces arbres est extrêmement rapide, même dans les mauvais sols et ils atteignent une taille énorme : jusqu’à 100 mètres de hauteur. Leur plantation est très rémunératrice et permet la mise en valeur de sols qui resteraient improductifs sans eux. Les feuilles de l’Eucalyptus globosus peuvent aussi fournir une essence utilisée en parfumerie et en pharmacie.

Les Mélastomatacées comptent de nombreux arbres, arbustes et plantes herbacées, parfois épiphytes, des forêts primitives humides de l’Est, toutes pourvues de fleurs splendides et qui mériteraient d’être abondamment cultivées dans les endroits ombragés.

1°) Les Dichétanthères, Dichaetanthera arborea (Melastomataceae), dont les noms vernaculaires sont, kotrokotroka ou voatrotrokala, (fig. 28) :
– Ils ont une fleur pourvue d’un réceptacle concave, sur les bords duquel s’insèrent : 5 sépales verts et 5 pétales brillamment colorés (roses, rouges ou violets). Leurs dix étamines ont une forme très caractéristique. Leur connectif, c’est-à-dire la petite pièce sur laquelle sont fixées les loges de 1’anthère, est recourbé et prolongé en avant, au niveau de sa soudure avec le filet, par deux grands appendices pointus. Elles sont d’autre part de dimensions inégales : 5 grandes et 5 petites. Toutes les étamines sont orientées vers la partie supérieure de la fleur. Le style est incurvé vers la partie inférieure de la fleur et opposé aux étamines.
– L’ovaire est infère, profondément inclus dans le réceptacle. Il comprend de très nombreux ovules qui se transforment à maturité, en des graines minuscules, extrêmement nombreuses.
– Ces graines ne germent pas souvent, surtout hors de leur habitat, la forêt primitive.
– Le fruit est une baie à suc coloré, généralement comestible, mais à saveur très astringente.

La Dichétanthère ou kotrokotroka.

Arbuste à très belles fleurs roses.

Noter la forme particulière des nervures de la feuille et l’aspect très particulier des filets qui portent les étamines.

Il existe de nombreuses espèces spéciales à Madagascar, de Dichaetanthères.

Plusieurs mériteraient d’être cultivées comme arbustes décoratifs.

2°) Les Cactacées :

Sont représentées à Madagascar par l’Opuntia, Opuntia ficus-indica (Cactaceae). On l’appelle le figuier de Barbarie (la Barbarie à l’époque était l’actuel Maroc), plus connu sous le nom de raquette et en malgache, raiketa ou tsilo, (Fig. 29) :
– C’est une plante originaire du Mexique, elle a été introduite par les Espagnols, sur le pourtour de la Méditerranée et probablement à Madagascar, vers le XVIIIe siècle.
– Cette plante s’étendit rapidement autour des villages du Centre, où elle servait de clôture. Mais surtout dans le Sud-ouest, en Androy, où tous les villages s’entouraient de massifs impénétrables, faits de ces épineux.
– La raquette avait pu supplanter la végétation autochtone dans le Sud-ouest, car elle était particulièrement bien organisée pour résister à l’extrême sécheresse de ce climat. Cette curieuse plante en effet est complètement dépourvue de feuilles. Elles sont réduites à leurs stipules transformées en épines. Ses rameaux sont aplatis, épais, ils contiennent une énorme quantité d’eau et leur écorce verte qui peut remplacer la feuille dans la fonction chlorophyllienne, est presque totalement dépourvue de stomates, si bien que l’évaporation de la plante est très faible.
– Les fleurs jaunes ou orangées ont une organisation curieuse. Elles comportent un réceptacle charnu, orné de nombreux piquants. Sur les bords de ce réceptacle s’insèrent les pièces du périanthe, très nombreuses : celles de l’extérieur sont vertes, celles de l’intérieur sont d’un jaune orangé, le passage est insensible de l’un des types à l’autre, si bien qu’il est impossible de dire, où fini le calice et où commence la corolle. Les étamines sont très nombreuses.
– L’ovaire est profondément inclus à l’intérieur du réceptacle infère, à une seule loge, renfermant de nombreux ovules.
– Après la fécondation, le périanthe et l’androcée se fanent et se détachent, laissant au sommet du fruit une cicatrice en entonnoir. Le fruit est une baie peu sucrée contenant une pulpe rose et des petites graines noires, brillantes, rappelant très vaguement la figue. On les fait aussi sécher ou on en fait des jus. La production est très importante à Madagascar dans le Sud, en janvier – février. Le fruit reste couvert de nombreux piquants très fins, qu’il faut enlever avant de le consommer. Les Antandroy sont d’ailleurs experts dans cet art. Ils roulent le fruit dans le sable, sous la semelle de leur sandale et le débarrassent rapidement de ses épines. Les fruits mûrissent rarement, même dans le Sud-ouest. Ils donnent généralement naissance à de petits bourgeons qui produisent de nouveaux éléments, mais leurs graines ne mûrissent pas. La multiplication est très simple, il suffit qu’une raquette tombe pour qu’elle prenne racine. On fait des haies défensives autour des villages; elles protègent aussi les cultures des zébus.
– Ces raquettes, désagréables quand elles prenaient une trop grande extension, fournissaient un appoint de nourriture intéressant aux habitants et aux bœufs du Sud-ouest.
– Les zébus consommaient en effet les rameaux de la plante, malgré leurs redoutables piquants. Ces épines s’accumulaient dans leur estomac, car les sucs gastriques étaient incapables de les dissoudre et il n’était pas rare d’en trouver d’énormes pelotes dans l’estomac des animaux abattus.
– Ses fruits et les tiges charnues écrasés servaient aussi à la confection de cataplasmes.
– Actuellement, les jeunes raquettes servent à l’alimentation humaine et pour le bétail.
– Elles sont aussi très appréciées des tortues, Radiata.
– En cas de disette ou de sécheresse, comme en 1992, on mit le feu aux haies de cactus pour éliminer les aiguilles, afin que le bétail puisse y trouver, à la fois un peu d’eau et de la nourriture.

D’autres cactus, tels que Nopalea cochenillifera (Cactaceae) ont été introduits à Madagascar, pour obtenir le rouge de cochenille à partir de la cochenille (Dactylopius coccus). Cette dernière a détruit les autres cactus à une très grande échelle, entraînant la mort de nombreux bœufs et une famine prolongée qui eurent de graves répercussions économiques dans le Sud.

En dehors du genre Opuntia, on trouve 5 espèces appartenant aux Cactacées à Madagascar.

Les Cereus (Cactaceae) dont le nom vernaculaire est Cierge.
Autour de Tananarive, on rencontre aussi assez souvent les grands cierges, Cereus grandiflorus (Cactaceae), autre Cactacée américaine, originaire du Brésil, pouvant atteindre une dizaine de mètres de hauteur, à tiges ornées de côtes pourvues d’épines nombreuses et redoutables. Les grandes fleurs blanches de ces cierges, sont très décoratives. Elles ne s’épanouissent que la nuit et on ne peut les voir ouvertes, que de très bonne heure le matin.
Ces végétaux sont inaccessibles aux incendies de prairie et il serait probablement intéressant d’essayer d’en planter des barrages autour des réserves forestières, pour les protéger contre les feux, surtout dans l’Ouest et le Sud.

Les familles que nous venons d’étudier ont toutes des fleurs caractérisées par leurs pétales libres et leur ovaire infère.

Elles constituent l’ordre des Dialypétales inférovariées.

La raquette ou figuier de Barbarie
– 1 – rameau aplati et charnu.
– 2 – Fleur, noter la présence de très nombreuses pièces florales et étamines.

Voir aussi : [->art61].

La vigne

La vigne

Ampélidacées : Vitacées – Rhamnacées

7ème TYPE

LA VIGNE

par Pierre Boiteau

La vigne d’Europe, Vitis vinifera (Vitaceae), (Fig. 26), est une plante cultivée dans la région méditerranéenne depuis la plus haute antiquité, pour la production du raisin et du vin. Les Arabes l’importèrent aux Comores et dans le Sud-est de Madagascar, avant le XVIe siècle. Sa culture se répandit rapidement dans le Sud et l’Ouest, mais peu sur les Plateaux. C’était une variété à gros grains blancs, durs et allongés. Le raisin est d’ailleurs bien meilleur dans la région occidentale où il mûrit en saison sèche, que sur les Plateaux où il arrive à maturité en pleine saison des pluies. Cette variété à fruits blancs est aujourd’hui devenue très rare.

En 1802, MICHAUX introduisit une vigne américaine, Vitis labrusca (Vitaceae) qui est aujourd’hui très cultivée sur les Plateaux, sous le nom d’Isabelle. C’est un cépage à grain rouge, à pulpe épaisse et à goût foxé caractéristique. Il sert en majeure partie à la production du vin local.

Enfin, depuis la création du Service de l’Agriculture, celui-ci, ainsi que des particuliers ont introduit de nombreux cépages. Mais leur croissance est souvent entravée par des champignons parasites et une récolte intéressante est presque impossible sans traitements anticryptogamiques. Aussi, « le labrusca » reste le plus
répandu, malgré le goût peu agréable qu’il communique au vin.

La production du vin pour la consommation locale atteint aujourd’hui une assez grande importance.

La vigne, voaloboka en malgache, fleurit à Tananarive en septembre.
Sa fleur est très petite. Elle comprend : 5 sépales à peine visibles, pétales verts, soudés par leur sommet en une sorte de capuchon qui se détache par le bas, 5 étamines et un ovaire à 2 loges, supère.
Cet ovaire forme le grain de raisin qui est une baie. C’est-à-dire un fruit charnu renfermant plusieurs graines.

La vigne est le type de la famille des Vitacées.

La vigne ou voaloboka.

Ses grappes de fruits ou raisins fournissent le vin.

vitace

FAMILLES VOISINES

La petite famille des Rhamnacées est représentée à Madagascar par un arbre fruitier très abondant dans l’Ouest, le jujubier, Ziziphus (Rhamnaceae), (Fig. 27), en sakalava mokonazo. Il en existe deux espèces :

1°) Le premier, Ziziphus mauritiana (Rhamnaceae), a un fruit plus volumineux et des rameaux droits, peu épineux. Il est originaire de l’Inde. À la période de maturité, la nuit, de très nombreux petits lémuriens, les microcèbes, se régalent de ses fruits et ne se dérangent même pas à l’approche d’une lampe.

2°) Le second, Ziziphus jujuba (Rhamnaceae), à fruits plus petits, moins savoureux, à rameaux tortueux, très épineux, provient de l’Afrique du Nord.

– Les deux espèces furent introduites anciennement à Madagascar par les « Silam » de Zanzibar. Leurs graines étant disséminées par les sangliers, ces arbres ont pris, au cours des dernières années, une extension formidable, surtout dans les terrains sablonneux et calcaires de l’Ouest. Leur résistance au feu aidant, ils ont tendance à supplanter dans beaucoup de cas la végétation primitive.
– Ces petits arbres ont des feuilles alternes, assez coriaces, à stipules transformées en épines. Leurs fleurs petites, verdâtres comportent : un calice à 5 sépales, une corolle à 5 pétales, verts tous les deux, 5 étamines et un pistil composé de deux carpelles. Le pistil est entouré d’un renflement caractéristique : le disque. Le fruit du jujubier, le jujube est une grosse drupe, comme une olive, à noyau ligneux, à pulpe sucrée, mucilagineuse et parfumée. On leur attribue des vertus pectorales.
– C’était un fruit très recherché dans l’antiquité et Homère chantait les vertus d’un jujubier, qu’il appelait « le lotus en arbre » et « dont les fruits étaient si délicieux, qu’ils faisaient perdre à ceux qui les mangeaient le souvenir de leur patrie »

Le jujubier ou mokonazo.

Très commun dans les savanes, aux environs de Maevatanana et de Majunga.

Nous venons d’étudier sept types de fleurs qui présentent toutes, un caractère commun :

Elles ont des pétales libres et un ovaire supère.

Elles constituent l’ordre des Dialypétales superovariées.

Tableau récapitulatif :

I) Étamines en nombre indéfini insérées en spirales continues : Renonculacées

II) Étamines en nombre variable :
a) carpelles ouverts : Crucifères
b) carpelles fermés : Malvacées
c) Fleurs régulières :
1) calice, corolle et androcée libres : Caryophyllacées
2) calice, corolle et androcée concrescents : Rosacées

III) Étamines en nombre multiple des pétales, plusieurs verticilles :
Fleurs irrégulières : Papilionacées

IV) Étamines en même nombre que les pétales : Ampelidacées-Vitacées

Voir aussi [->art60]

Le haricot

Le haricot

Légumineuses : Papilionacées

Césalpiniacées

Mimosacées

6ème TYPE

LE HARICOT

Le haricot, Phaseolus vulgaris (Leguminoseae-Papilionoideae), est cultivé depuis longtemps dans le Centre de Madagascar (MAYEUR le signalait déjà en 1775). Cette culture a été étendue depuis, à l’Ouest et au Sud-ouest.
– On sait que cette plante est caractérisée par sa fleur, dont les 5 pétales sont inégaux. C’est une fleur irrégulière.
– Le pétale supérieur est généralement bien développé : on le nomme étendard. Les deux pétales latéraux, plus petits, sont les ailes ; enfin, les deux pétales inférieurs, plus petits encore, souvent soudés en partie, forment la carène. On a donné à cette corolle de forme particulière : le nom de corolle papilionacée. Les pièces de l’androcée et du pistil sont entourées à l’intérieur de la carène. Les étamines sont au nombre de 10, dont 9 soudées. Seule l’étamine supérieure ou vexillaire, opposée à l’étendard, reste libre. Le pistil comprend un ovaire allongé, surmonté d’un style coudé. L’ensemble des pièces de l’androcée et du pistil est arqué de façon à épouser la forme de la carène.
– Le fruit est également caractéristique. C’est une gousse s’ouvrant à maturité par deux fentes longitudinales. Il résulte du développement d’une seule feuille carpillaire, enroulée sur elle-même. Les ovules qui se transforment plus tard en graines, sont tous insérés sur 1’emplacement de l’une des fentes qui correspond à la soudure des bords de la feuille carpillaire. La fente opposée se produit à l’emplacement de la nervure médiane.

P.S. : C’est l’écrivain allemand, Goethe, également intéressé et passionné de recherches scientifiques et de botanique qui révéla en 1790, dans sa publication « La métamorphose des plantes » qu’en réalité, le fruit des légumineuses résultait en partie de la transformation d’une feuille.

Le haricot, en dehors du rôle important qu’il est appelé à jouer dans l’alimentation, est encore intéressant à cultiver en vue de l’exportation. La Grande-Île en exporte chaque année quelques milliers de tonnes.

PLANTES VOISINES

Le pois du Cap, Phaseolus lunatus (Leguminoseae-Papilionoideae), très voisin du haricot, fait l’objet d’une culture importante dans la région du Sud-ouest. Ce pays déshérité, où les pluies sont si rares, vit presque entièrement sur cette production. En 1937, la production totale a atteint 24.000 tonnes et les exportations peuvent être évaluées chaque année, de 15 à 22.000 tonnes. Cette plante semble avoir été introduite, vers 1840 ou 1850, de l’Afrique du Sud. Cultivée dans les régions humides, sur la Côte-Est en particulier, elle ne produit que de petits fruits, dont les graines se chargent d’acide cyanhydrique et peuvent alors, être toxiques. Les Malgaches le distinguent alors, sous le nom de kalamaka. Sous le climat sec du Sud-ouest, cet inconvénient n’existe pas : la plante se développe largement et ses graines ne sont jamais toxiques. Elle est alors connue en malgache, sous le nom de kabaro. Le pois du Cap est originaire d’Amérique, où on le cultive en grand, sous le nom de haricot de Lima. De nombreux bateaux hollandais faisaient alors relâche dans la baie de Saint-Augustin, pour se ravitailler en zébus et en eau potable, et il semble que ce soit par leur intermédiaire que cette introduction a eu lieu.

Les ambériques ou ambrevade ou Pois d’Angole, Cajanus cajan, nommé en malgache, amberivatry, ambarivatry, ambatry, antsotry sont également très voisines des haricots. Leurs graines plus petites servent, néanmoins, à l’alimentation de l’homme et des animaux, à Madagascar et à la Réunion.
Cet arbuste lianescent, de 2 à 3 mètres, est surtout cultivé pour ses graines alimentaires, dans les pays tropicaux. Il est souvent cultivé comme engrais vert ou plante de couverture. La plante sèche constitue un bon engrais. Le dernier, dont les feuilles sont consommées par le ver à soie malgache, était en outre cultivé autrefois pour l’élevage de cet insecte.
La fleur peut être complètement jaune ou l’étendard est veiné de rouge et de brun.
La gousse est velue extérieurement et contient 4 à 5 graines qui se mangent comme les petits pois, dont elles ont la taille.

Le voanemba, Vigna sinensis (Leguminoseae-Papilionoideae), dont les Créoles ont fait voème ou mongette, est également cultivé ça et là, un peu dans toutes les régions de l’île. Il donne lieu à de petites exportations sur la Réunion et Maurice. Sa graine a la forme d’un très petit haricot. C’est une culture très ancienne qui est citée par GAUCHE (1638) et FLACOURT (1650)

Le Dolique d’Égypte ou labblab, Lablab purpureus, syn. Dolichos lablab (Leguminoseae-Papilionoideae), en malgache, antaque ou ananantaka, est sans doute une des légumineuses alimentaires les plus anciennement introduites à Madagascar. Il provient de l’Afrique tropicale. Mais FLACOURT signalait déjà sa présence dans les cultures, vers 1650. La varieté Lablab purpureus possède des tiges et des feuilles violacées.

Le pois, Pisum sativum et la fève, Vicia faba (Leguminoseae-Papilionoideae), d’introduction très récente, sont cultivés autour des grandes villes, surtout dans la région centrale. Leur culture est appelée à prendre un grand développement, car les Malgaches les consomment de plus en plus.

Le pois chiche, Cicer arietinum (Leguminoseae-Papilionoideae), a été introduit par les Indiens, dans le Sud-ouest, en 1914. Il donne lieu à une petite culture, servant d’appoint à celle des pois du Cap.

L’arachide, Arachis hypogaea (Leguminoseae-Papilionoideae), a la curieuse particularité de mûrir ses fruits dans la terre. Aussitôt après la fécondation, les pédoncules des fleurs se recourbent et le jeune fruit est enterré peu à peu. En raison de cette particularité, l’arachide ne croît bien, que dans les sols très meubles. Originaire de l’Amérique tropicale, l’arachide fut introduite au XIXe siècle à Madagascar. Elle donne lieu aujourd’hui à d’importantes cultures, surtout dans les régions de l’Alaotra et de l’Itasy. Sa production totale est d’environ 8.000 tonnes. En dehors de sa consommation directe, sa graine contient en effet une huile appréciée. Elle donne lieu à un commerce assez important avec la métropole.

Le voanjo, Vigna sugterranea (Leguminoseae-Papilionoideae), proche parent de l’arachide, produit un fruit qui s’enterre également à maturité. Mais, il ne contient qu’une graine et est rond, d’où le nom de voanjobory que les Malgaches lui donnent, pour le distinguer de l’arachide. C’est une culture très ancienne. Le général de BEAULIEU (1620), CAUCHE et FLACOURT (l650) le signalaient déjà dans les cultures. II entre pour une part importante dans l’alimentation des Malgaches. Sa culture est d’ailleurs plus facile que celle de l’arachide et il résiste très bien à 2.000 mètres d’altitude.

Enfin le soja, Glycine max = Glycine soja (Leguminoseae-Papilionoideae), d’introduction très récente est aussi, cultivé ça et là, surtout dans l’Ouest et le Sud-ouest.

Les légumineuses fourragères qui jouent en Europe un rôle si important dans l’alimentation du bétail, sont peu cultivées à Madagascar. Il serait très important de développer leur culture, surtout en vue de 1’alimentation des jeunes et des vaches laitières, car elles sont généralement riches en azote.

Notons en passant, une légumineuse locale, la glycine de Lyall, Glycine lyallii (Leguminoseae-Papilionoideae), au nom malgache de andratsiky (Sak.) et dont la valeur fourragère est au moins égale à celle de la luzerne.
Du point de vue agricole d’une façon générale, les légumineuses jouent un rôle extrêmement important. Elles vivent en effet en association avec des bactéries qui ont la propriété de fixer directement l’azote de l’air. Ces bactéries sont abritées dans des sortes de renflements des racines : nodosités qui sont bien visibles, chez toutes ces plantes. Elles permettent un enrichissement rapide en azote des sols neufs qui en sont souvent dépourvus. Aussi les légumineuses peuvent-elles être utilisées souvent, comme engrais verts : C’est-à-dire enfouies dans le sol au cours de leur végétation, de façon à apporter à celui-ci l’azote qu’elles ont fixé dans l’atmosphère. D’autre part, les sols tropicaux
exposés à une radiation solaire extrêmement intense, se stérilisent très rapidement s’ils ne sont pas couverts par la végétation. Les légumineuses peuvent encore servir de plantes de couverture, c’est-à-dire ombrager le terrain entre deux cultures ou dans les intervalles des plantes cultivées, (caféiers, etc.).

Parmi les arbustes et arbres

Les mondulées, Mundulea pauciflora = Pyranthus pauciflora (Leguminoseae-Papilionoideae), connues en malgache sous le nom de famamo ou fanomo, (Fig. 18) et les téphrosies, Tephrosia, nom vernaculaire : tandrohara, ont des feuilles et des écorces toxiques qui servent pour empoisonner les poissons. Ces substances toxiques sont inoffensives pour l’homme et les poissons ainsi capturés peuvent être consommés sans danger. Les Comoriens préparent ainsi des poisons si efficaces, qu’ils peuvent pêcher même en mer, près des rivages à l’aide de ces plantes. On pourrait utiliser ces propriétés en vue de la préparation des insecticides.

Ces arbustes sont au reste fort décoratifs et plusieurs mériteraient d’être cultivés, ainsi que les chadsies, Chadsia (Leguminoseae-Caesalpinioideae) (Fig. 19), à grandes fleurs rouges-orangé, pour la décoration des jardins.

Les indigotiers, Indigofera (Leguminoseae-Papilionoideae), petits arbustes ou plantes suffrutescentes, Indigofera tinctoria, appelés aika en malgache, fournissent une belle teinture uti1isée autrefois, pour la coloration bleue des tissus et des rabanes.

Enfin les palissandres, Dalbergia (Leguminoseae-Papilionoideae), nommés en malgache, voamboana, manariketsana (Tsim.), (Fig. 20), dont il existe un grand nombre d’espèces, sont de beaux arbres de la forêt malgache. Ils fournissent un bois remarquable par sa couleur et sa dureté qui fait l’objet d’un commerce. Leurs fleurs sont à corolle papilionacée, mais leurs gousses ne s’ouvrent pas à maturité.

Toutes ces plantes constituent l’importante famille des Papilionacées, caractérisée par la forme de sa fleur et son fruit appelé gousse ou légume.

La mondulée ou famamo (Leguminoseae-Papilionoideae)

Il a la propriété d’enivrer les poissons, sans être toxique pour les animaux à sang chaud et pour l’homme. On la trouve souvent aux environs de Tananarive (Itasy, Ambohimanga, etc.)

Rameau de palissandre avec ses fruits.

Il en existe de nombreuses espèces malgaches qui fournissent des bois remarquables pour la menuiserie et la construction.

La chadsie (Leguminoseae-Caesalpinioideae)

Arbuste de la Côte-Ouest, à splendides fleurs rouges-orangé, mériterait d’être cultivée, comme espèce décorative.

FAMILLES VOISINES

Les Césalpiniacées, Chadsia (Leguminoseae-Caesalpinioideae), ont encore comme fruit une gousse analogue à celle des papilionacées. Mais leur fleur, bien qu’irrégulière, n’a plus la disposition caractéristique de cette famille.

Les cassiers, Cassia (Leguminoseae-Caesalpinioideae), (Fig. 21), sont parmi les plantes les plus connues de cette famille :
– Ce sont des arbustes à feuilles composées, imparipennées, alternes.
– Leurs fleurs jaunes, assez grandes, souvent très décoratives, comprennent : un calice à 5 sépales plus ou moins soudés, une corolle à 5 pétales libres, de tailles inégales, le supérieur plus grand, les deux latéraux plus petits et les deux inférieurs encore plus petits. Leurs 10 étamines sont également de tailles diverses. – Le pistil est composé d’un ovaire allongé, formé d’un seul carpelle arqué vers la partie inférieure, surmonté d’un style droit.
– Les feuilles de cette plante, lorsqu’elles sont froissées, dégagent une odeur désagréable, d’où son nom malgache de tainakoho et son nom scientifique : Cassia laevigata.

La casse puante, Cassia occidentalis (Leguminoseae-Caesalpinioideae), souveraine, gros indigo sauvage en créole, bemaimbo en malgache, est probablement originaire d’Amérique et devenue pan-tropicale.
– Herbacée, quelques fois ligneuse à la base, haute de 2 mètres et à rameaux glabres. Feuilles longues de 25 centimètres, à 3 ou à 6 paires de folioles opposées, acuminées, dont la dernière paire est plus développée.
– Fleurs jaunes.
– Fruit à gousse plate, à odeur désagréable.
– On lui attribue des propriétés fébrifuges analogues à celles de la quinine. Mais, aucun alcaloïde n’a jamais pu en être extrait et ces propriétés paraissent surfaites. Les graines sont utilisées parfois, après torréfaction, comme succédané du café.

Le_tamarinier, Tamarindus indica (Leguminoseae-Caesalpinioideae), (Fig. 22), est un arbre magnifique qui orne les places des villages de l’Ouest ou du Sud. C’est le kily ou madiro des Malgaches. On l’a considéré longtemps comme originaire de l’Inde. Mais, il est en réalité autochtone. Il a complètement disparu de son habitat naturel, (la forêt de l’Ouest), à la suite des incendies repétés. Seuls, les exemplaires plantés sur les places publiques et à l’ombre desquels les princes sakalaves rendaient la justice, ont échappé à la dévastation.
– La gousse du tamarinier, le tamarin, est charnue. Sa pulpe acidulée a des propriétés laxatives et surtout antiscorbutiques. Aussi faisait-il partie de la cargaison de tous les navigateurs et fut-il répandu dans l’Inde, sur les côtes de l’Afrique, même jusqu’aux Antilles et en Amérique tropicale. Ses écorces ont par ailleurs des propriétés vermifuges.
– La fleur du tamarinier est curieuse. Elle comporte : une sorte de réceptacle creusé en tube sur les bords duquel s’insèrent les pièces florales, 5 sépales, 3 pétales (les 2 pétales inférieurs étant nuls), 9 étamines dont 3 seulement sont fertiles et les 6 autres, transformées en lanières stériles. Et enfin l’ovaire, porté par une colonne assez longue, surmonté d’un style recourbé. À la base du réceptacle se trouvent deux bractées colorées.
– Le fruit est, comme nous l’avons dit, une gousse à parois charnues, partagées en plusieurs loges par des fausses cloisons. Chaque loge renferme une graine.

La casse occidentale ou tainakoho (Leguminoseae-Caesalpinioideae)

Elle doit son nom malgache à son odeur désagréable. Elle est très employée en médecine populaire, comme purgatif.

Les fleurs sont jaunes.

Beaucoup de Césalpiniacées ont des fleurs très décoratives :

Le flamboyant, Delonix regia (Leguminoseae-Caesalpinioideae), par exemple, que l’on trouve sur toutes les côtes de Madagascar et des îles voisines, d’où il a été transporté dans le monde entier, en raison de la beauté de ses fleurs. Cet arbre magnifique a presque complètement disparu lui aussi, de son habitat naturel, le Nord-ouest de Madagascar, sous l’influence des feux. On ne le trouve plus guère que dans l’Antsingy, dans les gorges escarpées du Manambolo et aux environs de Diégo, dans 1’Ankara. Partout ailleurs, il a été planté.

Des centaines d’espèces ont du disparaître ainsi à tout jamais, lors de la destruction des belles forêts des pentes occidentales.

Le flamboyant

Le flamboyant

Les bauhinies, Bauhinia sp. (Leguminoseae-Caesalpinioideae), lianes, arbustes ou petits arbres, ont aussi des fleurs très décoratives. Leurs feuilles sont remarquables, elles sont constituées par deux lobes séparés, par une profonde échancrure.
0n cultive aussi souvent sur les côtes, pour la beauté de ses fleurs, le brésillet, Caesalpinia pulcherrima (Leguminoseae-Caesalpinioideae), connu en créole sous le nom d’aigrette ou Poincillade et qui est le type de cette famille. Cet élégant arbuste à feuillage vert clair fut introduit des Indes-orientales vers 1690-1700.
Le bois de campêche, Haematoxylon campechianum (Leguminoseae-Caesalpinioideae), en malgache sokon-kazo, fournissant une teinture appréciée, est une espèce américaine plantée sur toutes les côtes. Il est devenu sub-spontané dans la région de Diégo-Suarez.

Citons enfin le coumangue ou komanga, Erythrophleum couminga (Leguminoseae-Caesalpinioideae), (fig. 23), l’un des poisons les plus actifs du monde, longtemps employé par les Sakalaves pour empoisonner leurs sagaies. C’est un grand arbre des savanes de l’Ouest, pouvant atteindre 20 à 30 mètres de hauteur :
– Ses feuilles atteignent 30 centimètres de longueur. Elles sont deux fois composées, à folioles opposées et à foliolules alternes ovales, de 6 centimètres de longueur, sur 3 centimètres de largeur.
– Les fleurs sont groupées en épis : leurs pédoncules étant très courts, elles comportent, 5 sépales et 5 pétales courts, les uns verts et les autres, couverts de poils abondants, 10 étamines longuement saillantes, un ovaire porté par un support assez long, fortement velu.
– Le fruit est une gousse ligneuse, d’un brun chocolat à l’extérieur, longuement pédonculée, de 10 à 20 centimètres de long, sur 4 à 6 centimètres de large, contenant une ou 2 graines.
– À l’intérieur, la gousse est blanchâtre, avec une sorte de duvet neigeux autour des graines. Celles-ci sont rondes, aplaties, de 2 à 3 centimètres de diamètre, de couleur brun chocolat.

Un gramme de l’écorce sèche et broyée de cet arbre, injectée à un chien, provoque la mort en quelques minutes. Les Sakalaves considèrent cet arbre comme redoutable et prétendent même, que le seul fait de dormir sous son ombre lorsqu’il est en fleur, peut être dangereux en raison de la chute du pollen. Les empoisonnements par l’eau dans laquelle ses feuilles sont tombées sont fréquents, chez les bœufs.

Le copaïer ou copayer, Tracholobium verrucosum (Leguminoseae-Caesalpinioideae), (Fig. 24), appelé en malgache amalomanta ou andrakadraka, fournissait une résine, le copal (copal : mot espagnol d’origine aztèque), autrefois très recherchée pour la préparation des vérins.

Le tamarinier ou kily (Leguminoseae-Caesalpinioideae)

Ombrage souvent
les places des villages dans l’Ouest et le Sud.

Ses fruits acidulés sont vendus sur certains marchés. Ils sont riches en vitamine C et les navigateurs les transportaient autrefois, pour se protéger du scorbut.

Le komanga, Erythrophleum couminga (Caesalpinioideae)

Un des poisons les plus redoutables du monde entier. Il pousse dans les savanes de la Côte-Ouest et est bien connu des Sakalaves. Ses feuilles sont souvent à l’origine de l’empoisonnement des bœufs, lorsqu’elles tombent dans les mares. On peut en tirer un remède, pour les maladies du cœur.

Le copayier ou andrakadraka

Il fournissait autrefois la résine copal.

Il pousse dans la forêt littorale, tout le long de la Côte-Est, toujours sur le sable et non loin de la mer.

Les Mimosacées (Leguminosae-Mimosoideae), ont toujours pour fruit une gousse. Mais leur fleur est régulière à sépales et pétales égaux.

Elles ont pour type la sensitive qui est le véritable mimosa, Mimosa pudica (Leguminoseae-Mimosoideae), (Fig. 25). Ce sont des arbustes plus ou moins rampants pourvus de nombreuses épines, d’où leur nom malgache de roy (épine) Elles sont surtout confinées dans les régions chaudes et sur les sols marécageux, mais s’étendent un peu partout. Leurs feuilles composées, pennées, ont la propriété de se rétrécir dès qu’on les touche et un choc un peu fort amène la fermeture de toutes les feuilles de la plante. Espèce pan-tropicale. Noms vernaculaires : amboafotsikely, matirosana, anankoay, ramorena.

La sensitive (Leguminoseae- Mimosoideae)

Noter la forme des fruits.
La feuille qui a la propriété de se refermer quand on la touche.

– Les fleurs sans pédoncule sont serrées les unes contre les autres, constituant un épi globuleux. Elles sont très petites et leurs pièces florales sont difficilement visibles à l’œil nu. Elles comportent : un calice à 4 sépales, soudés, très petits, une corolle à 4 pétales plus longs, plus ou moins soudés par leurs bords, 4 étamines libres, longuement saillantes.
– L’ovaire est allongé, formé d’un seul carpelle, surmonté d’un style très long qui se termine par un stigmate à peine dilaté.
– Le fruit est une petite gousse, ne contenant pas plus de 4 graines, dont les valves sont couvertes d’aiguillons mous, recourbés.

Les sensitives ne sont pas malgaches. Elles ont été introduites très anciennement, probablement de Malaisie et en même temps que le riz. Mais elles se sont multipliées à tel point, qu’elles deviennent dans certaines régions une véritable peste végétale.

Les Acacias, Acacia (Mimosoideae), qu’on appelle improprement mimosas, sont d’introduction très récente à ]Madagascar :
– Le plus commun dans la Région centrale, Acacia suarezensis = Albizia polyphylla (Leguminoseae-Mimosoideae), en malgache halomborona, antonosy, a été introduit en vue de la production du bois de chauffage.
– L’Acacia à tanin, Acacia dealbata, a été planté également, en particulier aux environs de Moramanga, en vue de la production des écorces qui servaient dans le tannage des peaux. Il est originaire d’Australie.

Les inflorescences de ces acacias, improprement appelés mimosas, sont souvent utilisées en décoration. Chacune des petites boules jaunes, bien connues, comporte un grand nombre de fleurs.
– Ces fleurs sont sans pédicelle et serrées les unes contre les autres, au sommet du pédoncule de l’inflorescence.
– Chacune des petites fleurs comporte : un calice très réduit, 4 ou 5 pétales légèrement soudés, mais surtout un très grand nombre d’étamines, longuement saillantes, ce qui les différencie très bien des vrais mimosas qui ont toujours un nombre d’étamines, égal à celui des pétales.

Les bois noirs ou albizzia, Albizia lebbeck (Leguminoseae-Mimosoideae), noms vernaculaires : Langue de belle-mère, furent introduits vers 1800. Ce sont de grands arbres souvent utilisés pour ombrager les caféiers dans les plantations, en raison de leur feuillage léger qui convient bien à cet usage. Ils sont devenus spontanés dans de nombreuses régions et particulièrement dans l’Ouest, où ils se ressèment d’eux-mêmes et résistent parfaitement aux feux de prairie. C’est un petit arbre, originaire d’Inde, dont les fleurs jaunes-verdâtre sont odorantes. Cette espèce a un bois foncé qui l’a fait appeler : bois noir ou ébénier d’Orient. Il peut fournir de la gomme arabique. Mais il a surtout été planté à Madagascar, pour nourrir les animaux comme le zébu et le porc.

L’œil de paon, Adenanthera pavonina (Leguminoseae-Mimosoideae), est souvent cultivé dans les jardins de la Côte-Est, pour ses fleurs décoratives (avenue de Tamatave et jardin du Tribunal) :
– C’est un bel arbre, à feuilles deux fois composées.
– Ses fleurs sont groupées en longs épis.
– Elles comportent sur un petit réceptacle légèrement concave, un calice très réduit à 5 dents, une corolle à 5 pétales libres, 10 étamines dont 5 grandes, dépassants la corolle et 5 petites, peu apparentes. Chacune de ces étamines porte à son sommet, entre les loges de l’anthère, un petit renflement caractéristique qui a valu à la plante son nom scientifique d’Adenanthera.
– L’ovaire allongé, se transforme en une gousse longue et arquée s’ouvrant par 2 fentes.
– Les graines nombreuses sont un peu comprimées, lenticulaires. Elles sont d’un rouge brillant et servent souvent à confectionner des colliers.
– Cette graine a la particularité d’être d’un poids si constant, qu’on a fondé sur elle le carat, utilisé pour peser les pierres précieuses.

L’œil de paon est d’introduction très récente à Madagascar et se ressème rarement de lui-même. Il est originaire de l’Inde et du Sri Lanka.

Le pithecellobe, Pithecellobium dulce (Leguminoseae-Mimosoideae), arbre introduit de l’Inde depuis une vingtaine d’années. Les Malgaches l’ont appelé kilimbazaha, car son fruit rappelle celui du tamarinier. Il a trouvé dans l’Ouest et le Sud-ouest de la Grande-Île un terrain si favorable qu’il est en train d’y envahir d’immenses territoires. Il est nommé aussi kilivaza, signifiant tamarinier étranger. Il est originaire d’Amérique du Sud, des régions chaudes et xérophiles, cultivé comme fourrage. C’est un grand arbre, poussant très bien le long des cours d’eau, où il forme de grands peuplements sub-spontanés, entre autre le long du Mandrare, dans la réserve de Bérenty. Malheureusement, beaucoup de ces arbres ont été étêtés lors de la tornade d’octobre 1999 qui a affecté toute cette région.
– C’est une très bonne essence de reboisement dans les zones arides, malgré le bois tendre, car cet arbre résiste bien à la sécheresse.
– Son écorce est astringente.
– Ses feuilles et ses fleurs sont consommées par les Propithèques de Verreaux.
– Ses gousses à arilles, dont la pulpe est blancche ou rosée, sont comestibles et vendues en octobre sur la Côte-Ouest.

Citons enfin l’entade grimpante, Entada scandens = Entada rheedii (Leguminoseae-Mimosoideae), nommée en créole, Liane sabre et en malgache, Voankarabo, Vaheamiomiolana qui est une énorme liane de bords de torrents du Nord-ouest. Elle peut atteindre plusieurs centaines de mètres de longueur, avec un diamètre de 20 à 30 centimètres. Sa gousse ligneuse, très dure, d’un brun foncé, atteint plus d’un mètre de longueur, sur 10 centimètres de largeur. Elle renferme des graines de la taille d’un œuf de poule, appelées voankarabo qui sont consommées par les Sakalaves, après avoir été épluchées et mises à tremper 2 jours dans l’eau courante, puis portées à ébullition prolongée, en renouvelant l’eau plusieurs fois. C’est un des plus grands fruits du Monde.

Les trois familles que nous venons d’étudier ont pour caractère commun leur fruit qui est toujours une gousse ou légume.

C’est pourquoi on en a fait le grand groupe des Légumineuses.

Voir aussi [->art59].

La ronce à feuilles de rose

La ronce à feuilles de rose

Rosacées

5ème TYPE

LA RONCE À FEUILLES DE ROSE

La ronce à feuilles de rose, Rubus rosaefolius (Rosaceae) nommée voaroimena, en malgache (Fig. I5) :
– C’est un sous arbrisseau, à rameaux flexueux. Ses feuilles, composées et pennées, portent de 3 à 7 folioles, couvertes d’un duvet plus ou moins abondant.
– Toute la plante, y compris le rachis des feuilles, porte de nombreux aiguillons recourbés comme la ronce des haies, Rubus fruticosus, si commune en France.
– La fleur comporte : un calice composé de 5 sépales libres, une corolle blanche à 5 pétales également libres, puis de très nombreuses étamines.
– Tout au centre enfin, on voit une masse renflée qui est un gros réceptacle, entièrement couvert de petits carpelles très nombreux.
– Après la fécondation, chaque petit carpelle se transforme en un akène. Pendant que le réceptacle se gorge de sucre et devient très volumineux, le calice persiste à la base du réceptacle.
– La partie que l’on consomme dans la ronce à feuilles de rose, n’est donc pas le fruit, mais un faux fruit ou réceptacle.
– Les véritables fruits sont les petits akènes qui croquent sous la dent et sont d’ailleurs bien visibles à la surface du fruit.

La ronce à feuilles de rose ou voaroimena.

En bas à gauche : coupe de la fleur.

Noter au centre, le gros renflement en forme de massue du réceptacle, sur lequel sont insérés les très nombreux carpelles.

Le fraisier, Fragaria (Rosaceae), que l’on cultive en grand autour de Tananarive, produit lui aussi, non pas un fruit, mais un faux fruit. Cette plante d’origine européenne se développe très bien sur les Hauts-Plateaux. Elle a été introduite tout récemment (vers le début du siècle), mais les variétés à petits fruits, fraisiers des quatre saisons, Fragaria ananassa (Rosaceae) passent déjà à l’état sub-spontané dans l’Ankaratra, à Antsirabe et dans la Mandraka.

Le framboisier, Rubus rosifolius (Rosaceae), en malgache, voaroimena, voaroimhyaha, est lui aussi une ronce. Il est cultivé ça et là dans la région centrale. Il fut introduit en 1898 par la Station d’Essai de Nanisana (semis de graines provenant du Jardin des Plantes de Paris). La framboise est très parfumée. On multiplie facilement le framboisier en divisant les souches. Sa culture devrait être développée, car c’est un des fruits les plus intéressants au point de vue de la teneur en sels minéraux et en vitamine.

PLANTES VOISINES

Le rosier, Rosa sp. (Rosaceae), tout le monde connaît ce magnifique arbuste, cultivé pour la beauté de ses fleurs dans le monde entier. Il se développe particulièrement bien sur les Hauts-Plateaux de Madagascar et y fleurit presque sans interruption. Ces fleurs splendides résultent le plus souvent d’hybridations répétées ou de variations obtenues dans les cultures.

La plante sauvage : l’églantier, Rosa canina (Rosaceae) a des fleurs beaucoup plus humbles. Il n’existe pas à Madagascar où il se comporte mal.

Mais, nous avons ici dans les jardins, le rosier de Wichura, Rosa wichuraian (Rosaceae), dont les fleurs blanches, simples, rappellent beaucoup celles de l’églantier. Cette fleur peut servir de type :
Elle comporte : un calice, une corolle à 5 pièces libres, un androcée à nombreuses étamines insérées sur le bord d’une coupe profonde, le réceptacle creux.
Au fond de ce réceptacle, se trouvent de nombreux carpelles libres, dont les styles viennent s’épanouir à l’extérieur, au centre de la fleur.
Le réceptacle est accrescent, il grossit après la fécondation et on trouve à l’intérieur les carpelles isolés qui ont donné naissance, à des akènes. On confond souvent ce réceptacle en coupe, avec un ovaire infère. En réalité, il n’en est rien, chaque carpelle étant libre au-dessus du réceptacle, la fleur est au contraire nettement superovariée.

a) Le pêcher, Prunus persica (Rosaceae), (Fig. 16), originaire d’Asie, fut introduit au XIXe siècle, probablement par Jean LABORDE. Il a été abondamment répandu depuis dans le Centre et dans l’Est, au-dessus de 700 mètres d’altitude :
– L’arrêt de la végétation bien marqué sur les Hauts-Plateaux pendant la saison sèche, de mai jusqu’en septembre, diminue quand on descend dans les régions humides de l’Est. Il est nul à la Réunion où l’humidité constante de l’atmosphère permet une végétation continue.
– La floraison se produit en août et septembre à Tananarive. Les fleurs roses, bien connues, sont constituées par un périanthe analogue à celui, que nous avons décrit chez les plantes précédentes. Mais, le réceptacle en coupe peu profonde ne comporte au centre, qu’un seul carpelle, mono-ovulé.
– C’est le développement de ce carpelle qui donne naissance à la pêche.

Le prunier, l’abricotier et le cerisier ont la même organisation florale, que le pêcher.

b) Le prunier, Prunus domestica (Rosaceae) avait été introduit à Madagascar antérieurement à la conquête. Mais il n’était représenté que par une variété dont les fruits acides n’étaient guère consommables qu’après cuisson. Aujourd’hui, l’introduction des variétés japonaises et américaines, ainsi que celle de quelques variétés européennes robustes, nous permet la production de fruits très intéressants.

c) L’abricotier, Prunus armeniaca (Rosaceae) et le cerisier, Prunus autum (Rosaceae), sont moins répandus. Ce dernier a même été considéré longtemps comme stérile sous le climat malgache, bien qu’il végète parfaitement. En réalité, le cerisier est auto-stérile sous toutes les latitudes, le pollen d’une variété donnée, étant incompatible avec les ovules de cette variété. L’extension des plantations et le choix judicieux de variétés inter-fertiles pourraient permettre une production de cerises régulière, dans la région d’Antsirabe.

Nous prendrons pour dernier exemple, le bibacier ou néflier du Japon, Eriobotrya japonica (Rosaceae), nommé en malgache, bibasy (mer.), (Fig. 17) :
– Ce bel arbre, dont le fruit a une saveur acidulée agréable, originaire de Chine centrale, fut introduit en 1802 par MICHAUX.
– On le reconnaît de loin, à son port en boule et à son feuillage d’un vert intense.
– Sa fleur présente les caractères typiques de la famille : calice à 5 sépales, corolle à 5 pétales, ici de couleur blanche, étamines nombreuses, insérées sur les bords du réceptacle.
– Mais l’ovaire est ici à 5 carpelles, soudés aux parois creuses du réceptacle. C’est un ovaire infère.
– Le fruit ou bibace reste couronné à maturité par les restes des sépales. Quand on le coupe en long, on voit qu’il comporte au centre une sorte de noyau parcheminé, partagé en 5 loges, contenant chacune une graine assez grasse de couleur brune.

Une structure analogue se rencontre chez :
– le pommier, Malus communis (Rosaceae),
– le poirier, Pyrus communis (Rosaceae)
– et le cognassier, Cydonia vulgaris (Rosaceae).

Ces arbres fruitiers avaient été introduits vers 1860, par les Missions, catholique et anglicane et par Jean LABORDE. Ils avaient été obtenus en général par semis et étaient de valeur médiocre. Dès la création du Service de l’Agriculture, la Station d’Essai de Nanisana introduisit, en 1898, de bonnes variétés qui, multipliées par greffage, ont été aujourd’hui largement distribuées. Le pommier surtout, fait aujourd’hui l’objet de cultures importantes dans la région d’Antsirabe.

L’extension de la culture de ces arbres fruitiers est du plus haut intérêt, car elle met à la disposition de la population un aliment sain, riche et d’un prix abordable. Malheureusement, elle se heurte à de grandes difficultés dont les principales sont :
– l’incompréhension du cultivateur malgache pour le greffage,
– le vol difficile à enrayer, si bien que les propriétaires se désintéressent de leurs plantations,
– et enfin, les maladies et les insectes parasites.

Il faudrait donc :
– apprendre aux petits malgaches, dès leur plus jeune âge, à pratiquer le greffage et le marcottage, sur le terrain,
– réprimer le vol des produits agricoles,
– et organiser, sous la forme coopérative, la lutte contre les ennemis des cultures.

Toutes les plantes que nous venons d’étudier ont en commun les caractères suivants :
– fleur construite sur le type 5,
– Étamines nombreuses, insérées sur le bord d’un réceptacle.

Elles appartiennent à la famille des Rosacées :
Qui est très importante dans les régions tempérées, mais qui n’est guère représentée à Madagascar, que par des plantes introduites.

Les plantes de cette famille peuvent être groupées en quatre séries qui se distinguent par les caractères suivants :

– 1°) Carpelles libres – Ovaire supère

– a°) Carpelle nombreux
– Réceptacle convexe : Ronce
– Réceptacle concave : Rosier

– b°) Un seul carpelle : Pêcher

– 2°) Carpelles soudés aux parois du réceptacle, ovaire infère : Bibacier

LES ARBRES FRUITIERS DES HAUTS-PLATEAUX

Les Hauts-Plateaux malgaches sont privilégiés sous le rapport du nombre des espèces fruitières qui y prospèrent. Outre les agrumes, dont nous avons déjà parlé, arbres fruitiers des régions tempérées ou tropicales, y voisinent : le manguier, l’avocatier, le litchi, les Myrtacées fruitières : jambolan, goyavier, jambose et les kakis qui rivalisent sur nos marchés. Mais ce sont incontestablement les espèces fruitières de la famille des Rosacées avec : le pêcher, l’abricotier, l’amandier, Prunus amygdalus (Rosaceae), le prunier, le pommier, le poirier, le bibacier qui fournissent aux connaisseurs les produits les plus estimés.

Encore, ces arbres sont-ils le plus souvent laissés à la nature et l’on se rend aisément compte des produits remarquables qui seraient obtenus si l’on se préoccupait de leur donner quelques soins.

Tout d’abord, il faut rappeler que nos bonnes variétés fruitières sont les résultats d’hybridations très complexes. Si l’on sème leurs noyaux ou leurs pépins et surtout, si on laisse pousser ceux qui veulent bien le faire d’eux-mêmes, on obtient tout un mélange de formes. La plupart d’entre eux font alors retour à des types ancestraux et sont complètement dépourvus des qualités de la plante qui leur a donné naissance. Les lois de la science de 1’hérédité montrent qu’on n’a pas plus d’une chance sur 20 millions d’obtenir pour un semis, des qualités comparables à celles de la plante mère hybride qui a fourni la graine. Autant espérer gagner le gros lot à chaque tranche de la Loterie Nationale, avec un seul billet !

II faut donc fixer ces bonnes qualités de la plante mère. Pour cela, un seul moyen existe : la greffe. Aussi chaque cultivateur intelligent doit-il savoir manier le greffoir, aussi bien que l’angady. Les plants livrés par les Stations du Service de l’Agriculture sont toujours greffés : ils se composent en réalité de deux plantes : l’une qui comprend les racines et le collet et le porte-greffe, les branches qu’il peut développer ne donnent, que des fruits inférieurs. Il faut donc les supprimer dès leur apparition ; l’autre est le greffon qui doit être favorisé dans sa croissance par une taille raisonnée.

Enfin l’ensemble porte-greffe plus greffon, doit être placé dans des conditions favorables à sa croissance. Le sol doit être défoncé profondément avant la plantation. On l’enrichit de débris organiques en choisissant de préférence ceux qui se décomposent lentement : vieux os, débris de corne, de cuir, etc., de façon à ce que l’arbre soit alimenté par ces réserves pendant plusieurs années.
Il est indispensable de donner à l’arbre une forme bien aérée, de lutter contre les parasites de toutes sortes qui peuvent l’attaquer : surtout les champignons et les insectes.

Une autre précaution indispensable, pour qu’un fruit soit savoureux, c’est qu’il soit récolté à maturité. Un fruit récolté non mûr n’atteint jamais toute sa valeur, il est fortement déprécié. Très souvent il est vrai, le cultivateur est obligé de récolter les fruits verts, pour éviter les déprédations des voleurs. Il est donc indispensable qu’une sévérité particulière soit apportée à la répression de ces vols qui sont un des principaux facteurs abaissant la valeur de la production fruitière et entravant son perfectionnement.

La récolte doit
par ailleurs être effectuée avec le plus grand soin. Les conditions du climat étant particulièrement favorables au développement des pourritures, il importe surtout de ne pas mâcher les fruits à la récolte. Ils seront cueillis à la main et déposés avec soin sur des plateaux recouverts de filasse, de frisure ou de sciure de bois. On évitera toujours de les entasser les uns sur les autres.

Moyennant ces quelques précautions élémentaires, la production fruitière pourrait devenir, pour les cultivateurs du Centre, une véritable rente viagère. Les fruits constituent un aliment des plus sains. Ils fournissant les vitamines indispensables au maintien d’une bonne santé. Ces vitamines qui font si souvent défaut dans l’alimentation malgache, toujours constituée de mets bouillis et ainsi complètement stérilisés.

Les nombreux cas de maladies dues à des carences alimentaires, signalés ces derniers temps chez les enfants malgaches, en particulier par le Docteur BOUILLAT, sont imputables au premier chef, à l’insuffisante consommation de fruits de bonne qualité.

L’œillet

L’œillet

Caryophyllacées : Méliacées

Anacardiacées – Sapindacées

Rutacées- Linacées

Géraniacées – Oxalidacées

4ème TYPE

L’ŒILLET

Cette famille est peu représentée à Madagascar. L’œillet, Dianthus caryophyllus (Caryophyllaceae), est toutefois cultivé dans les nombreux jardins. Je ne m’étendrais pas sur sa description qui est facile à trouver dans tous les manuels scolaires.

Familles voisines

Par contre, de nombreuses familles qui peuvent être rattachées aux Caryophyllacées sont beaucoup plus intéressantes pour nous.

Les Méliacées, Melia (Meliaceae), par exemple, ont pour type le lilac du Japon, Melia azedarach, (Fig. 11) qui est aujourd’hui répandu dans toute la Région centrale de l’île. Les Malgaches le désignent par le curieux nom de voandelaka qui vient du mot « voa » signifiant, fruit ou graine et d’un mot anglais : lilac.
– C’est un arbre à port tortueux, à branches bien étalées.
– Ses feuilles alternes sont deux fois composées.
– Les foliolules sont dentées.
– La floraison se produit en septembre à Tananarive. Elle est éphémère.
– Les fleurs sont délicates et dégagent un parfum pénétrant.
– Elles comprennent : un petit calice à 5 dents, une corolle à 5 pétales, mauves ou lilas-clair, des étamines nombreuses, constituant une série de collerette, d’un violet très foncé, par la soudure de leurs filets. A l’intérieur de cette collerette se trouve l’ovaire.
– Les fruits sont de petites drupes charnues.
– Elles persistent longtemps, après la chute des feuilles, pendant la saison sèche et donnent alors à l’arbre, en raison de leur grand nombre, un aspect original.

Le lilac du Japon se multiplie très facilement par semis et pousse vigoureusement, même dans les sols les plus arides. Ses racines puissantes retiennent bien les terres et il pourrait être utilisé pour fixer les montagnes latéritiques que le ravinement désagrège rapidement. Son bois est dur, mais très noueux et ne peut être que très difficilement utilisé.

Le lilac du Japon ou voandelaka

Introduit, mais devenu très commun à Tananarive.

Au bas, à gauche, coupe de la fleur montrant les étamines soudées entre elles et formant un tube coloré qui s’ajoute aux pétales.

Le manguier, Mangifera indica (Anacardiaceae), (Fig. I2), est cultivé pour son fruit savoureux : la mangue.
– C’est un arbre trapu, tortueux sur les plateaux, mais qui peut atteindre une grande taille dans les régions littorales plus chaudes.
– Ses feuilles sont simples, entières, d’un vert intense.
– En août l’extrémité des rameaux porte une grande grappe de fleurs très petites et verdâtres. Ces fleurs, bien qu’elles soient peu visibles, comprennent cependant tous les organes que nous sommes habitués à trouver : un calice et une corolle, verts tous les deux. – Sur les 5 étamines, une seule porte une anthère, les autres sont réduites à de petits massifs sécréteurs portant parfois un rudiment de filet.
– L’ovaire est à une seule loge renfermant un seul ovule. Il porte un style généralement rejeté sur le coté.
– La mangue est une drupe, dont la grosseur varie suivant les variétés, de la taille d’une grosse dragée, à celle du poing. Le noyau pourvu d’une coque bivalve est fibreux à l’extérieur. La chair est parfumée, plus ou moins sucrée ou acidulée. Certains auteurs lui ont attribué une telle saveur qu’on avait même voulu y voir : « le pommier du Jardin d’Eden »

Le manguier

Originaire de l’Inde. En haut, à gauche, détail de la fleur : il n’y a qu’une seule étamine, rejetée sur le côté. À droite, coupe du fruit. Ici, c’est le péricarpe charnu qui est consommé. En dessous, la graine entourée de son arille qui ne se mange pas.

On rencontre souvent dans la partie Nord-ouest de l’île, l’anacarde ou pomme d’acajou ou noix de cajou, Anacardium occidentale (Anacardiaceae) :
– Curieux fruit porté au sommet d’un pédoncule charnu très renflé qui est seul comestible.
– Le fruit lui-même ne peut être consommé, son suc est vésicant et dangereux.
– La pulpe du pédoncule, acidulée, sert à faire des conserves. Elle était très en honneur au 18ème siècle et l’on en préparait notamment la fameuse « confection des sots » d’HOFFMANN. L’usage, disait-on, donnait de l’intelligence et de la mémoire aux plus dépourvus.
– C’est surtout l’amande qui fait l’objet d’un commerce assez important. Elle est utilisée en pâtisserie et confiserie comme succédané de l’amande douce et en apéritif, sous le nom de noix de cajou.
– L’anacardier est connu des Malgaches sous le nom de : mahabibo ou mabiha, mahibiha, abiba, koroso.
– Il fut introduit au 18ème siècle seulement, semble-t-il par les Arabes de Zanzibar.

L’arbre de Cythère, Spondias dulcis, est nommé en malgache evi, zévi. Il produit aussi un fruit comestible, fruit de Cythère, pomme-Cythère qui est nommé en malgache, ambarella. Il se reconnaît ça et là sur les côtes de Madagascar. De provenance américaine comme le précédent, il fut introduit peu avant la conquête par la Réunion.

Enfin, toujours dans la famille des Anacardiacées, il faut citer le sakoa qui est un nom sakalava, Sclerocarya caffra syn. Poupartia caffra. C’est un arbre très répandu dans les savanes de l’Ouest auxquelles il donne souvent un aspect curieux, en raison de son port en boule, ressemblant un peu à celui du pommier. Ses fruits sont très abondants, leur pulpe est très acide, mais le noyau contient une amande douce que les Sakalava apprécient beaucoup.

Dans la famille voisine des Sapindacées, il convient de citer le litchi, Litchi chinensis (Sapindaceae) qui est un arbre fruitier originaire de Chine, (Fig. 13) :
– C’est un arbre à feuilles composées paripennées.
– Ses petites fleurs sont peu visibles.
– Son fruit qui ne s’ouvre pas à maturité comprend : une enveloppe dure renfermant une seule graine, enveloppée d’un arille charnu assez volumineux qui est la partie consommée. Le goût en est très savoureux, sucré, acidulé, rappelant un peu celui du raisin muscat.

Le ramboutan, Nephelium lappaceum (Sapindaceae), très voisin du litchi, est parfois vendu sur le marché de Tananarive. L’enveloppe de son fruit est pourvue de nombreux ornements formant des sortes de poils glanduleux. C’est pourquoi on l’appelle encore : « litchi poilu ou chevelu»

Le litchi de Chine

Introduit à Madagascar, il y est devenu un des arbres fruitiers les plus appréciés. On le cultive surtout sur la Côte-Est ( Brickaville )

En bas, à gauche, détail de l’arille enveloppant le noyau ; c’est la partie charnue et parfumée, que l’on consomme.

Les Rutacées et plus particulièrement les agrumes sont aussi des arbres fruitiers très répandus à Madagascar :
– L’oranger, Citrus sinensis, (Fig. 14),
– le citronnier, Citrus limon, est nommé en malgache, voasary makirana, tsoha-adiro (Sak.),
– le mandarinier, Citrus reticulata,
– le pamplemoussier, Citrus grandis,
– le cédratier, Citrus médica.

Ils donnent en abondance des fruits sains et agréables. Certains citronniers se sont naturalisés dans les régions côtières.

Signalons enfin que les Linacées, dont le type est le lin cultivé, Linum usitatissimum (Linaceae) qui joue un si grand rôle dans l’industrie textile, comptent une espèce malgache : le lin du Betsileo, Linum emirnensis, petite herbe à fleurs jaunes, construites absolument comme celles de son cousin d’Europe.

Les Géraniacées, Pelargonium (Geraniaceae), sont peu nombreuses à Madagascar.

géranium rosat

Le géranium rosat, Pelargonium odoratissimum, présente cependant un certain intérêt. On extrait de ses feuilles une essence très parfumée, rappelant un peu l’essence de rose. Il fait l’objet de cultures assez étendues dans le Centre et son essence donne lieu à un petit commerce d’exportation.

Le géranium des jardins, Pelargonium x domesticum, est souvent cultivé pour décorer les plates-bandes de ses grandes fleurs rouges ou roses disposées en belles ombelles.

Ces deux plantes appartiennent en réalité au genre : Pelargonium.

La famille voisine des Oxalidacées, Oxalis (Oxalidaceae), compte de nombreuses plantes curieuses :

Les Biophytum : dont le Biophytum sensitif, Biophytum sensitivum ou Oxalis sensitiva, notamment est très commun sur les talus arides autour de Tananarive. Ses feuilles, lorsqu’elles sont irritées, se replient toutes vers le centre de la plante.

LA CULTURE DES AGRUMES

On désigne, sous le nom d’agrumes, tous les arbres fruitiers voisins de 1’oranger : citronnier, mandarinier, pamplemoussier, etc. Tous ont été groupés dans le genre botanique Citrus, comportant de nombreuses espèces dont la délimitation est très difficile, la plupart ayant fourni spontanément de nombreuses formes hybrides.

Les Citrus sont tous originaires de l’Asie méridionale. Mais beaucoup avaient été largement disséminés avant le début de l’époque historique. Nous ignorons tout de ces premiers transports qui ont dû accompagner des migrations humaines très anciennes, dont certaines atteignirent peut-être déjà Madagascar à la faveur des courants équatoriaux.

Les peuples arabes contribuèrent largement à la diffusion des agrumes qu’ils introduisirent dans tout le Moyen-Orient et dans la région méditerranéenne.

Les premiers blancs qui abordèrent à Madagascar signalèrent la présence de certains Citrus (BARB0SA : 1514, CAUCHE : 1638, FLACOURT : 1660). Parmi ces espèces très anciennement introduites figurent : Le cédratier (Citrus medica) bien caractérisé par ses fleurs blanches, ses pétioles sans ailes et son fruit dont l’écorce ou zeste, très épais et doux, occupe la partie la plus importante ; Le citronnier (Citrus limonum) à fleurs teintées de rose, à pétiole pourvu d’ailes étroites, à fruit devenant jaune à maturité, avec un zeste plus ou moins épais. Le citronnier est un arbre, alors que le cédratier est un arbuste touffu généralement plus épineux.

La véritable mandarine, l’orange douce et le pamplemousse sont d’introduction plus récente. Depuis 1800, jusqu’à ces dernières années, de nombreuses introductions successives ont eu lieu. Aujourd’hui, nous avons donc dans la Grande-Île d’excellents éléments pour les diverses sortes d’agrumes. Mais une sélection est indispensable. Les Malgaches ont la désastreuse habitude de laisser pousser tous les arbres issus de semis spontanés, d’où un mélange inextricable de formes dont la plupart sont sans aucun intérêt.

II faudrait au contraire s’attacher à sélectionner, pour chaque région, un type de porte-greffe bien adapté, vigoureux et ayant une bonne affinité avec les variétés cultivées, qui serait multiplié par semis en pépinière, pour obtenir un ensemble aussi homogène que possible. Ces jeunes plants seraient ensuite greffés avec les variétés reconnues les plus méritantes. Des centres d’agrumiculture pourraient être établis dans l’Est, aux environs de Brickaville, dans le Centre, aux environs de Tananarive et dans la Région du Sihanaka, où les diverses variétés semblent prospérer rapidement sur les terres alluvionnaires. Enfin, sur les terres du « Baina » de l’Ouest et notamment aux environs de Majunga.

À côté de la consommation locale qui pourrait être largement développée, il faut envisager en effet, les possibilités de ravitaillement des navires qui prennent de plus en plus d’importance, la production des confitures et des fruits confits, des liqueurs du genre « Curaçao ». Enfin, Madagascar qui est déjà réputé pour ses cultures de plantes à essences, pourrait songer aussi à la distillation des fleurs, des feuilles et des zestes des agrumes pour la préparation des extraits de fleur d’oranger, des essences de Néroli, des essences de Portugal, etc.

Cependant, ces cultures sont déjà la proie de parasites très répandus : papillon de l’oranger, mouche des fruits, cochenilles diverses. Aussi, les centres de production devraient-ils être parfaitement équipés, non seulement en vue de la production des plants greffés fournissant des fruits de choix, mais encore pour la lutte contre les divers parasites.

Il est indispensable, pour ces sortes de création que les cultivateurs malgaches apprennent à s’entraider au lieu de se nuire réciproquement. Seuls des organismes coopératifs, soutenus par les Caisses de Crédit Agricole, auraient des chances de succès. Le développement de cet esprit de coopération, d’entraide mutuelle, de soutien réciproque, est la base indispensable sur laquelle doivent s’appuyer tous les progrès de l’agriculture.

L’abutilon strié

L’abutilon strié

Malvacées : Sterculiacées – Bombacacées

Théacées

Droséracées

3ème TYPE

L’ABUTILON STRIÉ

Cet arbuste introduit, du genre Abutilon asiaticum (Malvaceae), est nommé en malgache, Lariky (Mahaf.). Il fait partie de la famille des Malvacées et est originaire d’Amérique tropicale. Il est souvent cultivé dans les jardins pour ses fleurs jaunes, roses ou rouges :
– Il peut atteindre 2 à 3 mètres.
– Ses feuilles en forme de cœur, dentelées, sont couvertes d’un duvet mou.
– Les fleurs comportent : un calice à 5 sépales soudés, une corolle à 5 pétales libres, de nombreuses étamines soudées en une sorte de colonne qui entoure le style. Les nectaires, situés à la base de cette colonne, sécrètent un nectar abondant.
– L’ovaire comporte 5 loges, ornées de poils. Il est surmonté par le style, très long qui traverse la colonne staminale et s’épanouit à son sommet, en un stigmate à 5 branches.

PLANTES VOISINES

Les hibiscus, Hibiscus (Malvaceae), le plus souvent connus des Indigènes, sous le nom de hafotra, sont très abondants dans les forêts malgaches. La plupart d’entre eux ont une écorce fibreuse, utilisée pour la confection de cordes grossières. Certains ont des fleurs très décoratives.

L’hibiscus à étamines saillantes ou Rose de Chine, Hibiscus rosa-sinensis, est nommé en malgache, foulsapate. Il est originaire de Chine ou du Japon et représente l’un des plus curieux d’entre eux :
– C’est un arbre de la région centrale, dont les feuilles adultes sont souvent curieusement découpées, alors que les feuilles des jeunes rameaux ont au contraire un contour régulier.
– La fleur comporte à l’extérieur un calicule de consistance épaisse. Puis, le calice proprement dit a : 5 sépales soudés, une corolle jaune-orangé, 5 pétales tordus en hélice. Les étamines soudées en tube sont très longuement saillantes.
– Le fruit est une capsule couverte de soies rugueuses. Il conserve à sa base le calice et le calicule qui se développent avec lui. À maturité, les 5 carpelles se séparent et laissent échapper de nombreuses graines noires.
– Une autre espèce très commune est le varo ou hibiscus faux tilleul, Hibiscus tiliaceus, dont on se sert sur la Côte-Est pour supporter les lianes de vanille.

La rosette, Hibiscus sabdariffa, très répandue dans toutes les régions tropicales, se rencontre souvent autour des villages de l’Ouest. Les Malgaches l’appellent souvent divay, car ils fabriquent à l’aide de ses fruits, une sorte de boisson très colorée et faiblement alcoolique.

Le gambo, Abelmoschus esculentus, fut probablement introduit par les Arabes qui en apprécient beaucoup le fruit récolté avant la maturité. Il est souvent cultivé dans les jardins potagers, mais s’échappe des cultures et devient rudéral dans les régions chaudes de l’île.

L’urène à feuilles lobées, Urena lobata ou en créole : Jute de Madagascar ou herbe panier à feuilles incisées ou en malgache paka (betsil.), kiriza, sikilenjo, tsikilenza (sak.), (Fig. 6) :
– Est une plante cosmopolite, répandue dans toutes les régions tropicales.
– Sa tige fournit une fibre appréciée.
– C’est une plante suffrutescente, dont la base des rameaux est ligneuse, tandis que leur extrémité est herbacée.
– Ses petites fleurs roses, se développant à l’aisselle des feuilles, sont construites comme celles des hibiscus. Mais l’ovaire est formé de 5 carpelles libres, ne renfermant chacun qu’un seul ovule et qui donnent naissance à 5 akènes (fruits secs ne s’ouvrant pas à maturité). Les styles de ces akènes persistent et se transforment en éléments crochus. – Ils contribuent ainsi à la dispersion de la plante par les animaux car ils s’attachent à leur toison.

Le cotonnier, Gossypium barbadense, en malgache landihazo, est cultivé maintenant dans le sud. Madagascar en possède d’ailleurs 2 espèces indigènes. Il est aussi très utile, grâce aux longs poils qui entourent ses graines et permettent de constituer un textile apprécié. Il est aujourd’hui l’objet d’une importante production et alimente les tissages et filatures d’Ansirabe.

cotonnier

cotonnier

Toutes ces plantes constituent la famille des Malvacées, ayant pour type « la mauve de France » Leur caractère commun le plus marquant est la présence d’étamines nombreuses soudées en tube par leurs filets.

L’urène lobée ou paka.

Noter les étamines nombreuses, longuement soudées en tube autour du style et le fruit qui se partage en cinq akènes, portant des crampons. Ces fruits s’accrochent aux toisons des animaux et c’est ainsi que l’espèce se répand, sur les sols du Baina, de la Côte-Ouest. On tire des tiges une fibre qui sert à faire des sacs d’emballage.

FAMILLES VOISINES

Les dombeya, Dombeya (Sterculiaceae), généralement connus sous le nom de halampona, sont des arbres communs, surtout dans l’Est et le Centre. Leurs écorces fibreuses servent à la préparation de cordes grossières.

Le plus commun en Imerina est le dombeya à feuilles molles, Dombeya mollis :
– C’est un bel arbre, dont les feuilles à 3 lobes ressemblent un peu à celles des érables de France, mais sont plus molles et couvertes d’un abondant duvet velouté.
– Il se couvre au début de la saison sèche de grands bouquets de petites fleurs, d’un blanc rosé.
– Chacune de ces fleurs comporte : un petit calicule formé de 3 bractées libres, un calice à 5 sépales soudés et une corolle à 5 pétales tordus. L’androcée (ensemble des étamines) est composée d’étamines nombreuses, groupées en 5 paquets, en face des pétales. Entre deux de ces paquets d’étamines, on peut voir une sorte de fine lanière qui n’est autre chose qu’une étamine transformée et stérile ou staminode. L’ovaire est surmonté d’un style court et d’un stigmate à 5 lobes.

Plusieurs espèces de ces Dombeya mériteraient d’être cultivées, pour la beauté de leurs fleurs.

À cette même famille des Sterculiacées appartient un arbre très cultivé dans les régions tropicales le cacaoyer, Theobroma cacao, en malgache, Kakao (tank. et betsim.). Il est originaire d’Amérique du Sud où le cacao était déjà très estimé sous les Incas, les Aztèques et les Mayas. (Fig. 7)
– Les gros fruits en cabosses de cet arbre contiennent des graines qui après torréfaction, fournissent le cacao, matière première de la préparation du chocolat.
– Le cacaoyer est surtout cultivé à Madagascar, dans la riche région du Nord-ouest, dans la vallée du Sambirano. Il fut introduit dès la conquête et donne lieu à des exportations de plus en plus importantes qui ont atteint en 1936 : 399 tonnes.
– La fleur du cacaoyer est curieusement construite. Elle comporte : 5 sépales, 5 pétales présentant chacun à la base, une partie renflée en forme de cuiller qui recouvre l’étamine fertile. Puis, une portion rétrécie et enfin un lobe allongé, en forme de bandelette.
– L’androcée comporte : 5 staminodes alternant avec les pétales, dressés, terminés en pointe effilée, entourant le pistil qu’ils dépassent et 5 paires d’étamines alternant avec les staminodes. Chaque paire d’étamines fertiles comporte un seul filet et 4 loges disposées en croix, incluses, dans le renflement de la base du pétale.
– L’ovaire est supère à 5 loges surmontées par 5 styles distincts.
– Le fruit ou cabosse a un peu la forme d’un concombre. Il peut atteindre 25 centimètres de long. Sa surface rugueuse et mamelonnée est parcourue par dix saillies longitudinales, équidistantes.
– Les graines de la taille d’une noix sont nichées dans une pulpe molle.

La culture de cet arbre serait très intéressante à développer dans les sols riches de l’Est et du Nord-ouest.

Le cacaoyer

Il porte le nom scientifique de Theobroma ( qui veut dire en grec « breuvage des dieux ») Les fruits, appelés cabosses, peuvent être gros comme une petite papaye. On le cultive surtout à Nosy-Be et dans le Sambirano. Ses graines après préparation servent à faire le chocolat.

Il faut placer ici, le baobab, Adansonia (Bombacaceae) (Fig. 8 et 9), l’un des géants du règne végétal, au moins pour la grosseur de son tronc. Les paysages de la région occidentale sont caractérisés par la présence de ces gros arbres, au tronc renflé en forme de bouteille, dont les branches disproportionnées sont généralement dépourvues de feuilles. Au début de la saison des pluies apparaissent de grandes fleurs, d’un blanc crème, caractérisées par leurs étamines soudées à la base et libres au sommet. Leur fruit qui atteint la taille du melon contient de nombreuses graines, grosses comme des noisettes et repliées sur elles-mêmes, en forme de rein.

C’est encore à cette famille des Bombacacées qu’appartiennent les fromagers ou kapokiers ou ouatiers, Ceiba pentandra (Bombacaceae), en malgache, pemba, (Fig. I0) :
– Arbres à tronc renflé, armé d’épines, que l’on rencontre souvent autour des villages de la région occidentale.
– Dénudés pendant la sécheresse, ils portent à la saison des pluies de grandes feuilles digitées.
– Les fleurs sont grandes. Elles comportent : un calice à sépales soudés, 5 pétales libres allongés, 5 étamines très grandes, soudées jusqu’aux anthères et un ovaire à 5 loges, surmonté d’un style très long, terminé par un stigmate à 5 lobes.
– Le fruit est une grosse capsule atteignant 20 centimètres de long et s’ouvrant à maturité par 5 fentes longitudinales.
– Les graines sont enveloppées de poils soyeux qui constituent le kapok.

Le kapokier et le baobab fournissent des écorces souvent utilisées dans l’Ouest, comme textiles. Leurs graines peuvent donner par broyage une huile alimentaire assez fine. Enfin, leurs troncs riches en eau sont abattus et donnés comme nourriture aux bœufs en cas de disette fourragère, pendant la saison sèche.

Le fromager ou kapokier ou ouatier ( pemba )

Les graines sont entourées de poils soyeux qui forment le kapok. Ces graines, si elles étaient ramassées, peuvent fournir une huile intéressante.

Il faut citer encore le théier, Camellia thea, syn. Thea chinensis (Theaceae), arbuste asiatique dont les jeunes feuilles et les bourgeons produisent, après fermentation, le thé. Introduit depuis longtemps à Madagascar, il y pousse avec vigueur, surtout dans le Centre. Mais il ne peut faire l’objet d’une industrie car la cueillette exige une main-d’œuvre très importante.

Le camélia, Camellia japonica (Theaceae), est une espèce proche du théier, cultivée pour la beauté de ses fleurs. Il est originaire de Chine, du Japon, de l’Inde, de la Corée et du Sud-est de l’Asie. Il se développe très bien à Tananarive.

Ces plantes appartiennent à la famille des Théacées.

Le CACAO et le CHOCOLAT

Le cacaoyer, Amérindien,
est encore une plante d’Amérique centrale. Ses propriétés étaient connues et appréciées des indigènes, bien avant l’arrivée des Européens et son usage était réservé aux personnes de qualité. Les premiers blancs qui le connurent furent les soldats de Fernand CORTEZ qui débarquèrent au Mexique, en 1519.

Ce furent les religieuses espagnoles installées au Mexique qui mirent au point la recette du chocolat. Cette préparation, d’abord faite uniquement en Amérique, s’implanta bientôt en Espagne. La première usine fut créée en France, en l659. La vogue du chocolat fut très rapide. Toute l’Europe civilisée en consomma bientôt. En 1684, les docteurs des facultés discutaient gravement pour savoir si le chocolat n’avait pas été le breuvage des Dieux, plutôt que le nectar et l’ambroisie. C’est ce qui valut au cacaoyer le nom scientifique, Theobroma, que lui donna LINNÉ.

Depuis des siècles, l’industrie française du chocolat est célèbre dans le monde entier, pour la qualité de ses produits.

À Madagascar, le cacaoyer fut introduit d’abord sur la Côte Est, en provenance de la Réunion. Quelques plantations furent aussi installées à Sainte-Marie. Mais, jusqu’à la conquête française ces plantations restèrent très limitées, en raison de l’insécurité des établissements agricoles et des difficultés d’exportation. En 1896, l’île exporta pour la première fois 1689 kg.

C’est dans la riche région du Sambirano que le cacaoyer devait trouver sa terre d’élection. Les cultures s’y développèrent peu à peu et ne cessèrent de s’accroître. Les exportations atteignent aujourd’hui quelques centaines de tonnes.

Par ailleurs, une importante partie de la production locale est transformée sur place en chocolat pour la consommation de la Grande-Île. Une usine aménagée d’abord à Tamatave, puis à Tananarive, depuis 1939, produit annuellement en moyenne 150 tonnes, d’un chocolat bien apprécié des enfants de Madagascar.

Les fruits du cacaoyer ou cabosses, sont récoltés lorsqu’ils sont bien mûrs. On les brise et l’on fait fermenter ensuite pendant plusieurs jours, les graines et la pulpe qui les entoure. Le produit rouge contenu dans la graine diffuse alors et doit colorer celle-ci, bien uniformément. De nombreuses autres modifications chimiques accompagnent cette fermentation, la graine perd son âcreté naturelle et devient plus douce. Les graines ou fèves sont ensuite lavées et desséchées au soleil pour l’expédition.

À l’usine, le cacao est d’abord torréfié, c’est-à-dire grillé comme le café. On le passe ensuite dans des concasseurs pourvus d’une soufflerie qui permettent la séparation des coques. Les amandes isolées sont alors moulues finement entre des meules à grain, de plus en plus fin. Lorsque le broyage est bien terminé, le cacao forme une pâte onctueuse et fine. On le fait alors passer dans le mélangeur où il est brassé longuement avec le sucre en poudre et la vanille qui doit le parfumer.

Quand le mélange est bien homogène, il ne reste plus qu’à le couler dans des moules en fer blanc, sur une table à secousses appelée : tapoteuse.

Le cacao renferme une importante quantité de matière grasse : « le beurre de cacao ». Pour le mélanger à l’eau, il est indispensable de retirer ce beurre de cacao. Cette opération est effectuée dans une presse hydraulique, dont les plateaux sont chauffés à la vapeur. Le cacao, ainsi dégraissé, est appelé cacao soluble. Il se mélange à l’eau sans difficulté.

Le chocolat et le cacao ont une très haute valeur alimentaire : la consommation peut en être encore largement augmentée.

fruits du cacaoyer ou cabosses