Le haricot
Légumineuses : Papilionacées
Césalpiniacées
Mimosacées
6ème TYPE
LE HARICOT
Le haricot, Phaseolus vulgaris (Leguminoseae-Papilionoideae), est cultivé depuis longtemps dans le Centre de Madagascar (MAYEUR le signalait déjà en 1775). Cette culture a été étendue depuis, à l’Ouest et au Sud-ouest.
– On sait que cette plante est caractérisée par sa fleur, dont les 5 pétales sont inégaux. C’est une fleur irrégulière.
– Le pétale supérieur est généralement bien développé : on le nomme étendard. Les deux pétales latéraux, plus petits, sont les ailes ; enfin, les deux pétales inférieurs, plus petits encore, souvent soudés en partie, forment la carène. On a donné à cette corolle de forme particulière : le nom de corolle papilionacée. Les pièces de l’androcée et du pistil sont entourées à l’intérieur de la carène. Les étamines sont au nombre de 10, dont 9 soudées. Seule l’étamine supérieure ou vexillaire, opposée à l’étendard, reste libre. Le pistil comprend un ovaire allongé, surmonté d’un style coudé. L’ensemble des pièces de l’androcée et du pistil est arqué de façon à épouser la forme de la carène.
– Le fruit est également caractéristique. C’est une gousse s’ouvrant à maturité par deux fentes longitudinales. Il résulte du développement d’une seule feuille carpillaire, enroulée sur elle-même. Les ovules qui se transforment plus tard en graines, sont tous insérés sur 1’emplacement de l’une des fentes qui correspond à la soudure des bords de la feuille carpillaire. La fente opposée se produit à l’emplacement de la nervure médiane.
P.S. : C’est l’écrivain allemand, Goethe, également intéressé et passionné de recherches scientifiques et de botanique qui révéla en 1790, dans sa publication « La métamorphose des plantes » qu’en réalité, le fruit des légumineuses résultait en partie de la transformation d’une feuille.
Le haricot, en dehors du rôle important qu’il est appelé à jouer dans l’alimentation, est encore intéressant à cultiver en vue de l’exportation. La Grande-Île en exporte chaque année quelques milliers de tonnes.
PLANTES VOISINES
Le pois du Cap, Phaseolus lunatus (Leguminoseae-Papilionoideae), très voisin du haricot, fait l’objet d’une culture importante dans la région du Sud-ouest. Ce pays déshérité, où les pluies sont si rares, vit presque entièrement sur cette production. En 1937, la production totale a atteint 24.000 tonnes et les exportations peuvent être évaluées chaque année, de 15 à 22.000 tonnes. Cette plante semble avoir été introduite, vers 1840 ou 1850, de l’Afrique du Sud. Cultivée dans les régions humides, sur la Côte-Est en particulier, elle ne produit que de petits fruits, dont les graines se chargent d’acide cyanhydrique et peuvent alors, être toxiques. Les Malgaches le distinguent alors, sous le nom de kalamaka. Sous le climat sec du Sud-ouest, cet inconvénient n’existe pas : la plante se développe largement et ses graines ne sont jamais toxiques. Elle est alors connue en malgache, sous le nom de kabaro. Le pois du Cap est originaire d’Amérique, où on le cultive en grand, sous le nom de haricot de Lima. De nombreux bateaux hollandais faisaient alors relâche dans la baie de Saint-Augustin, pour se ravitailler en zébus et en eau potable, et il semble que ce soit par leur intermédiaire que cette introduction a eu lieu.
Les ambériques ou ambrevade ou Pois d’Angole, Cajanus cajan, nommé en malgache, amberivatry, ambarivatry, ambatry, antsotry sont également très voisines des haricots. Leurs graines plus petites servent, néanmoins, à l’alimentation de l’homme et des animaux, à Madagascar et à la Réunion.
Cet arbuste lianescent, de 2 à 3 mètres, est surtout cultivé pour ses graines alimentaires, dans les pays tropicaux. Il est souvent cultivé comme engrais vert ou plante de couverture. La plante sèche constitue un bon engrais. Le dernier, dont les feuilles sont consommées par le ver à soie malgache, était en outre cultivé autrefois pour l’élevage de cet insecte.
La fleur peut être complètement jaune ou l’étendard est veiné de rouge et de brun.
La gousse est velue extérieurement et contient 4 à 5 graines qui se mangent comme les petits pois, dont elles ont la taille.
Le voanemba, Vigna sinensis (Leguminoseae-Papilionoideae), dont les Créoles ont fait voème ou mongette, est également cultivé ça et là, un peu dans toutes les régions de l’île. Il donne lieu à de petites exportations sur la Réunion et Maurice. Sa graine a la forme d’un très petit haricot. C’est une culture très ancienne qui est citée par GAUCHE (1638) et FLACOURT (1650)
Le Dolique d’Égypte ou labblab, Lablab purpureus, syn. Dolichos lablab (Leguminoseae-Papilionoideae), en malgache, antaque ou ananantaka, est sans doute une des légumineuses alimentaires les plus anciennement introduites à Madagascar. Il provient de l’Afrique tropicale. Mais FLACOURT signalait déjà sa présence dans les cultures, vers 1650. La varieté Lablab purpureus possède des tiges et des feuilles violacées.
Le pois, Pisum sativum et la fève, Vicia faba (Leguminoseae-Papilionoideae), d’introduction très récente, sont cultivés autour des grandes villes, surtout dans la région centrale. Leur culture est appelée à prendre un grand développement, car les Malgaches les consomment de plus en plus.
Le pois chiche, Cicer arietinum (Leguminoseae-Papilionoideae), a été introduit par les Indiens, dans le Sud-ouest, en 1914. Il donne lieu à une petite culture, servant d’appoint à celle des pois du Cap.
L’arachide, Arachis hypogaea (Leguminoseae-Papilionoideae), a la curieuse particularité de mûrir ses fruits dans la terre. Aussitôt après la fécondation, les pédoncules des fleurs se recourbent et le jeune fruit est enterré peu à peu. En raison de cette particularité, l’arachide ne croît bien, que dans les sols très meubles. Originaire de l’Amérique tropicale, l’arachide fut introduite au XIXe siècle à Madagascar. Elle donne lieu aujourd’hui à d’importantes cultures, surtout dans les régions de l’Alaotra et de l’Itasy. Sa production totale est d’environ 8.000 tonnes. En dehors de sa consommation directe, sa graine contient en effet une huile appréciée. Elle donne lieu à un commerce assez important avec la métropole.
Le voanjo, Vigna sugterranea (Leguminoseae-Papilionoideae), proche parent de l’arachide, produit un fruit qui s’enterre également à maturité. Mais, il ne contient qu’une graine et est rond, d’où le nom de voanjobory que les Malgaches lui donnent, pour le distinguer de l’arachide. C’est une culture très ancienne. Le général de BEAULIEU (1620), CAUCHE et FLACOURT (l650) le signalaient déjà dans les cultures. II entre pour une part importante dans l’alimentation des Malgaches. Sa culture est d’ailleurs plus facile que celle de l’arachide et il résiste très bien à 2.000 mètres d’altitude.
Enfin le soja, Glycine max = Glycine soja (Leguminoseae-Papilionoideae), d’introduction très récente est aussi, cultivé ça et là, surtout dans l’Ouest et le Sud-ouest.
Les légumineuses fourragères qui jouent en Europe un rôle si important dans l’alimentation du bétail, sont peu cultivées à Madagascar. Il serait très important de développer leur culture, surtout en vue de 1’alimentation des jeunes et des vaches laitières, car elles sont généralement riches en azote.
Notons en passant, une légumineuse locale, la glycine de Lyall, Glycine lyallii (Leguminoseae-Papilionoideae), au nom malgache de andratsiky (Sak.) et dont la valeur fourragère est au moins égale à celle de la luzerne.
Du point de vue agricole d’une façon générale, les légumineuses jouent un rôle extrêmement important. Elles vivent en effet en association avec des bactéries qui ont la propriété de fixer directement l’azote de l’air. Ces bactéries sont abritées dans des sortes de renflements des racines : nodosités qui sont bien visibles, chez toutes ces plantes. Elles permettent un enrichissement rapide en azote des sols neufs qui en sont souvent dépourvus. Aussi les légumineuses peuvent-elles être utilisées souvent, comme engrais verts : C’est-à-dire enfouies dans le sol au cours de leur végétation, de façon à apporter à celui-ci l’azote qu’elles ont fixé dans l’atmosphère. D’autre part, les sols tropicaux
exposés à une radiation solaire extrêmement intense, se stérilisent très rapidement s’ils ne sont pas couverts par la végétation. Les légumineuses peuvent encore servir de plantes de couverture, c’est-à-dire ombrager le terrain entre deux cultures ou dans les intervalles des plantes cultivées, (caféiers, etc.).
Parmi les arbustes et arbres
Les mondulées, Mundulea pauciflora = Pyranthus pauciflora (Leguminoseae-Papilionoideae), connues en malgache sous le nom de famamo ou fanomo, (Fig. 18) et les téphrosies, Tephrosia, nom vernaculaire : tandrohara, ont des feuilles et des écorces toxiques qui servent pour empoisonner les poissons. Ces substances toxiques sont inoffensives pour l’homme et les poissons ainsi capturés peuvent être consommés sans danger. Les Comoriens préparent ainsi des poisons si efficaces, qu’ils peuvent pêcher même en mer, près des rivages à l’aide de ces plantes. On pourrait utiliser ces propriétés en vue de la préparation des insecticides.
Ces arbustes sont au reste fort décoratifs et plusieurs mériteraient d’être cultivés, ainsi que les chadsies, Chadsia (Leguminoseae-Caesalpinioideae) (Fig. 19), à grandes fleurs rouges-orangé, pour la décoration des jardins.
Les indigotiers, Indigofera (Leguminoseae-Papilionoideae), petits arbustes ou plantes suffrutescentes, Indigofera tinctoria, appelés aika en malgache, fournissent une belle teinture uti1isée autrefois, pour la coloration bleue des tissus et des rabanes.
Enfin les palissandres, Dalbergia (Leguminoseae-Papilionoideae), nommés en malgache, voamboana, manariketsana (Tsim.), (Fig. 20), dont il existe un grand nombre d’espèces, sont de beaux arbres de la forêt malgache. Ils fournissent un bois remarquable par sa couleur et sa dureté qui fait l’objet d’un commerce. Leurs fleurs sont à corolle papilionacée, mais leurs gousses ne s’ouvrent pas à maturité.
Toutes ces plantes constituent l’importante famille des Papilionacées, caractérisée par la forme de sa fleur et son fruit appelé gousse ou légume.
La mondulée ou famamo (Leguminoseae-Papilionoideae)
Il a la propriété d’enivrer les poissons, sans être toxique pour les animaux à sang chaud et pour l’homme. On la trouve souvent aux environs de Tananarive (Itasy, Ambohimanga, etc.)
Rameau de palissandre avec ses fruits.
Il en existe de nombreuses espèces malgaches qui fournissent des bois remarquables pour la menuiserie et la construction.
La chadsie (Leguminoseae-Caesalpinioideae)
Arbuste de la Côte-Ouest, à splendides fleurs rouges-orangé, mériterait d’être cultivée, comme espèce décorative.
FAMILLES VOISINES
Les Césalpiniacées, Chadsia (Leguminoseae-Caesalpinioideae), ont encore comme fruit une gousse analogue à celle des papilionacées. Mais leur fleur, bien qu’irrégulière, n’a plus la disposition caractéristique de cette famille.
Les cassiers, Cassia (Leguminoseae-Caesalpinioideae), (Fig. 21), sont parmi les plantes les plus connues de cette famille :
– Ce sont des arbustes à feuilles composées, imparipennées, alternes.
– Leurs fleurs jaunes, assez grandes, souvent très décoratives, comprennent : un calice à 5 sépales plus ou moins soudés, une corolle à 5 pétales libres, de tailles inégales, le supérieur plus grand, les deux latéraux plus petits et les deux inférieurs encore plus petits. Leurs 10 étamines sont également de tailles diverses. – Le pistil est composé d’un ovaire allongé, formé d’un seul carpelle arqué vers la partie inférieure, surmonté d’un style droit.
– Les feuilles de cette plante, lorsqu’elles sont froissées, dégagent une odeur désagréable, d’où son nom malgache de tainakoho et son nom scientifique : Cassia laevigata.
La casse puante, Cassia occidentalis (Leguminoseae-Caesalpinioideae), souveraine, gros indigo sauvage en créole, bemaimbo en malgache, est probablement originaire d’Amérique et devenue pan-tropicale.
– Herbacée, quelques fois ligneuse à la base, haute de 2 mètres et à rameaux glabres. Feuilles longues de 25 centimètres, à 3 ou à 6 paires de folioles opposées, acuminées, dont la dernière paire est plus développée.
– Fleurs jaunes.
– Fruit à gousse plate, à odeur désagréable.
– On lui attribue des propriétés fébrifuges analogues à celles de la quinine. Mais, aucun alcaloïde n’a jamais pu en être extrait et ces propriétés paraissent surfaites. Les graines sont utilisées parfois, après torréfaction, comme succédané du café.
Le_tamarinier, Tamarindus indica (Leguminoseae-Caesalpinioideae), (Fig. 22), est un arbre magnifique qui orne les places des villages de l’Ouest ou du Sud. C’est le kily ou madiro des Malgaches. On l’a considéré longtemps comme originaire de l’Inde. Mais, il est en réalité autochtone. Il a complètement disparu de son habitat naturel, (la forêt de l’Ouest), à la suite des incendies repétés. Seuls, les exemplaires plantés sur les places publiques et à l’ombre desquels les princes sakalaves rendaient la justice, ont échappé à la dévastation.
– La gousse du tamarinier, le tamarin, est charnue. Sa pulpe acidulée a des propriétés laxatives et surtout antiscorbutiques. Aussi faisait-il partie de la cargaison de tous les navigateurs et fut-il répandu dans l’Inde, sur les côtes de l’Afrique, même jusqu’aux Antilles et en Amérique tropicale. Ses écorces ont par ailleurs des propriétés vermifuges.
– La fleur du tamarinier est curieuse. Elle comporte : une sorte de réceptacle creusé en tube sur les bords duquel s’insèrent les pièces florales, 5 sépales, 3 pétales (les 2 pétales inférieurs étant nuls), 9 étamines dont 3 seulement sont fertiles et les 6 autres, transformées en lanières stériles. Et enfin l’ovaire, porté par une colonne assez longue, surmonté d’un style recourbé. À la base du réceptacle se trouvent deux bractées colorées.
– Le fruit est, comme nous l’avons dit, une gousse à parois charnues, partagées en plusieurs loges par des fausses cloisons. Chaque loge renferme une graine.
La casse occidentale ou tainakoho (Leguminoseae-Caesalpinioideae)
Elle doit son nom malgache à son odeur désagréable. Elle est très employée en médecine populaire, comme purgatif.
Les fleurs sont jaunes.
Beaucoup de Césalpiniacées ont des fleurs très décoratives :
Le flamboyant, Delonix regia (Leguminoseae-Caesalpinioideae), par exemple, que l’on trouve sur toutes les côtes de Madagascar et des îles voisines, d’où il a été transporté dans le monde entier, en raison de la beauté de ses fleurs. Cet arbre magnifique a presque complètement disparu lui aussi, de son habitat naturel, le Nord-ouest de Madagascar, sous l’influence des feux. On ne le trouve plus guère que dans l’Antsingy, dans les gorges escarpées du Manambolo et aux environs de Diégo, dans 1’Ankara. Partout ailleurs, il a été planté.
Des centaines d’espèces ont du disparaître ainsi à tout jamais, lors de la destruction des belles forêts des pentes occidentales.
Les bauhinies, Bauhinia sp. (Leguminoseae-Caesalpinioideae), lianes, arbustes ou petits arbres, ont aussi des fleurs très décoratives. Leurs feuilles sont remarquables, elles sont constituées par deux lobes séparés, par une profonde échancrure.
0n cultive aussi souvent sur les côtes, pour la beauté de ses fleurs, le brésillet, Caesalpinia pulcherrima (Leguminoseae-Caesalpinioideae), connu en créole sous le nom d’aigrette ou Poincillade et qui est le type de cette famille. Cet élégant arbuste à feuillage vert clair fut introduit des Indes-orientales vers 1690-1700.
Le bois de campêche, Haematoxylon campechianum (Leguminoseae-Caesalpinioideae), en malgache sokon-kazo, fournissant une teinture appréciée, est une espèce américaine plantée sur toutes les côtes. Il est devenu sub-spontané dans la région de Diégo-Suarez.
Citons enfin le coumangue ou komanga, Erythrophleum couminga (Leguminoseae-Caesalpinioideae), (fig. 23), l’un des poisons les plus actifs du monde, longtemps employé par les Sakalaves pour empoisonner leurs sagaies. C’est un grand arbre des savanes de l’Ouest, pouvant atteindre 20 à 30 mètres de hauteur :
– Ses feuilles atteignent 30 centimètres de longueur. Elles sont deux fois composées, à folioles opposées et à foliolules alternes ovales, de 6 centimètres de longueur, sur 3 centimètres de largeur.
– Les fleurs sont groupées en épis : leurs pédoncules étant très courts, elles comportent, 5 sépales et 5 pétales courts, les uns verts et les autres, couverts de poils abondants, 10 étamines longuement saillantes, un ovaire porté par un support assez long, fortement velu.
– Le fruit est une gousse ligneuse, d’un brun chocolat à l’extérieur, longuement pédonculée, de 10 à 20 centimètres de long, sur 4 à 6 centimètres de large, contenant une ou 2 graines.
– À l’intérieur, la gousse est blanchâtre, avec une sorte de duvet neigeux autour des graines. Celles-ci sont rondes, aplaties, de 2 à 3 centimètres de diamètre, de couleur brun chocolat.
Un gramme de l’écorce sèche et broyée de cet arbre, injectée à un chien, provoque la mort en quelques minutes. Les Sakalaves considèrent cet arbre comme redoutable et prétendent même, que le seul fait de dormir sous son ombre lorsqu’il est en fleur, peut être dangereux en raison de la chute du pollen. Les empoisonnements par l’eau dans laquelle ses feuilles sont tombées sont fréquents, chez les bœufs.
Le copaïer ou copayer, Tracholobium verrucosum (Leguminoseae-Caesalpinioideae), (Fig. 24), appelé en malgache amalomanta ou andrakadraka, fournissait une résine, le copal (copal : mot espagnol d’origine aztèque), autrefois très recherchée pour la préparation des vérins.
Le tamarinier ou kily (Leguminoseae-Caesalpinioideae)
Ombrage souvent
les places des villages dans l’Ouest et le Sud.
Ses fruits acidulés sont vendus sur certains marchés. Ils sont riches en vitamine C et les navigateurs les transportaient autrefois, pour se protéger du scorbut.
Le komanga, Erythrophleum couminga (Caesalpinioideae)
Un des poisons les plus redoutables du monde entier. Il pousse dans les savanes de la Côte-Ouest et est bien connu des Sakalaves. Ses feuilles sont souvent à l’origine de l’empoisonnement des bœufs, lorsqu’elles tombent dans les mares. On peut en tirer un remède, pour les maladies du cœur.
Le copayier ou andrakadraka
Il fournissait autrefois la résine copal.
Il pousse dans la forêt littorale, tout le long de la Côte-Est, toujours sur le sable et non loin de la mer.
Les Mimosacées (Leguminosae-Mimosoideae), ont toujours pour fruit une gousse. Mais leur fleur est régulière à sépales et pétales égaux.
Elles ont pour type la sensitive qui est le véritable mimosa, Mimosa pudica (Leguminoseae-Mimosoideae), (Fig. 25). Ce sont des arbustes plus ou moins rampants pourvus de nombreuses épines, d’où leur nom malgache de roy (épine) Elles sont surtout confinées dans les régions chaudes et sur les sols marécageux, mais s’étendent un peu partout. Leurs feuilles composées, pennées, ont la propriété de se rétrécir dès qu’on les touche et un choc un peu fort amène la fermeture de toutes les feuilles de la plante. Espèce pan-tropicale. Noms vernaculaires : amboafotsikely, matirosana, anankoay, ramorena.
La sensitive (Leguminoseae- Mimosoideae)
Noter la forme des fruits.
La feuille qui a la propriété de se refermer quand on la touche.
– Les fleurs sans pédoncule sont serrées les unes contre les autres, constituant un épi globuleux. Elles sont très petites et leurs pièces florales sont difficilement visibles à l’œil nu. Elles comportent : un calice à 4 sépales, soudés, très petits, une corolle à 4 pétales plus longs, plus ou moins soudés par leurs bords, 4 étamines libres, longuement saillantes.
– L’ovaire est allongé, formé d’un seul carpelle, surmonté d’un style très long qui se termine par un stigmate à peine dilaté.
– Le fruit est une petite gousse, ne contenant pas plus de 4 graines, dont les valves sont couvertes d’aiguillons mous, recourbés.
Les sensitives ne sont pas malgaches. Elles ont été introduites très anciennement, probablement de Malaisie et en même temps que le riz. Mais elles se sont multipliées à tel point, qu’elles deviennent dans certaines régions une véritable peste végétale.
Les Acacias, Acacia (Mimosoideae), qu’on appelle improprement mimosas, sont d’introduction très récente à ]Madagascar :
– Le plus commun dans la Région centrale, Acacia suarezensis = Albizia polyphylla (Leguminoseae-Mimosoideae), en malgache halomborona, antonosy, a été introduit en vue de la production du bois de chauffage.
– L’Acacia à tanin, Acacia dealbata, a été planté également, en particulier aux environs de Moramanga, en vue de la production des écorces qui servaient dans le tannage des peaux. Il est originaire d’Australie.
Les inflorescences de ces acacias, improprement appelés mimosas, sont souvent utilisées en décoration. Chacune des petites boules jaunes, bien connues, comporte un grand nombre de fleurs.
– Ces fleurs sont sans pédicelle et serrées les unes contre les autres, au sommet du pédoncule de l’inflorescence.
– Chacune des petites fleurs comporte : un calice très réduit, 4 ou 5 pétales légèrement soudés, mais surtout un très grand nombre d’étamines, longuement saillantes, ce qui les différencie très bien des vrais mimosas qui ont toujours un nombre d’étamines, égal à celui des pétales.
Les bois noirs ou albizzia, Albizia lebbeck (Leguminoseae-Mimosoideae), noms vernaculaires : Langue de belle-mère, furent introduits vers 1800. Ce sont de grands arbres souvent utilisés pour ombrager les caféiers dans les plantations, en raison de leur feuillage léger qui convient bien à cet usage. Ils sont devenus spontanés dans de nombreuses régions et particulièrement dans l’Ouest, où ils se ressèment d’eux-mêmes et résistent parfaitement aux feux de prairie. C’est un petit arbre, originaire d’Inde, dont les fleurs jaunes-verdâtre sont odorantes. Cette espèce a un bois foncé qui l’a fait appeler : bois noir ou ébénier d’Orient. Il peut fournir de la gomme arabique. Mais il a surtout été planté à Madagascar, pour nourrir les animaux comme le zébu et le porc.
L’œil de paon, Adenanthera pavonina (Leguminoseae-Mimosoideae), est souvent cultivé dans les jardins de la Côte-Est, pour ses fleurs décoratives (avenue de Tamatave et jardin du Tribunal) :
– C’est un bel arbre, à feuilles deux fois composées.
– Ses fleurs sont groupées en longs épis.
– Elles comportent sur un petit réceptacle légèrement concave, un calice très réduit à 5 dents, une corolle à 5 pétales libres, 10 étamines dont 5 grandes, dépassants la corolle et 5 petites, peu apparentes. Chacune de ces étamines porte à son sommet, entre les loges de l’anthère, un petit renflement caractéristique qui a valu à la plante son nom scientifique d’Adenanthera.
– L’ovaire allongé, se transforme en une gousse longue et arquée s’ouvrant par 2 fentes.
– Les graines nombreuses sont un peu comprimées, lenticulaires. Elles sont d’un rouge brillant et servent souvent à confectionner des colliers.
– Cette graine a la particularité d’être d’un poids si constant, qu’on a fondé sur elle le carat, utilisé pour peser les pierres précieuses.
L’œil de paon est d’introduction très récente à Madagascar et se ressème rarement de lui-même. Il est originaire de l’Inde et du Sri Lanka.
Le pithecellobe, Pithecellobium dulce (Leguminoseae-Mimosoideae), arbre introduit de l’Inde depuis une vingtaine d’années. Les Malgaches l’ont appelé kilimbazaha, car son fruit rappelle celui du tamarinier. Il a trouvé dans l’Ouest et le Sud-ouest de la Grande-Île un terrain si favorable qu’il est en train d’y envahir d’immenses territoires. Il est nommé aussi kilivaza, signifiant tamarinier étranger. Il est originaire d’Amérique du Sud, des régions chaudes et xérophiles, cultivé comme fourrage. C’est un grand arbre, poussant très bien le long des cours d’eau, où il forme de grands peuplements sub-spontanés, entre autre le long du Mandrare, dans la réserve de Bérenty. Malheureusement, beaucoup de ces arbres ont été étêtés lors de la tornade d’octobre 1999 qui a affecté toute cette région.
– C’est une très bonne essence de reboisement dans les zones arides, malgré le bois tendre, car cet arbre résiste bien à la sécheresse.
– Son écorce est astringente.
– Ses feuilles et ses fleurs sont consommées par les Propithèques de Verreaux.
– Ses gousses à arilles, dont la pulpe est blancche ou rosée, sont comestibles et vendues en octobre sur la Côte-Ouest.
Citons enfin l’entade grimpante, Entada scandens = Entada rheedii (Leguminoseae-Mimosoideae), nommée en créole, Liane sabre et en malgache, Voankarabo, Vaheamiomiolana qui est une énorme liane de bords de torrents du Nord-ouest. Elle peut atteindre plusieurs centaines de mètres de longueur, avec un diamètre de 20 à 30 centimètres. Sa gousse ligneuse, très dure, d’un brun foncé, atteint plus d’un mètre de longueur, sur 10 centimètres de largeur. Elle renferme des graines de la taille d’un œuf de poule, appelées voankarabo qui sont consommées par les Sakalaves, après avoir été épluchées et mises à tremper 2 jours dans l’eau courante, puis portées à ébullition prolongée, en renouvelant l’eau plusieurs fois. C’est un des plus grands fruits du Monde.
Les trois familles que nous venons d’étudier ont pour caractère commun leur fruit qui est toujours une gousse ou légume.
C’est pourquoi on en a fait le grand groupe des Légumineuses.
Voir aussi [->art59].