L’abutilon strié

L’abutilon strié

Malvacées : Sterculiacées – Bombacacées

Théacées

Droséracées

3ème TYPE

L’ABUTILON STRIÉ

Cet arbuste introduit, du genre Abutilon asiaticum (Malvaceae), est nommé en malgache, Lariky (Mahaf.). Il fait partie de la famille des Malvacées et est originaire d’Amérique tropicale. Il est souvent cultivé dans les jardins pour ses fleurs jaunes, roses ou rouges :
– Il peut atteindre 2 à 3 mètres.
– Ses feuilles en forme de cœur, dentelées, sont couvertes d’un duvet mou.
– Les fleurs comportent : un calice à 5 sépales soudés, une corolle à 5 pétales libres, de nombreuses étamines soudées en une sorte de colonne qui entoure le style. Les nectaires, situés à la base de cette colonne, sécrètent un nectar abondant.
– L’ovaire comporte 5 loges, ornées de poils. Il est surmonté par le style, très long qui traverse la colonne staminale et s’épanouit à son sommet, en un stigmate à 5 branches.

PLANTES VOISINES

Les hibiscus, Hibiscus (Malvaceae), le plus souvent connus des Indigènes, sous le nom de hafotra, sont très abondants dans les forêts malgaches. La plupart d’entre eux ont une écorce fibreuse, utilisée pour la confection de cordes grossières. Certains ont des fleurs très décoratives.

L’hibiscus à étamines saillantes ou Rose de Chine, Hibiscus rosa-sinensis, est nommé en malgache, foulsapate. Il est originaire de Chine ou du Japon et représente l’un des plus curieux d’entre eux :
– C’est un arbre de la région centrale, dont les feuilles adultes sont souvent curieusement découpées, alors que les feuilles des jeunes rameaux ont au contraire un contour régulier.
– La fleur comporte à l’extérieur un calicule de consistance épaisse. Puis, le calice proprement dit a : 5 sépales soudés, une corolle jaune-orangé, 5 pétales tordus en hélice. Les étamines soudées en tube sont très longuement saillantes.
– Le fruit est une capsule couverte de soies rugueuses. Il conserve à sa base le calice et le calicule qui se développent avec lui. À maturité, les 5 carpelles se séparent et laissent échapper de nombreuses graines noires.
– Une autre espèce très commune est le varo ou hibiscus faux tilleul, Hibiscus tiliaceus, dont on se sert sur la Côte-Est pour supporter les lianes de vanille.

La rosette, Hibiscus sabdariffa, très répandue dans toutes les régions tropicales, se rencontre souvent autour des villages de l’Ouest. Les Malgaches l’appellent souvent divay, car ils fabriquent à l’aide de ses fruits, une sorte de boisson très colorée et faiblement alcoolique.

Le gambo, Abelmoschus esculentus, fut probablement introduit par les Arabes qui en apprécient beaucoup le fruit récolté avant la maturité. Il est souvent cultivé dans les jardins potagers, mais s’échappe des cultures et devient rudéral dans les régions chaudes de l’île.

L’urène à feuilles lobées, Urena lobata ou en créole : Jute de Madagascar ou herbe panier à feuilles incisées ou en malgache paka (betsil.), kiriza, sikilenjo, tsikilenza (sak.), (Fig. 6) :
– Est une plante cosmopolite, répandue dans toutes les régions tropicales.
– Sa tige fournit une fibre appréciée.
– C’est une plante suffrutescente, dont la base des rameaux est ligneuse, tandis que leur extrémité est herbacée.
– Ses petites fleurs roses, se développant à l’aisselle des feuilles, sont construites comme celles des hibiscus. Mais l’ovaire est formé de 5 carpelles libres, ne renfermant chacun qu’un seul ovule et qui donnent naissance à 5 akènes (fruits secs ne s’ouvrant pas à maturité). Les styles de ces akènes persistent et se transforment en éléments crochus. – Ils contribuent ainsi à la dispersion de la plante par les animaux car ils s’attachent à leur toison.

Le cotonnier, Gossypium barbadense, en malgache landihazo, est cultivé maintenant dans le sud. Madagascar en possède d’ailleurs 2 espèces indigènes. Il est aussi très utile, grâce aux longs poils qui entourent ses graines et permettent de constituer un textile apprécié. Il est aujourd’hui l’objet d’une importante production et alimente les tissages et filatures d’Ansirabe.

cotonnier

cotonnier

Toutes ces plantes constituent la famille des Malvacées, ayant pour type « la mauve de France » Leur caractère commun le plus marquant est la présence d’étamines nombreuses soudées en tube par leurs filets.

L’urène lobée ou paka.

Noter les étamines nombreuses, longuement soudées en tube autour du style et le fruit qui se partage en cinq akènes, portant des crampons. Ces fruits s’accrochent aux toisons des animaux et c’est ainsi que l’espèce se répand, sur les sols du Baina, de la Côte-Ouest. On tire des tiges une fibre qui sert à faire des sacs d’emballage.

FAMILLES VOISINES

Les dombeya, Dombeya (Sterculiaceae), généralement connus sous le nom de halampona, sont des arbres communs, surtout dans l’Est et le Centre. Leurs écorces fibreuses servent à la préparation de cordes grossières.

Le plus commun en Imerina est le dombeya à feuilles molles, Dombeya mollis :
– C’est un bel arbre, dont les feuilles à 3 lobes ressemblent un peu à celles des érables de France, mais sont plus molles et couvertes d’un abondant duvet velouté.
– Il se couvre au début de la saison sèche de grands bouquets de petites fleurs, d’un blanc rosé.
– Chacune de ces fleurs comporte : un petit calicule formé de 3 bractées libres, un calice à 5 sépales soudés et une corolle à 5 pétales tordus. L’androcée (ensemble des étamines) est composée d’étamines nombreuses, groupées en 5 paquets, en face des pétales. Entre deux de ces paquets d’étamines, on peut voir une sorte de fine lanière qui n’est autre chose qu’une étamine transformée et stérile ou staminode. L’ovaire est surmonté d’un style court et d’un stigmate à 5 lobes.

Plusieurs espèces de ces Dombeya mériteraient d’être cultivées, pour la beauté de leurs fleurs.

À cette même famille des Sterculiacées appartient un arbre très cultivé dans les régions tropicales le cacaoyer, Theobroma cacao, en malgache, Kakao (tank. et betsim.). Il est originaire d’Amérique du Sud où le cacao était déjà très estimé sous les Incas, les Aztèques et les Mayas. (Fig. 7)
– Les gros fruits en cabosses de cet arbre contiennent des graines qui après torréfaction, fournissent le cacao, matière première de la préparation du chocolat.
– Le cacaoyer est surtout cultivé à Madagascar, dans la riche région du Nord-ouest, dans la vallée du Sambirano. Il fut introduit dès la conquête et donne lieu à des exportations de plus en plus importantes qui ont atteint en 1936 : 399 tonnes.
– La fleur du cacaoyer est curieusement construite. Elle comporte : 5 sépales, 5 pétales présentant chacun à la base, une partie renflée en forme de cuiller qui recouvre l’étamine fertile. Puis, une portion rétrécie et enfin un lobe allongé, en forme de bandelette.
– L’androcée comporte : 5 staminodes alternant avec les pétales, dressés, terminés en pointe effilée, entourant le pistil qu’ils dépassent et 5 paires d’étamines alternant avec les staminodes. Chaque paire d’étamines fertiles comporte un seul filet et 4 loges disposées en croix, incluses, dans le renflement de la base du pétale.
– L’ovaire est supère à 5 loges surmontées par 5 styles distincts.
– Le fruit ou cabosse a un peu la forme d’un concombre. Il peut atteindre 25 centimètres de long. Sa surface rugueuse et mamelonnée est parcourue par dix saillies longitudinales, équidistantes.
– Les graines de la taille d’une noix sont nichées dans une pulpe molle.

La culture de cet arbre serait très intéressante à développer dans les sols riches de l’Est et du Nord-ouest.

Le cacaoyer

Il porte le nom scientifique de Theobroma ( qui veut dire en grec « breuvage des dieux ») Les fruits, appelés cabosses, peuvent être gros comme une petite papaye. On le cultive surtout à Nosy-Be et dans le Sambirano. Ses graines après préparation servent à faire le chocolat.

Il faut placer ici, le baobab, Adansonia (Bombacaceae) (Fig. 8 et 9), l’un des géants du règne végétal, au moins pour la grosseur de son tronc. Les paysages de la région occidentale sont caractérisés par la présence de ces gros arbres, au tronc renflé en forme de bouteille, dont les branches disproportionnées sont généralement dépourvues de feuilles. Au début de la saison des pluies apparaissent de grandes fleurs, d’un blanc crème, caractérisées par leurs étamines soudées à la base et libres au sommet. Leur fruit qui atteint la taille du melon contient de nombreuses graines, grosses comme des noisettes et repliées sur elles-mêmes, en forme de rein.

C’est encore à cette famille des Bombacacées qu’appartiennent les fromagers ou kapokiers ou ouatiers, Ceiba pentandra (Bombacaceae), en malgache, pemba, (Fig. I0) :
– Arbres à tronc renflé, armé d’épines, que l’on rencontre souvent autour des villages de la région occidentale.
– Dénudés pendant la sécheresse, ils portent à la saison des pluies de grandes feuilles digitées.
– Les fleurs sont grandes. Elles comportent : un calice à sépales soudés, 5 pétales libres allongés, 5 étamines très grandes, soudées jusqu’aux anthères et un ovaire à 5 loges, surmonté d’un style très long, terminé par un stigmate à 5 lobes.
– Le fruit est une grosse capsule atteignant 20 centimètres de long et s’ouvrant à maturité par 5 fentes longitudinales.
– Les graines sont enveloppées de poils soyeux qui constituent le kapok.

Le kapokier et le baobab fournissent des écorces souvent utilisées dans l’Ouest, comme textiles. Leurs graines peuvent donner par broyage une huile alimentaire assez fine. Enfin, leurs troncs riches en eau sont abattus et donnés comme nourriture aux bœufs en cas de disette fourragère, pendant la saison sèche.

Le fromager ou kapokier ou ouatier ( pemba )

Les graines sont entourées de poils soyeux qui forment le kapok. Ces graines, si elles étaient ramassées, peuvent fournir une huile intéressante.

Il faut citer encore le théier, Camellia thea, syn. Thea chinensis (Theaceae), arbuste asiatique dont les jeunes feuilles et les bourgeons produisent, après fermentation, le thé. Introduit depuis longtemps à Madagascar, il y pousse avec vigueur, surtout dans le Centre. Mais il ne peut faire l’objet d’une industrie car la cueillette exige une main-d’œuvre très importante.

Le camélia, Camellia japonica (Theaceae), est une espèce proche du théier, cultivée pour la beauté de ses fleurs. Il est originaire de Chine, du Japon, de l’Inde, de la Corée et du Sud-est de l’Asie. Il se développe très bien à Tananarive.

Ces plantes appartiennent à la famille des Théacées.

Le CACAO et le CHOCOLAT

Le cacaoyer, Amérindien,
est encore une plante d’Amérique centrale. Ses propriétés étaient connues et appréciées des indigènes, bien avant l’arrivée des Européens et son usage était réservé aux personnes de qualité. Les premiers blancs qui le connurent furent les soldats de Fernand CORTEZ qui débarquèrent au Mexique, en 1519.

Ce furent les religieuses espagnoles installées au Mexique qui mirent au point la recette du chocolat. Cette préparation, d’abord faite uniquement en Amérique, s’implanta bientôt en Espagne. La première usine fut créée en France, en l659. La vogue du chocolat fut très rapide. Toute l’Europe civilisée en consomma bientôt. En 1684, les docteurs des facultés discutaient gravement pour savoir si le chocolat n’avait pas été le breuvage des Dieux, plutôt que le nectar et l’ambroisie. C’est ce qui valut au cacaoyer le nom scientifique, Theobroma, que lui donna LINNÉ.

Depuis des siècles, l’industrie française du chocolat est célèbre dans le monde entier, pour la qualité de ses produits.

À Madagascar, le cacaoyer fut introduit d’abord sur la Côte Est, en provenance de la Réunion. Quelques plantations furent aussi installées à Sainte-Marie. Mais, jusqu’à la conquête française ces plantations restèrent très limitées, en raison de l’insécurité des établissements agricoles et des difficultés d’exportation. En 1896, l’île exporta pour la première fois 1689 kg.

C’est dans la riche région du Sambirano que le cacaoyer devait trouver sa terre d’élection. Les cultures s’y développèrent peu à peu et ne cessèrent de s’accroître. Les exportations atteignent aujourd’hui quelques centaines de tonnes.

Par ailleurs, une importante partie de la production locale est transformée sur place en chocolat pour la consommation de la Grande-Île. Une usine aménagée d’abord à Tamatave, puis à Tananarive, depuis 1939, produit annuellement en moyenne 150 tonnes, d’un chocolat bien apprécié des enfants de Madagascar.

Les fruits du cacaoyer ou cabosses, sont récoltés lorsqu’ils sont bien mûrs. On les brise et l’on fait fermenter ensuite pendant plusieurs jours, les graines et la pulpe qui les entoure. Le produit rouge contenu dans la graine diffuse alors et doit colorer celle-ci, bien uniformément. De nombreuses autres modifications chimiques accompagnent cette fermentation, la graine perd son âcreté naturelle et devient plus douce. Les graines ou fèves sont ensuite lavées et desséchées au soleil pour l’expédition.

À l’usine, le cacao est d’abord torréfié, c’est-à-dire grillé comme le café. On le passe ensuite dans des concasseurs pourvus d’une soufflerie qui permettent la séparation des coques. Les amandes isolées sont alors moulues finement entre des meules à grain, de plus en plus fin. Lorsque le broyage est bien terminé, le cacao forme une pâte onctueuse et fine. On le fait alors passer dans le mélangeur où il est brassé longuement avec le sucre en poudre et la vanille qui doit le parfumer.

Quand le mélange est bien homogène, il ne reste plus qu’à le couler dans des moules en fer blanc, sur une table à secousses appelée : tapoteuse.

Le cacao renferme une importante quantité de matière grasse : « le beurre de cacao ». Pour le mélanger à l’eau, il est indispensable de retirer ce beurre de cacao. Cette opération est effectuée dans une presse hydraulique, dont les plateaux sont chauffés à la vapeur. Le cacao, ainsi dégraissé, est appelé cacao soluble. Il se mélange à l’eau sans difficulté.

Le chocolat et le cacao ont une très haute valeur alimentaire : la consommation peut en être encore largement augmentée.

fruits du cacaoyer ou cabosses

Le chou de Chine

Le chou de Chine

Crucifères-Brassicacées : Passifloracées

Flacourtiacées – Bixacées

(Chlénacées-Sarcolénacées)

Caricacées

2ème TYPE

LE PE-TSAÏ ou CHOU DE CHINE

Brassica pekinensis

Pe-tsaï ou chou de chine ou chou de Pékin, Brassica pekinensis (Crucifereae-Brassicaceae), est un nom chinois qui veut dire à peu près « légume blanc » :

Brassica pekinensis

C’est une plante introduite depuis peu de temps à Madagascar, mais qui a véritablement fait fortune. Sa culture est en effet très facile, elle se ressème d’elle-même et ne demande aucun soin. Elle produit une importante quantité de feuilles qui servent à aromatiser le riz (Fig. 3).

On la voit fréquemment porter des grappes de fleurs jaunes, formées de 4 sépales et 4 pétales en croix.
Chaque fleur comporte 6 étamines, dont 4 sont aussi grandes que le pistil et deux autres, plus petites, qui portent à leur base une petite glande à nectar.
Le fruit est une silique, c’est-à-dire un fruit sec s’ouvrant par deux valves et comportant au centre une fausse cloison constituée par le développement du bord des carpelles.

Cette plante, aujourd’hui répandue dans toute l’île, peut servir de type à l’importante famille des Crucifères (pétales en croix) encore appelée Brassicacées (du nom latin du chou : Brassica) par certains auteurs, pour obéir aux règles de la nomenclature botanique qui exige la désinence « acées » pour les familles.

PLANTES VOISINES

Le cresson, Lepidium sativum (Crucifereae-Brassicaceae), dont l’introduction ne remonte sans doute pas à un siècle, a pris dans de nombreux cours d’eau de la Grande-Île une extension telle qu’il y élimine parfois les plantes autochtones. Les Malgaches qui en consomment les feuilles cuites avec le riz, l’ont nommé : anandrano, la brède d’eau. Ses petites fleurs blanches sont organisées comme celles du pe-tsaï.

De nombreuses plantes potagères, appartenant à cette famille, sont abondamment cultivées aujourd’hui un peu partout dans l’île :
Le Chou, Brassica oleracea (Crucifereae-Brassicaceae), originaire des Côtes de l’Europe occidentale.
Le Navet, Brassica napus, originaire d’Europe
Le Radis, Raphanus sativum, originaire de Chine et d’Egypte.

Elles présentent toutes les mêmes caractéristiques :
Fleurs à 4 pétales séparés et à six étamines.
Le fruit est toujours une silique.

PLANTES APPARTENANT À DES FAMILLES VOISINES

La grenadelle ou passiflore stipulée, Passiflora edulis (Passifloraceae) ou en créole fruit de la Passion et en malgache maracuja (nom espagnol) (Fig. 4) : originaire d’Amérique tropicale, fut introduite à Madagascar vers le milieu du XIIe siècle. On la rencontre aujourd’hui un peu partout. Ses graines ont en effet la curieuse particularité de résister à l’action des sucs digestifs, aussi est-elle abondamment répandue, tant par l’homme que par les sangliers qui sont très friands de ses fruits :

C’est une liane souvent lignifiée à la base et dont les jeunes rameaux portent de nombreuses vrilles qui lui permettent de s’accrocher.
La fleur a une constitution très particulière : elle comporte un réceptacle, sur lequel s’attachent plusieurs collerettes de pièces florales et qui se relève au centre en une sorte de colonne portant l’ovaire et les étamines. Les 5 étamines ont des anthères suspendues par le milieu et oscillantes.

L’ovaire est surmonté par 3 styles distincts, terminés par 3 stigmates volumineux. Lorsque l’ovaire est bien développé, on peut voir nettement les 3 zones de placentation, où sont insérés les ovules. Ceux-ci très volumineux sont particulièrement bien visibles.

Le fruit est une baie renfermant un grand nombre de graines, dont chacune est pourvue d’un arille charnu, à saveur sucrée. II est supporté par une petite tige articulée, sur laquelle persistent longtemps les restes du périanthe (ensemble des pièces florales) Les 3 stigmates, plus ou moins desséchés, restent aussi longtemps visibles à la partie supérieure du fruit.

Son nom, de genre latin, lui a été donné par les missionnaires catholiques : passio = passion et floris = fleur. Ils ont vu dans la couronne de filaments blancs et bleus, la couronne du Christ, les trois stigmates furent interprétés comme les clous de la crucifixion. Les étamines sont les marteaux qui ont permis d’enfoncer les clous. Les cinq calices et les cinq carpelles représentant les dix Apôtres, Saint-Pierre et Judas.

La barbadine ou granadine, passiflore quadrangulaire, Passiflora quadrangularis, cultivée par quelques amateurs çà et là dans l’île, fournit un fruit beaucoup plus volumineux, pouvant atteindre la taille d’une tête d’enfant.

Ces plantes appartiennent à la petite famille des Passifloracées

Le faux théier, Aphloia theiformis (Flacourtiaceae), connu en malgache sous le nom de : voafotsy ou de fandramanana :
Le premier nom est une allusion aux fruits qui sont de petites baies blanches.
Le second nom est plus particulièrement utilisé pour désigner la plante, quand elle sert de remède ou encore sa forme forestière.
Le faux théier qui est un arbuste rabougri en Imerina, atteint en effet la taille d’un petit arbre en forêt et ses feuilles sont alors plus grandes, elles ont toujours une dentelure caractéristique ressemblant beaucoup à celle du théier.
Les fleurs sont petites, groupées en petits bouquets à l’aisselle des feuilles.
Elles comportent : un calice à 5 sépales, d’un blanc verdâtre, de nombreuses étamines insérées sur le bord d’un réceptacle creux, en forme de coupe.
L’ovaire est à peu près au centre de cette coupe. Il est formé d’une seule loge sur les parois de laquelle se fixent de nombreux ovules, disposés en deux rangées opposées.
Le fruit est une baie blanche à pulpe sucrée que les Malgaches consomment souvent.
Les feuilles du faux théier sont utilisées en infusion comme tonique, apéritif et vulnéraire.
Leur propriété la plus remarquable consiste à arrêter l’hémoglobinurie dans la fièvre bilieuse, si fréquente autrefois à Madagascar. Aussi, vend-on couramment ces infusions sur tous les marchés de l’Imerina.

Le voafotsy appartient à la petite famille des Flacourtiacées

Le type de cette famille est le prunier de Madagascar, Flacourtia indica, connu des Malgaches sous le nom de lamoty :
Cet arbuste épineux, très abondant sur les côtes de la Grande-Île, a valu son nom à l’île aux prunes de Tamatave.
Son fruit, de la grosseur d’une petite prune, est d’aspect et de goût très agréables.
On le cultive d’ailleurs dans presque toutes les colonies anglaises tropicales et même aux États-Unis, en Floride, sous les noms de governor’s plum ou bakoto plum.
Il serait intéressant d’essayer d’obtenir des formes à gros fruits, plus sucrés.

Il faut placer ici, la petite famille des Chlénacées-Sarcolaenacées, spéciale à Madagascar et qui comporte une trentaine d’arbres et d’arbustes souvent à fleurs très décoratives.

L’un des plus connus est le xérochlamys pileux, Xerochlamys pilosa, arbuste des plateaux du Centre (collines de l’Imerina et du Betsileo) que les Malgaches appellent hatsikana et dont ils emploient l’écorce pour aromatiser et colorer les rhums indigènes ou teindre les rabanes en rouge.

Je n’aurai garde d’oublier le roucou, Bixa orellana (Bixaceae), plante teinturière introduite de Guyane, type de la petite famille des Bixacées, car c’est lui qui ombrage la cour du Lycée Jules Ferry.

On doit placer ici aussi, le papayer, Carica papaya (Caricaceae), en malgache, voapaza, mapaza, (Fig. 5) arbre familier importé d’Amérique et qui constitue à lui seul, la petite famille des Caricacées

Voir aussi : [->art45] Annexe : Le Papayer

La renoncule

La renoncule de Madagascar

Renonculacées : Nymphéacées

TYPES DES PLANTES DE MADAGASCAR

1er TYPE

La renoncule de Madagascar, Ranunculus pinnatus (Ranunculaceae), est connue des Malgaches sous le nom de tongotramboabe ou d’odiandoha :
C’est une petite plante herbacée à feuilles parsemées de poils fins.
Elle est surtout commune dans les lieux humides et dans les clairières des forêts.
Ses fleurs sont plus petites que celles « du bouton d’or de France » qui est aussi une renoncule.
Elles comprennent : 5 sépales généralement repliés en arrière, 5 pétales jaunes, un très grand nombre d’étamines et enfin au centre des carpelles également très nombreux.
Si l’on examine avec attention la façon dont les étamines sont disposées à l’intérieur de la fleur, on peut voir que leurs filets s’insèrent sur une ligne spiralée et non sur des corolles concentriques, comme dans la plupart des fleurs. Leur nombre varie avec le développement de la fleur : on dit qu’elles sont en nombre infini.
Les étamines et les carpelles sont groupés par une sorte de renflement du pédoncule de la fleur qu’on appelle le réceptacle.
Lorsque la fleur se fane, chaque carpelle grossit et donne naissance à un petit fruit sec, coriace qui ne s’ouvre pas à maturité : c’est un akène.
Chaque akène est pourvu de petits ornements et d’un bec crochu qui lui permet d’adhérer à la toison des animaux et assure la dispersion de l’espèce. C’est pourquoi, elle existe non seulement dans tout le Centre, l’Est et le Sud-est de Madagascar, mais encore en Afrique tropicale et au Cap.

Toute la plante contient un suc brûlant et vénéneux et les animaux ne la consomment jamais.

Elle est très utilisée en médecine populaire :
La poudre des feuilles est prisée, pour combattre les maux de tête.
Les feuilles fraîches pilées servent de vésicatoire et sont appliquées sous forme d’emplâtre, dans le traitement de la gale et des maladies de la peau.
On l’a même utilisée en Europe, surtout en Italie, où certains spécialistes préconisaient l’emploi de l’extrait alcoolique de la plante, dans le traitement des sciatiques rebelles.

PLANTES VOISINES

La clématite à feuilles disséquées, Clematis mauritiana (Ranunculaceae), (Fig. 1) est assez commune dans le Centre de Madagascar, car elle résiste bien aux incendies de prairies. Mais alors qu’elle constitue une liane nettement ligneuse au milieu des rochers humides protégés des feux, c’est au contraire une plante herbacée à tiges annuelles dans les prairies régulièrement incendiées. Cette curieuse transformation qui n’est d’ailleurs pas héréditaire, prouve combien certains types biologiques sont élastiques. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu son nom vernaculaire : odiandoha.

Caractéristiques de la clématite à feuilles disséquées :

La forme de ses feuilles peut également beaucoup varier :
– Tantôt, elles comportent trois folioles plus ou moins divisées.
– Tantôt, elles sont extrêmement disséquées et réduites à de fins éléments ne comportant guère qu’une nervure.
– Les fleurs sont grandes, d’un blanc crème, composées de 4 sépales opposés deux à deux, d’un grand nombre d’étamines et de nombreux carpelles pourvus d’ornements.
– Chaque carpelle se transforme en un grand ornement plumeux.
– L’ensemble des fruits est assez décoratif.

Clematis mauritiana

La clématite trifide, Clematis trifida, (Fig. 2) : Les Malgaches connaissent cette plante sous le nom de farimaty, fotsivolomanokana ou Fanoroboka. Ce dernier est une allusion à l’usage qu’on en faisait dans la préparation des prétendus remèdes contre la lèpre : le suc de la plante très vésicant était appliqué sur la peau pour provoquer une desquamation rapide et faire disparaître, au moins temporairement, les symptômes de la maladie. Le malade échappait ainsi au dépistage.

II existe plusieurs autres espèces de clématites à Madagascar.

Ces plantes appartiennent à la famille des Renonculacées qui est caractérisée par ses fleurs à pièces florales libres, nettement séparées, en nombre indéfini, insérées sur un réceptacle suivant une spirale continue.

Elles sont à rapprocher de la renoncule de France ou bouton d’or et de la clématite vigne-blanche ou de l’anémone.

Le nénuphar étoilé, Nymphaea stellata (Nymphaeaceae), couvre souvent les étangs et les lacs de ses belles fleurs, dont le coloris peut varier du blanc presque pur au bleu ou au violet.

Nymphaea stellata

C’est un proche parent des nénuphars de France et il appartient comme eux à la petite famille des Nymphéacées qui ne compte que des plantes aquatiques.

Une particularité intéressante de sa fleur est le grand nombre de formes de transition qu’elle offre entre ses diverses pièces typiques : passage insensible des sépales verts aux pétales plus ou moins colorés, puis du pétale de plus en plus étroit et portant souvent une ou 2 loges d’anthère, dépourvues de pollen, à l’étamine proprement dite.

Les Malgaches connaissent la plante, suivant les régions, sous les noms de tatamo, voalefoka, voahirana, betsimihilana, tsiazondia :
Ils en consomment souvent les tubercules et les fruits.
Ils utilisent ses propriétés calmantes et émollientes.
Les feuilles sont aussi souvent utilisées, comme aliment pour le bétail.

Nymphaea stellata

Introduction : La récolte des échantillons à Madagascar

La récolte des échantillons botaniques à Madagascar
Pierre BOITEAU

Dans chaque région de Madagascar aussi ravagée qu’elle ait pu être par les feux de brousse, les tavy ou les exploitations forestières abusives, il existe des lambeaux plus ou moins importants de végétation intacte : près des marais, dans les creux protégés des rochers, sur les pentes escarpées. Ce sont ces petites formations qui sont particulièrement intéressantes, à prospecter.

Pour les plantes supérieures, on doit s’efforcer de récolter des échantillons aussi complets que possible, c’est-à-dire présentant des feuilles, des fleurs, des fruits, la partie souterraine de la plante si elle comporte : un bulbe, un tubercule, un rhizome ou des racines renflées. La traditionnelle boîte verte n’est pas du tout recommandable ici. II est beaucoup mieux d’avoir une petite presse de récolte, légère, constituée par deux toiles métalliques, tendues sur des cadres de fer et serrées par des courroies de cuir, que l’on remplit au préalable de feuilles de papier de journal, avec quelques pages de buvard pour les plantes particulièrement délicates.

Les plantes sont placées entre ces feuilles, au fur et à mesure de leur récolte et serrées modérément. Chaque échantillon est accompagné d’une étiquette, sur laquelle on notera : le nom du collecteur, le n° de récolte, la date, la localité exacte, l’habitat (forêt, prairie, etc.), le port de la plante (arbre, arbuste, liane, sous-arbrisseau, plante suffrutescente ou herbe), sa taille approximative, la couleur des organes qui sont susceptibles de se décolorer (fleurs), le nom indigène, les utilités qui peuvent être connues de la plante.

Certaines plantes grasses continuent à vivre en presse, pendant des semaines, voir des mois. Il est indispensable pour les bien préparer de les tuer au préalable, en les faisant tremper 24 heures dans une solution d’alcool ou de formol à 5 %. On les met ensuite en presse, comme les plantes ordinaires. On peut les tuer aussi, en les trempant rapidement dans l’eau bouillante.

Pour les Orchidées, il est bon de noter la forme des pseudo-bulbes, lorsqu’elles en présentent, car cette forme peut être impossible à reconnaître en herbier.

Un croquis rapide de certaines fleurs peut rendre de grands services pour les travaux ultérieurs.

Les palmiers de la Grande-Île sont encore mal connus. Cela est dû à ce que les échantillons envoyés sont rarement complets. Ils doivent comprendre : une inflorescence mâle et une inflorescence femelle, la base, le milieu et le sommet d’une feuille, les fruits, une gaine foliaire non encore ouverte, prélevée tout près du bourgeon terminal.

Les fougères devront comprendre des fructifications ou des frondes fertiles, quand celles-ci sont différenciées. Pour les fougères arborescentes, il convient de récolter aussi les écailles de la base des frondes qui sont indispensables pour certaines déterminations.

Les champignons peuvent faire l’objet de récoltes extrêmement intéressantes, dans toutes les régions, aussi bien les espèces à fructifications facilement visibles à l’œil nu, que celles qui parasitent les plantes sauvages et ne se présentent alors que sous forme de petites taches sur les organes de ces végétaux.

Certains champignons ligneux se conservent facilement après séchage, mais la plupart des espèces se décomposent facilement et doivent être de préférence, placées dans des flacons, dans un liquide préservateur, alcool ou eau formolée. Chaque récolte devra être accompagnée d’une fiche descriptive comprenant un croquis de la plante et les indications suivantes : nom du collecteur, n° de récolte, date, localité, habitat, mode de groupement : isolé, en touffes ou en groupes ; les dimensions du chapeau et sa forme, les caractères de sa cuticule : séparable ou non, sèche ou visqueuse, glabre, farineuse, veloutée, soyeuse, fibrineuse ou squameuse, brillante ou mate ; les couleurs des diverses parties ; les caractères, les dimensions, la forme du stipe et s’il se sépare ou non du chapeau; la présence ou l’absence d’anneau et de volve ; les caractères de l’hyménium : lamelles, tubes, pointes, etc. ; consistance, couleur et odeur de la chair, présence ou absence de lait.

Pour chaque espèce, un chapeau pourra être déposé sur une feuille de papier et l’on récoltera quelques heures après les spores, dont on notera la couleur.

Les algues sont lavées à l’eau, dès leur récolte. On les étale alors à la surface de l’eau, puis on glisse en dessous une feuille de carton, qu’on laisse remonter bien d’aplomb, pour que l’algue s’y étale convenablement. Les cartons, portant les algues, sont recouverts de tissus de la même dimension et l’on met le tout en presse, en intercalant entre deux échantillons ainsi préparés un petit matelas de papier buvard. Lorsque l’échantillon est bien sec, l’algue adhère parfaitement au carton et le tissu se détache de lui-même. Ainsi préparées, les floridées ou fleurs de mer, conservent leurs superbes couleurs.

La récolte des espèces microscopiques serait évidemment intéressante, mais elle exige des techniques assez compliquées et un matériel plus important.

Enfin, les lichens qui comptent encore de nombreuses formes inconnues à Madagascar se conservent à sec, comme les échantillons des plantes supérieures ou dans de petites pochettes.

Cours élémentaires de botanique : présentation

Cours élémentaires de botanique appliqués à Madagascar et débutés à Tananarive, en octobre 1938 par Pierre BOITEAU

Cours de Pierre BOITEAU
Ingénieur Horticole
Ingénieur d’Agronomie Coloniale
Correspondant du Muséum National d’Histoire Naturelle
Membre de l’Académie Malgache

Ce cours a été réactualisé au niveau des noms botaniques en 2002 par sa fille, Lucile ALLORGE-BOITEAU, docteur ès-Sciences, attachée au Muséum d’histoire naturelle de Paris
La mise en page a été effectuée par sa fille, Suzanne MOLLET-BOITEAU.

Le reste du texte a été laissé en l’état et est le reflet de l’époque coloniale, avec des mentions comme « la Colonie » pour parler de Madagascar et « des indigènes » pour parler des Malgaches.


Introduction

« À Dieu ne plaise que nous soyons assez insensés pour vouloir y rassembler tous les ouvrages de la Nature, plus profonde et plus vaste que l’Océan. L’homme le plus actif, dans le cours de sa vie la plus longue, n’en peut entrevoir que les principaux rivages ; mais ses études élémentaires doivent au moins en embrasser l’ensemble. »
Bernardin de SAINT-PIERRE.

 

Le voyageur européen qui débarque, pour la première fois, sur les côtes de notre Grande-Île, en quelque point que ce soit, y est forcément surpris par la variété de sa végétation ou son aspect étrange. Tout voyageur porte généralement en lui un observateur. Celui qui ne voit rien, peut évidemment contempler longtemps la même chose et éprouve peu souvent le besoin de se déplacer ou il s’en lasse bien vite.

Parmi les premiers renseignements que demandera notre arrivant, figureront sans doute les noms de ces végétaux inconnus. Or, neuf fois sur dix, il lui sera répondu évasivement. À peine, de temps à autre, aura-t-il l’occasion de noter un nom créole ou celui d’une plante utilitaire. De là, sciemment ou non, un curieux sentiment de vide et de malaise dû à un défaut impondérable de précision qui vous force à vous en tenir à ces termes si vagues : un arbre, une plante, une herbe, alors que vous auriez dit en France : « Le tilleul, le chèvrefeuille ou le pissenlit »

Pour le botaniste, c’est encore plus terrible ! Songez à la définition, un tant soit peu péjorative, qu’en a donné Alphonse KARR : « Le Botaniste est un Monsieur qui vient dans nos bois, dans nos prairies, cueille nos plus belles fleurs, les fait sécher entre deux feuilles de papier buvard où elles perdent leurs brillantes couleurs et ensuite… il les insulte en latin ! » Je vous laisse à penser quel est le désarroi de notre malheureux botaniste. Il peut encore certes, récolter ses fleurs et les faire sécher, mais pour ce qui est de les insulter en latin, il n’y a plus rien à faire, le vocabulaire lui manque.

En France, l’amateur de plantes, même s’il débute, est généralement guidé par un maître. Il apprend vite le nom des plantes les plus répandues, puis armé de son bon gros « BONNIER », il va se lancer dans des déterminations de plus en plus délicates. Il a d’autre part à sa portée des moyens de transport faciles et rapides qui l’amènent presque à pied d’œuvre, même s’il veut faire connaissance avec la flore alpine.

Ici, il en va tout autrement. Le naturaliste doit faire de longs et pénibles efforts physiques pour prendre contact avec les formations si diverses de la Grande-Île.

Une fois son matériel récolté, il lui faudra de patientes recherches dans une foule de livres techniques rédigés dans les langues les plus diverses, pour découvrir enfin les diagnoses cherchées. Puis, il devra établir la comparaison de ces descriptions entre elles et avec les échantillons récoltés. Et encore, tous ces travaux restent souvent stériles. Pour noter avec certitude le nom exact à consigner sur l’étiquette, il faut confronter l’échantillon lui-même avec son type conservé pieusement dans un lointain Musée européen. Nous sommes loin de la boite verte et du gros BONNIER.
La Flore malgache est aussi bien plus variée que celle de France. Notre île compte près de 12.000 espèces, rien que pour celles à fleurs. Les plantes sans fleur y sont au moins aussi nombreuses, la plupart sont d’ailleurs encore inconnues. Si l’on observe qu’une même plante, souvent envoyée à des spécialistes divers (suivant la nationalité du collecteur), a reçu plusieurs noms (parfois jusqu’à 10 et davantage) on peut avoir une idée de la complexité de ces recherches.

Bien peu d’hommes peuvent se vanter de connaître la Flore malgache et je m’empresse de dire que je suis loin d’avoir cette prétention. Il faut toute une existence passée à l’étudier pour pouvoir affirmer qu’on commence à la connaître.

Aussi, ma seule ambition actuelle est-elle de servir en quelque sorte d’interprète, entre les érudits spécialistes de notre Flore ou le plus souvent de quelques-unes de ses familles et les observateurs, les esprits curieux qui sans vouloir « insulter les plantes en latin » sont néanmoins désireux de parler une langue nuancée et vivante.

Comme je l’ai laissé entendre jusqu’ici, la Botanique est essentiellement une science d’observation. Aussi, on conçoit bien mal que des enfants qui n’ont sous les yeux que des exemples de plantes françaises dessinés sur un livre, aussi bien illustré soit-il, soient capables d’apprendre durablement des rudiments de sciences naturelles. La plupart du temps, ce cours n’est pour eux qu’un exercice mnémonique qui trouverait mieux sa place dans d’autres branches de l’enseignement. Les plus favorisés d’entre eux, lorsqu’ils iront en France auront généralement oublié les noms des plantes qu’ils ont appris et leurs caractères et en tout cas seront bien incapables de reconnaître, dans telle fleur splendide, un vilain petit dessin qui d’après leur professeur portait le même nom.

Quant à nos jeunes Malgaches, comment apprendraient-ils à aimer les fleurs de leurs prairies et les arbres de leurs forêts, alors qu’on ne leur en parle jamais. Ils en ont pourtant bien besoin pour surmonter leur instinct atavique de l’incendie et les erreurs de leurs ancêtres qui ont ruiné d’immenses étendues de leur beau pays.

Il est donc devenu indispensable à mon sens, pour tous ceux auxquels incombe la responsabilité de la formation des générations qui viennent, d’acquérir un minimum de connaissance des choses de la Nature malgache. Beaucoup en ont déjà formulé le désir et c’est pour les aider dans cette entreprise que j’ai réalisé cet essai dans la mesure de mes moyens.

Vidéo : Interview du Dr. Philippe Rasoanaivo

Cette vidéo présente une interview du Dr. Philippe Rasoanaivo, scientifique malgache, par Lucile Allorge à propos de son travail avec Pierre Boiteau. Elle fut enregistrée à l’Institut Malgache de Recherches Appliquées le 26 mai 2012 :

Lien direct vers le fichier au format webm : Interview_de_Philippe_Rasoanaivo.webm (87,1 Mo)

Le Dr. Philippe Rasoanaivo est décédé le 13 juillet 2016. Retrouvez un article à sa mémoire sur le site du journal l’Express de Madagascar. (copie locale)

Vidéo : Travail à l’herbier de Guyane

Cette vidéo présente le travail de Jean-Jacques de Granville et de Lucile Allorge à l’herbier de Guyane situé à Cayenne :

Lien direct vers le fichier au format webm : Travail à l’herbier de Cayenne (189 Mo)

Retrouvez ici la Flore des trois Guyanes, Apocynaceae par Lucile Allorge.

Texte d’accompagnement

Lucile Allorge se rend à l’herbier de Guyane situé à Cayenne. Elle a rendez-vous avec son collègue Jean-Jacques de Granville pour participer à l’identification des herbiers. Des compacteurs permettent de stoker sur une petite surface une grande quantité d’échantillons botaniques. Il s’agit d’armoires sur roulettes dans lesquelles on classe les herbiers par famille puis par genre. Les champignons et les lichens sont rangés à part dans des sachets papier et conservés dans des boites identifiées.

Il y a actuellement 300 000 plantes à fleur connues dans le monde et donc une classification des végétaux est nécessaire (arbre phylogénique). Elle s’est faite principalement par la morphologie, c’est-à-dire sur les caractères observables à l’œil nu (étude à la loupe d’une plante). Chaque plante a été nommée par un nom double équivalent au nom et au prénom. Dans une famille de plantes telle que les légumineuses, tout le monde peut observer la ressemblance des fruits de l’arbre de Judée et du petit pois ou des fleurs de la Pervenche et du Frangipanier, c’est pourquoi on les classe dans la même famille. Le genre sert à classer des espèces qui partagent encore plus de caractères. Du temps des Grecs les plantes étaient classées selon leur port : arbre, arbuste, liane ou herbe. On s’est rendu compte que ce classement ne fonctionnait pas correctement car on séparait des plantes proches par leur fleur et leur fruit.

Lucile et Jean-Jacques passent en revue des herbiers pour en vérifier l’identification. Chaque plante séchée est analysée en détail puis comparée à des livres de référence et aux informations notées dans les carnets de récolte. Lors de la collecte des plantes dans la nature, des échantillons sont prélevés et mis à sécher entre deux feuilles de papier journal. Dans les pays humides comme la Guyane, un four peut-être utilisé pour accélérer le séchage et s’assurer que les plantes ne sont pas abîmées par des moisissures.

La plante est alors collée sur une feuille de papier blanc avec de petites bandes collantes ou à la colle thermo-fusible de façon à pouvoir les détacher en cas de nécessité. Une étiquette est ajoutée qui précise le lieu et la date de récolte ainsi que le nom de l’espèce à laquelle la plante appartient. Identifier le nom d’une plante s’appelle une détermination. Seule une longue expérience permet de pratiquer cette activité.